Laurent Cantet, de la classe des grands

Laurent Cantet, de la classe des grands
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Laurent Cantet, issu de la grande classe

Publié aujourd’hui à 20h41

Le destin de Laurent Cantet était tout sauf complet. Palme d’Or à Cannes en 2008 pour «Entre les murs», le réalisateur travaillait sur un autre projet, après plusieurs films relativement mal accueillis. On ne verra malheureusement jamais la couleur, la maladie avoir fauché le cinéaste ce jeudi à Paris à l’âge de 63 ans. Un décès prématuré pour un homme qui aimait parler de son travail et que nous avions rencontré à plusieurs reprises.

Né le 11 avril 1961 dans les Deux-Sèvres, il a un parcours plutôt classique. Master en audiovisuel, études de cinéma à l’IDHEC, puis début comme chef opérateur sur un court métrage de son ami Gilles Marchand. Le long-métrage y arrive très vite. Après un premier téléfilm, il signe en 2000 «Ressources humaines», qui s’en prend au quotidien des grandes usines présentant des plans de licenciements inhumains. Le film frappe fort. Il est suivi de « L’Emploi du temps », qui retrace le mystérieux voyage de Jean-Claude Romand, qui a laissé croire pendant des années à ses proches qu’il était médecin alors qu’il stagnait sans travail. “Au sud», avec Charlotte Rampling, contribuent à asseoir la réputation de Cantet. C’est ce qui explique sa sélection cannoise en 2008 avec « Entre les murs », une fiction immersive dans un collège réputé difficile menée par un François Bégaudeau qui l’a co-écrit d’après son propre roman.

Cette année-là, le film est projeté le dernier jour du festival. Dès la première séance, une onde de choc se propage. Au terme d’une quinzaine tranquille, le film s’impose comme la seule Palme d’Or possible. Président du Jury, Sean Penn l’annonce fièrement le soir de la remise des prix. Laurent Cantet triomphe, les étudiants qui jouent dans le film vivent un rêve éveillé.

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On ne peut toutefois pas dire que le réalisateur va capitaliser sur ce succès. Il a même attendu quatre ans avant de présenter un nouveau film »,Feu de renard», portrait d’un groupe de jeunes filles en croisade contre le machisme ambiant. Tourné en anglais, sans tête d’affiche, le film ne rencontre pas son public. Il en sera de même pour «Retour à Ithaque», une autre œuvre de groupe dans laquelle des amis se retrouvent à La Havane pour se remémorer leurs années de jeunesse. Malgré une sélection à Venise, ce fut un échec.

Avec “L’atelier», en 2017, il renoue avec la jeunesse en suivant la difficile insertion d’un adolescent marqué par l’idéologie d’extrême droite. Le résultat est juste, le look intelligent, l’écriture généreuse. Enfin, dernier fait d’armes, un «Arthur Rambo» resté inédit en Suisse dans lequel Cantet suit un jeune écrivain pris dans des propos homophobes et racistes tenus autrefois sur des forums. Toujours cette réflexion sur les ambiguïtés de l’homme, sur ses défauts et ses zones d’ombre. Son dixième film, dont la sortie est prévue en 2025, devait s’appeler « L’Apprenti ».

Pascal Gavillet est journaliste à la section culturelle depuis 1992. Il s’occupe principalement du cinéma, mais il écrit également sur d’autres domaines. Surtout les sciences. A ce titre, il est également mathématicien.Plus d’informations @PascalGavillet

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