Carte blanche | Fête des mères – .

Carte blanche | Fête des mères – .
Carte blanche | Fête des mères – .

Avec leur plume unique et leur sensibilité propre, les artistes nous présentent leur vision du monde qui nous entoure. Cette semaine, on donne carte blanche à la comédienne Mariana Mazza.


Publié à 2h22

Mis à jour à 9h00

Mariana Mazza

Collaboration spéciale

Aujourd’hui, c’est la fête des mères.
La célébration des femmes qui ont sorti un humain de leur corps.
Un humain qui a incubé pendant neuf mois.
Les dames qui ont eu un chagrin d’amour. Vomis.
J’ai mangé des choses bizarre.
Je suis devenu des monstres hormonaux.
Qui ont pris beaucoup de poids.
J’en ai perdu.
J’ai adoré être le vaisseau spécial de quelqu’un, encore inconnu.
Ils détestaient avoir leurs organes compressés par un haricot germé qui prendrait beaucoup de place.
Ceux qui devaient rester au lit. Depuis le début.

C’est la fête des dames qui criaient.
Déchiré.
Cria.
Pleurer.
Haleine.
Pleurer.
Amour.
Fort.
Trop fort.

C’est la célébration des femmes qui ont créé un être humain.
Qui a été créé par amour.
Par désir.
Par passion.
Parfois par malchance.
Parfois par erreur.
Parfois par obligation.
Parfois dans des conditions épouvantables.
Un amour mal maîtrisé.

Nous célébrons la femme qui a accepté de garder en elle quelque chose qui deviendrait son tout.
Son univers.
Sa raison de vivre.
Son obsession.
Son oxygène.

Il y a ceux qui sont là depuis quelques jours.
Quelques semaines.
Quelques mois.
Quelques heures.
Ils l’auront tenu dans leurs bras.
Juste un petit peu.
Après, il partira.
Il va se rendormir.
Un long moment.

Même si leur statut aura été éphémère, ils le resteront.
Même s’ils n’ont jamais vu le miracle percer leurs corps ouverts et fragiles.
Même si le miracle est parti trop vite.
Même si tout.

Nous offrons des fleurs à ceux qui ont choisi de se multiplier.
Séparé d’eux-mêmes. Qui a accepté que les choses changent.
Ils n’auront jamais à dormir.
Nous célébrons un humain qui ne sera plus jamais sa propre priorité.
Ce sera quelqu’un d’autre qui occupera ses pensées. Toujours. Pour la vie.

C’est la célébration de ceux qui ont eu la chance de pouvoir changer de statut social.
Pour certains, c’était facile.
Ils se sont appelés « Maman » neuf mois après avoir essayé une fois. Œil de bœuf.
Un coup de feu.
Un peu chaud, Barry White jouant en fond sonore. Ouf bam. Le lendemain, bonjour, j’arrive, maman. Pour d’autres, cela a pris plus de temps.
Des mois, des années.
Une crevaison.
Injections chaque semaine.
Des rencontres sans fin.
Des querelles de couple récurrentes.
Une séparation imminente.
Ils ont prié l’homme qui vit dans les nuages. Pleurs. En perdant espoir.
Et un miracle. Quand ils se lâchent, en vacances, sous la douche. Sur le canapé.
Dans les toilettes du snack minable.
Un miracle.

Il y a des mères qui hanteront leur mère.
Qui les priera.
Pleurez-les.
Regrettez-les.
Les mères de nos mères.

Et il y a les autres. Celles qui ne pourront jamais s’appeler maman.
Petite maman amour. Maman. Maman. Maman.
Ceux qui seront éternellement envieux de la chance des autres.
Qui se frapperont sur la tête en répétant que leur corps est trop faible pour porter la vie.
Qui pleurera en secret. Ou non.
Qui ne vivra jamais son rêve. Ils le reverront. Toujours.

Il y a des mères qui vont le regretter.
Ils n’en voudront plus.
J’abandonnerai. Abandonnez-le. Quittez le jeu. Ne jamais regarder en arrière.
Par peur. Par dégoût. Par maladie.

Ou des vices.
Ce sera viscéral.
Ces vices sont trop forts pour pouvoir revenir en arrière.
Ceux qui le laisseront devant une porte.
Dans la rue. Ailleurs qu’avec eux.
Ceux qui n’auront jamais les outils pour essayer. Une toute dernière fois.

Aujourd’hui est le jour de l’année où l’on dit je t’aime et merci à toutes les mamans.

Et il y a les autres mères. Celles qui n’ont jamais accouché.

Il y a des mères qui ne veulent pas supporter la vie.
Ils voudront prendre soin de la vie portée par un autre. Sans avoir à le sortir de leurs tripes.

Mères de chiens.
J’entends les soupirs. Je m’en fiche.
Mères de chats.
D’oiseau.
D’un cochon domestique.
De poisson.

Cela ne les empêchera pas d’aimer avec leurs tripes.
Aimer comme une mère, sans porter le fruit d’un désir.

À vous tous.
Mères adoptives.
Mères spirituelles.
Consciences divines.
A toutes les marraines.
Les tantes.
Les cousins.
Les sœurs.
Filles.
Les gardes.
Les voisins.
Anges.
Grands-mères.
Belle-mère.
Les mères.

Bonne fête des mères.
Bon anniversaire maman.

P.-S. : Il y a aussi des pères. Mais comment dire… ce n’est pas ton jour.

Qui est Mariana Mazza?

Née à Montréal-Nord en 1990, Mariana Mazza est comédienne, actrice et auteure. Dans l’humour, elle a notamment remporté l’Olivier de l’année en 2017 et 2022. Régulièrement invitée à la télévision (La tour, bonne soirée, Mdr : qui rira le dernier ?) en plus de jouer régulièrement en série (L’arène), on l’a également vue sur grand écran, notamment dans Ligne de fuite. Elle a publié le roman en 2022 Montréal-Nord, qui s’inspire de l’enfance de la femme née d’une mère libanaise et d’un père uruguayen. Elle vient de terminer la tournée de son deuxième spectacle solo, Impoli – Pardonne-moi si je t’aime.

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