(Québec) Le gouvernement Legault pourrait retirer pas moins de 1,5 million de rendez-vous médicaux aux personnes qui ont un médecin de famille pour les redistribuer à ceux qui n’en ont pas.
Patrice Bergeron
La Presse Canadienne
C’est l’une des options proposées par l’Institut national d’excellence en santé et en services sociaux (INESSS), dans une étude sur la première ligne rendue publique cette semaine.
Ce faisant, seules les personnes les plus vulnérables et ayant des problèmes de santé seraient assignées à un médecin de famille, au détriment des personnes en bonne santé.
Rappelons qu’à l’origine, la Coalition Avenir Québec (CAQ) avait promis l’accès à un médecin de famille pour chaque patient.
Lors de la période de questions de jeudi, le ministre de la Santé, Christian Dubé, a évoqué de nouveaux « critères de vulnérabilité » aux soins qui ont été définis par l’INESSS.
« Les médecins nous ont demandé de revoir les critères de vulnérabilité des patients. Cela ne se fait pas comme ça, en criant aux ciseaux », a-t-il déclaré.
Nous allons présenter cette liste de nouveaux critères, par ma collègue (la présidente du Conseil du Trésor, Sonia LeBel), qui négocie avec les médecins, et nous pourrons trouver des solutions pour que les médecins […] sont obligés d’accueillir des patients vulnérables.
Christian Dubé, ministre de la Santé
Ces scénarios s’inscrivent dans le cadre des négociations visant le renouvellement de l’entente avec la Fédération des médecins omnipraticiens (FMOQ).
Actuellement, 2,1 millions de personnes ne sont pas inscrites auprès d’un médecin de famille (MDF), indique l’étude.
« Les personnes inscrites auprès d’un MDF consultent en moyenne entre 2 et 6 fois plus de cliniques que les personnes non inscrites, selon leur profil de santé. À l’inverse, les personnes non inscrites auprès d’un médecin de famille consultent plus souvent les urgences, notamment pour des problèmes non urgents. »
Pour l’année 2022-2023, 4,9 millions de personnes considérées comme saines ont représenté 7,1 millions de visites effectuées, sur un total de 17,6 millions de consultations cliniques auprès de médecins, d’infirmières praticiennes spécialisées (IPS) ou d’URGENCES.
Les personnes en bonne santé inscrites chez un médecin perdraient 640 000 rendez-vous et celles non inscrites en gagneraient 780 000.
Deuxième catégorie, parmi les personnes atteintes de maladies chroniques mineures, qui représentent 1,4 million de visites : les personnes inscrites perdraient 170 000 rendez-vous et les non inscrites en gagneraient 90 000.
Troisième catégorie, les personnes souffrant de pathologies modérées, qui représentent 5,5 millions de visites. Les inscrits perdraient 570 000 visites, les non inscrits en gagneraient 340 000.
Enfin, les patients confrontés à des maladies graves : les personnes inscrites perdraient 140 000 rendez-vous, tandis que les non inscrites en gagneraient 330 000.
Ainsi, la redistribution des nominations des inscrits vers les non inscrits s’élèverait à 1,5 million.