Le quartier Mercier–Hochelaga–Maisonneuve souhaite que le ministère des Transports du Québec (MTQ) lui cède le terrain où est établi un camp de sans-abri à Montréal.
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Au lendemain du reportage lié au vaste campement de sans-abri de la rue Notre-Dame Est, qui s’apparente à un « terminus de pauvreté » selon les citoyens, TVA Nouvelles apprend que l’arrondissement souhaite obtenir le terrain.
C’est l’un des scénarios que le maire du district, Pierre Lessard-Blais, souhaite aborder avec le ministère propriétaire de la bande de terrain sur laquelle se trouvent environ 70 camps.
TVA Nouvelles a obtenu une lettre que le maire Lessard-Blais a envoyée la semaine dernière à la ministre des Transports et de la Mobilité durable, Geneviève Guilbault, dans laquelle il réclame une solution le plus rapidement possible.
Il rappelle les détails d’une ancienne entente datée du 10 juin 1985 entre l’ancien maire de Montréal, Jean Drapeau, et Québec qui visait la construction, par le ministère, d’un nouveau « boulevard urbain » entre Papineau et Cadillac.
En contrepartie, la Ville de Montréal s’engageait notamment à « assumer, à ses frais, le maintien de la zone verte entre l’actuelle rue Notre-Dame et la zone tampon entre les rues Fullum et Vimont, jusqu’au moment de la construction du tronçon du boulevard Ville-Marie entre lesdites rues.
Près de 40 ans plus tard, aucune construction n’a eu lieu et ce projet a été totalement abandonné.
« Cet accord est donc sans aucun doute obsolète. Or, la Ville de Montréal entretient votre terrain depuis 39 ans (à ses frais, sans aucune contribution du ministère), sans avoir reçu aucune compensation», explique M. Lessard-Blais.
« Charge de travail excessive »
Il ajoute que la situation va bien au-delà des conditions envisagées dans cet accord depuis plusieurs années. Actuellement, les ressources nécessaires à l’entretien des terrains du MTQ dépassent les capacités de l’arrondissement.
« La présence de personnes en situation d’itinérance, la circulation importante sur une piste cyclable sur votre terrain, la présence adjacente d’un bâtiment abandonné vous appartenant, le déneigement, l’entretien des infrastructures ainsi que la collecte de quantités importantes de déchets imposent une charge de travail disproportionnée à nos employés », a indiqué M. Lessard-Blais.
Selon le maire de l’arrondissement, il faudrait au moins 3 500 heures par année pour rendre le terrain acceptable, soit au même niveau de propreté et de sécurité qu’un parc municipal. Cela représente un montant de plusieurs centaines de milliers de dollars par année, supporté par les contribuables.
Ces évaluations excluent les travaux nécessaires pour accompagner les personnes en situation d’itinérance vers des ressources adaptées et leur offrir un hébergement digne et sûr.
Le maire Lessard-Blais a demandé une rencontre avec la ministre Guilbault en proposant trois scénarios :
- Le Ministère peut transférer la propriété du terrain à la Ville et à ce titre, nous assumerons l’entière responsabilité de son entretien comme tout autre parc municipal ;
- Le Ministère peut mettre à jour l’entente avec une formule de compensation financière représentative des heures de travail des employés municipaux de ses terrains, mise à jour annuellement pour refléter les besoins réels ;
- Le Ministère peut prendre en charge l’entretien de son terrain.
Le ministre des Services sociaux, Lionel Carmant, a confirmé que la Ville de Montréal avait contacté le ministère des Transports jeudi.
« S’ils s’en occupent, je pense qu’ils leur céderont le terrain. Je pense qu’on est dans la bonne direction, il fallait que la discussion s’amorce», a réagi M. Carmant, en entrevue à LCN en après-midi.