Un Bruxellois a établi le record de vitesse en 1898 avec une voiture électrique, avant de mourir bêtement

Un Bruxellois a établi le record de vitesse en 1898 avec une voiture électrique, avant de mourir bêtement
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Au nom du Père

Mais Camille Jenatzy doit en partie son destin florissant à son père Constantin. Il lance la première usine de caoutchouc en Belgique. L’entreprise est basée à Bruxelles, et plus précisément à Schaerbeek. Initialement spécialisée dans la fabrication d’articles imperméables (housses, vêtements, lunettes…), l’entreprise profite du boom automobile pour se concentrer sur la fabrication de pneus. Les propriétaires de voitures, de vélos ou de motos se ruent alors vers Jenatzy, qui devient une enseigne leader en la matière. Constantin n’est pas seulement un designer hors pair, c’est un fin commerçant et il participe également activement à la vie politique de sa commune, en tant que conseiller communal schaerbeekois.

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Grâce aux facilités financières (et politiques) de son père, Camille Jenatzy accède plus facilement à une carrière d’ingénieur. Il étudie l’électromagnétique à Liège, puis se rend à Paris où il crée, en 1898, la Compagnie Générale des Transports Automobiles-système Jenatzy (CGTA). A cette époque, un concours est lancé dans la capitale française pour tester les différents véhicules automobiles capables de remplacer les cabines.

Les débuts de la voiture électrique

Camille Jenatzy va alors se distinguer avec une série de brevets et créer les premiers… taxis électriques à Paris. Il s’agit de calèches motorisées mises en service en septembre 1898.

Une publicité pour les véhicules électriques lancée à Paris par Jenatzy ©Google Images

Mais comment l’histoire a-t-elle pu oublier un tel pionnier dans ce domaine ? L’explication réside sans doute dans les progrès technologiques rapides de l’époque. En effet, le véhicule électrique conçu par Jenatzy a une faible autonomie (90km au maximum), est très lourd et bruyant. En l’espace d’à peine deux mois, son innovation a déjà été dépassée par un constructeur parisien rival, dont l’autonomie est passée à 180km, soit le double…

Camille Jenatzy, bâtisseur dans l’âme, décide alors de se tourner vers la course automobile. Il y connaît également une ascension fulgurante, grâce à son véhicule électrique. Il participe à des courses de courte distance et empoche sa première victoire à Chanteloup (au nord-ouest de Paris) en 1898. Sur une pente raide de 7° de moyenne et sur une distance de 1800 mètres, Jenatzy écrase la concurrence et les voitures derrière lui. huile.

Mais un rival sérieux arrive alors pour venir concurrencer le Belge. C’est un Français, le comte Gaston de Chasseloup-Laubat, qui roule pour le carrossier Charles Jeantaud, spécialisé dans les véhicules électriques et concurrent de Jenatzy. Chaque mois, une course est organisée pour établir un record de vitesse. Finalement, le 29 avril 1899, Jenatzy remporte la 5e épreuve à Achères, en , et établit un record du monde de vitesse en dépassant la barre symbolique des 100 km/h. Son compteur de vitesse affiche même plus de 105km/h.

Jenatzy sur « La Jamais Contente » lors de son record du monde ©Google Images

“Les Jamais Heureux”

Outre les talents intrinsèques du pilote Jenatzy, c’est la voiture qu’il a conçue spécialement pour cet exploit qu’il faut souligner. Le véhicule est assez unique, en forme d’ogive ou de cigare. Malgré le poids important des batteries électriques (plus de la moitié du poids total de 750 kg), sa forme aérodynamique lui permet d’atteindre des vitesses inédites.

A noter qu’à l’époque, nous avions l’habitude de nommer nos véhicules. Celle-ci s’appellera « La Jamais contente ». Les versions diffèrent quant au choix de ce qualificatif : pour certains, il s’agit d’un clin d’œil de Jenatzy à son épouse, seule à Bruxelles et impatiente de voir rentrer sa championne ; pour d’autres, c’est simplement une manière d’illustrer la volonté de cette voiture de toujours faire mieux (même si elle n’aura fini par concourir que pour cette course et ce record…).

Pour mémoire, après un retour dans l’usine familiale de Schaerbeek, « La « Jamais contente » a été offerte au Musée du Cinquantenaire de Bruxelles, qui n’en a pas voulu. L’explication avancée par les responsables du Musée était qu’ils concentraient leur collection sur les taxis et pas encore sur les automobiles. Résultat : depuis 1932 jusqu’à aujourd’hui, c’est la France qui possède la précieuse voiture, conservée comme un trésor au Musée de l’Automobile et du Tourisme de Compiègne.

« La Jamais Contente », exposée au Musée de Compiègne ©Google Images

Un succès grandiose et une mort prématurée

Aussi surprenant que cela puisse paraître, le record établi par Camille Jenatzy n’est pas l’événement le plus retentissant de sa carrière. Même si l’exploit a été relayé par la presse internationale, notamment le New York Times, peu de personnes ont assisté à cette course. Les articles de presse de l’époque évoquent une audience de 200 personnes. En revanche, suite à cela, le Belge a été recruté par Mercedes, en tant que pilote. Et l’apothéose pour Jenatzy tombe en 1903, lorsqu’il remporte la 4e édition de la Coupe Gordon-Bennett, devant une foule folle. Là, au terme d’une course épique, le Belge est reconnu internationalement comme un grand pilote. Toujours au volant d’une Mercedes, il devient également le premier à dépasser les 200 km/h, à Ostende, en 1909.

Camille Jenatzy sur Mercedes, lors de sa victoire en 1903 en Coupe Gordon Bennett
Camille Jenatzy sur Mercedes, lors de sa victoire à la Coupe Gordon Bennett 1903 ©Google Images

Surnommé le « Diable Rouge » (qui signifie le « Diable Rouge », pour sa barbe rousse et son côté très nerveux), Camille Jenatzy a pris des risques tout au long de ses 12 années de carrière de pilote (1898 – 1910). Mais c’est finalement d’un tout autre accident qu’il meurt en 1913, à l’âge de 45 ans à peine. Une fin aussi tragique que stupide. En effet, lors d’une partie de chasse dans la province du Luxembourg, Jenatzy, caché derrière un buisson, veut effrayer ses amis en imitant les bruits d’un animal sauvage. Sauf qu’un de ses compagnons, Alfred Madoux, lui tire dessus, pensant qu’il est en jeu. Gravement blessé, Jenatzy est transporté d’urgence par son bourreau à l’hôpital le plus proche. Mais selon les récits de l’époque, l’ex-pilote n’est jamais arrivé à la clinique et, dans un dernier murmure, a déclaré à son ami qui le conduisait : «Tu te souviens Alfred, je t’avais prédit que j’allais mourir dans une Mercedes. Eh bien, j’avais raison !

 
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