Le rapport Colonna sur l’UNRWA peut-il restaurer la confiance dans l’organisation ? – .

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L’ancienne ministre française des Affaires étrangères Catherine Colonna a présenté lundi à New York son rapport sur la neutralité de l’UNRWA.

CLÉ DE VOÛTE

Très attendu, le rapport d’enquête indépendant sur la neutralité de l’UNRWA ne révèle aucun dysfonctionnement majeur au sein de l’organisation. Mais il n’est pas sûr qu’il parvienne à rassurer les Etats-Unis et Israël.

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23 avril 2024 – 18h16

L’Agence des Nations Unies pour les réfugiés palestiniens (UNRWA) est « irremplaçable et indispensable », mais des « problèmes de neutralité » subsistent. C’est en substance ce que conclut un rapport indépendantLien externe très attendu, publié lundi après-midi, sur le fonctionnement de l’organisation dirigée par le Suisse Philippe Lazzarini.

Celle-ci était particulièrement attendue par les pays donateurs ayant suspendu leur contribution financière à l’organisation, qu’Israël accuse d’être infiltrée par le Hamas. Mais il n’est pas certain que cela suffira à restaurer la confiance, estiment deux experts interrogés par SWI swissinfo.ch.

Le « rapport Colonna » – du nom de l’ancienne ministre française des Affaires étrangères Catherine Colonna, présidente de la commission d’enquête – a été commandé par le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, à la suite d’allégations israéliennes selon lesquelles 12 employés de l’UNRWA auraient participé aux attaques du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023. Trois instituts de recherche scandinaves ont soutenu les travaux du groupe.

Concernant les accusations de Tel-Aviv contre le personnel de l’agence, qui emploie 13 000 personnes à Gaza, le rapport indique qu’Israël n’a fourni aucune preuve. Cela ne veut pas pour autant dire qu’ils n’existent pas, a expliqué Catherine Colonna lors d’une conférence de presse à New York. Les douze individus accusés par Israël font l’objet d’une enquête distincte et en cours menée par le Bureau des services de contrôle interne des Nations Unies (BSCI).

Le rapport révèle que l’organisation, qui fournit une aide d’urgence et des services d’éducation et de santé à quelque six millions de personnes au Moyen-Orient, dispose de nombreux mécanismes visant à garantir le respect des principes humanitaires, dont celui de neutralité. Selon le document, ces systèmes sont plus sophistiqués que ceux des autres organisations des Nations Unies.

Néanmoins, la commission d’enquête conclut que des progrès restent à faire. Il propose une cinquantaine de recommandations pour améliorer la gouvernance, la neutralité et la communication de l’organisation avec les pays donateurs.

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Allégations contre la mission de l’UNRWA à Gaza en question

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08 mars 2024

Israël affirme que l’UNRWA est lié au Hamas. Alors que certains pays donateurs ont suspendu leurs financements, retour sur les allégations portées contre l’organisation humanitaire.

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Convaincre les donateurs

En réponse aux allégations israéliennes, les principaux pays donateurs ont décidé en janvier de suspendre leur contribution financière à l’organisation, créant un trou de 450 millions de dollars. Depuis, plusieurs d’entre eux, dont l’Union européenne et le Canada, ont rétabli leurs paiements tandis que d’autres, dont les États-Unis, le Royaume-Uni et la Suisse, ont souhaité attendre les résultats de l’enquête. .

« Ce rapport rassurera probablement certains des donateurs qui ont hésité à revenir, en leur montrant que les risques associés au financement de l’UNRWA sont gérables. Mais je ne pense pas que cela suffise à convaincre les États-Unis à court terme », a déclaré Richard Gowan, directeur des questions onusiennes au sein du groupe de réflexion International Crisis Group à New York.

Le Congrès américain, proche allié de Tel-Aviv, a récemment décidé d’interdire le financement de l’organisation pour un an et ne se prononcera pas sur les futurs versements avant mars 2025. De son côté, le ministère suisse des Affaires étrangères a indiqué mardi qu’il « analyser en détail» le rapport avant de se prononcer sur sa contribution de 20 millions de francs pour 2024. Le gouvernement consultera au préalable les commissions de politique étrangère des deux chambres parlementaires.

La décision de la Suisse de suspendre le financement sur la base de simples allégations, sans attendre une enquête, a suscité des critiques dans le pays. Interrogé après la publication du rapport, Riccardo Bocco, professeur émérite à l’IHEID de Genève, n’a pas caché son inquiétude : « Pour moi, la question est de savoir sur quelle base les parlementaires suisses prennent leurs décisions ? Vérifient-ils les informations qu’ils reçoivent ?

Interviewé lundi soir au JT de la RTSLien externe, le conseiller national de l’UDC (droite conservatrice) Pierre-André Page réfute que le Parlement ait agi trop vite. « Le rapport Colonna fait une cinquantaine de propositions d’amélioration pour parvenir à une meilleure neutralité. Je pense donc qu’il y a des éléments à améliorer avant de rendre ce soutien », a-t-il déclaré.

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Philippe Lazzarini : « Le carburant est aujourd’hui synonyme de vie à Gaza »

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17 novembre 2023

Le chef de l’UNRWA met en garde contre le manque de carburant à Gaza et ses conséquences sur l’eau potable, les hôpitaux et l’acheminement de l’aide. Entretien.

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Un défi pour l’avenir

De son côté, le ministère israélien des Affaires étrangères a déclaré que « le rapport Colonna ignore la gravité du problème et propose des solutions cosmétiques qui ne tiennent pas compte de l’ampleur de l’infiltration du Hamas dans l’UNRWA ». Ces mesures comprennent le renforcement de la communication entre l’agence et ses donateurs ainsi que l’embauche de davantage de personnel international. Tel Aviv appelle les pays donateurs à financer d’autres organisations humanitaires à Gaza.

Les organisations humanitaires basées à Genève estiment que cette option est irréaliste alors que l’UNRWA emploie environ 30 000 personnes à Gaza, en Cisjordanie, en Jordanie, au Liban et en Syrie. Selon les experts, c’est plutôt le mandat de l’UNRWA qui irrite le gouvernement israélien, car il garantit le droit au retour des réfugiés palestiniens. Aujourd’hui, Tel-Aviv réclame le démantèlement de l’agence.

« Israël aimerait se débarrasser de l’UNRWA. Mais elle ne peut obtenir sa dissolution sans un vote de l’Assemblée générale, qui ne serait certainement pas favorable», estime Riccardo Bocco. Selon lui, la stratégie israélienne est donc de nuire à l’image de l’organisation pour l’affaiblir, notamment financièrement.

Les recommandations du rapport Colonna devraient permettre à l’organisation d’assurer son avenir. Mais selon Richard Gowan, celles-ci n’ont pas vocation à être mises en œuvre dans l’immédiat, alors que l’organisation est confrontée à une crise sans précédent.

Il conclut : « Le défi dans la période d’après-guerre sera de savoir si l’UNRWA conserve sa crédibilité en tant que principal acteur international dans la bande de Gaza. La question n’est pas de savoir si elle peut désormais mettre en place de nouveaux contrôles ou réexaminer ses manuels scolaires. Mais plutôt : la mise en œuvre de ces recommandations après la fin des hostilités répondra-t-elle aux préoccupations israéliennes et américaines ?

Texte relu et vérifié par Virginie Mangin/livm

 
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