Au Printemps de Bourges, le retour de Josman au bercail

A 31 ans, le rappeur s’est produit samedi en star, et en enfant du pays, au Printemps de Bourges, sous un chapiteau surchauffé.

Josman sur scène au W, samedi 27 avril 2024 au Printemps de Bourges. Photo Jean-Adrien Morandeau

Par Sophie Jeanneteau

Publié le 29 avril 2024 à 10h02

Mis à jour le 29 avril 2024 à 11h29

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SSamedi, c’était une deuxième soirée rap au Printemps de Bourges, animée par les figures les plus populaires du moment : SDM, Niska et Josman, presque natif du pays, en tête d’affiche. Car c’est à Vierzon, petite ville du Cher située à une quarantaine de kilomètres de Bourges, que le rappeur a grandi, avant de s’installer à Aubervilliers, en banlieue parisienne. Il s’en souviendra d’ailleurs à plusieurs reprises, comme pour renouer avec ses racines.

Mais un concert en forme de « retourner au bercail, à la maison » ne vous empêche pas d’être en retard. Il faudra vingt minutes de patience supplémentaires pour apprécier ce dernier spectacle, sous un chapiteau qui commence à prendre l’eau après deux jours d’averses intenses dans la ville. A l’intérieur, une mer de téléphones se tourne vers l’étoile. La soirée est le lieu de rendez-vous privilégié des adolescents cherchois. Autant de filles que de garçons sont présentes, beaucoup sont venues en couple.

L’ambiance est joyeuse après la visite de Niska. Le Parisien, showman expérimenté, a surchauffé le public avec débit vocal surhumain, sa gestuelle impeccable et une scénographie spectaculaire. Difficile donc de succéder au roi de la trap, à sa basse lourde, sa diction rapide et son énergie débordante. Josman joue dans un registre beaucoup plus mélodieux, calme et fluide. Et si le concert est bon, cela dégrade forcément l’ambiance. Il aurait peut-être été judicieux d’inverser leurs horaires. Mais Josman est désormais la star du moment. Aux Flammes, deux jours plus tôt, il avait reçu le prix de la chanson R&B de l’année.

Un écran géant diffuse le paysage apocalyptique du clip AhGars !, une pièce empreinte de pessimisme qui témoigne du « ras-le-bol cérébral » de l’artiste face à la dureté de la vie et à la violence quotidienne, thèmes récurrents dans son œuvre. Sur scène, il évolue entre un tas de décombres et une épave de voiture rouillée, devant une façade d’immeuble décrépite. Vêtu tout de noir, un pantalon orné de chaînes qui descendent jusqu’aux genoux et un chapeau duveteux descendu jusqu’à ses lunettes, « $ » dégage un certain mystère. Au fil des projets s’est créé un univers atypique qui oscille entre rap, pop et emprunte parfois à d’autres styles plus électroniques. Une errance assumée. Privilégiant la qualité de sa musique plutôt que l’extravagance, il raconte son parcours, explore ses émotions et livre ses réflexions quelque peu misanthropes sur la vie. Il semble s’être nourri d’une certaine haine de la société. Mais il déclare volontiers son amour pour la gent féminine et les substances psychoactives.

Un gars normal qui fait de la bonne musique

Rappeur de niche, Josman a connu le succès en 2016 avec un morceau introspectif, Dans le vide. Il a raconté ses envies, ses erreurs et ses angoisses. Il est également devenu maître dans l’art des placements, un adepte doué des rimes multisyllabiques (cette technique populaire dans le rap, qui consiste à faire rimer plusieurs voyelles au sein d’une même phrase). Son phrasé, son intonation unique – il accentue fortement les mots – l’ont autant distingué que les productions signées du fidèle Eazy Dew.

Ce soir, il alterne ses premiers tubes (J’aime ça !, Un Zder Un Thé, XS) et le dernier né (Ailleurs, 50k€, Les Flammes), qui raconte la trajectoire de son ascension. A 31 ans, Josman a lentement mais sûrement accédé au monde ultra-compétitif du rap français. À ses débuts, dans les années 2010, il faisait des tournées de battles de rap et de micros ouverts sous le nom de Jeezy Baby. En 2013, il devient le plus jeune artiste à remporter le End Of The Weak, un prestigieux concours d’improvisation. Mais les distinctions ne te font pas vivre, alors c’est un moment vendeur chez Footlocker. Fort de son succès, il est aujourd’hui le premier artiste français à collaborer avec la marque de basket Jordan, de Nike.

Ce nouveau quotidien, bouleversé par le succès et l’argent, est au cœur de son dernier album, J000$. ” Ce soir, c’est moi la tête d’affiche, c’est impossible de me montrer / Envoie le kich’, mets encore des zéros sur mon dossier / Remplace mes problèmes de pauvres par des problèmes de riches » (Les problèmes de Rich, 2023). Souvent décrit comme un « gars normal » qui fait de la bonne musique, Josman donne parfois l’impression de se méfier de sa réussite. En 2024, a-t-il déclaré, il prend une véritable pause d’enregistrement, une pause nécessaire qui ne l’empêchera cependant pas de parcourir la cet été, avec une tournée des grands festivals.

Josman en tournée : le 9 mai au Insane Festival (Apt), le 1er maieuh Juin à We Love Green (Paris), 15 juin aux Nuits de Fourvière (), 30 juin à Garorock (Marmande), 4 juillet à Beauregard (Hérouville Saint-Clair), 5 juillet à Mainsquare (Arras)…

 
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