Dans tous les pays, même en Chine, le sujet est inflammable. Le Parti communiste (PCC) a néanmoins résolu, vendredi 13 septembre, de repousser l'âge de la retraite, jusqu'ici l'un des plus bas parmi les grandes économies malgré un vieillissement accéléré de la population. La réforme, qui commencera à entrer en vigueur en 2025, sera prudemment étalée sur quinze ans. Mais l'âge de la retraite augmentera progressivement de 60 à 63 ans pour les hommes, de 50 à 55 ans pour les femmes exerçant un travail manuel et de 55 à 58 ans pour celles employées dans les bureaux, a annoncé, vendredi 13 septembre, l'agence officielle Xinhua.
Une telle réforme était nécessaire dans un pays où l’espérance de vie, en raison du développement économique rapide mais aussi des structures de santé de base, est passée d’environ 40 ans dans les années 1950 à 71,6 ans en 2000 et à plus de 78 ans aujourd’hui, soit le même niveau qu’aux États-Unis.
« Les âges précédents avaient été fixés au début des années 1950. En soixante-dix ans, la situation économique, sociale et démographique du pays a énormément changé, et les besoins des travailleurs se sont également diversifiés, nécessitant un ajustement de l’âge légal de départ à la retraite. »“Cela ne fait aucun doute”, a justifié, vendredi, le ministre des Ressources humaines et de la Sécurité sociale, Wang Xiaoping, lors d'une conférence de presse. Pendant longtemps, la Chine s'est plutôt inquiétée, au contraire, de l'ampleur de sa démographie. « Il y a trop de Chinois ? » s'interrogeaient encore les experts dans le titre d'un livre chinois paru en 2012. L'important excédent de main d'œuvre et la faible espérance de vie de l'époque expliquent pourquoi l'âge de la retraite a été fixé si bas en 1951, deux ans après la fondation de la République populaire.
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La politique drastique de l’enfant unique imposée depuis 1980 a eu pour effet de limiter fortement les naissances. Malgré son abandon en 2016, celles-ci ne repartent pas, notamment en raison du coût de la vie. Le nombre de naissances continue même de baisser et le nombre de Chinois a baissé, pour la deuxième année consécutive, en 2023. La part des Chinois considérés comme en âge de travailler (16 à 59 ans) est passée de 62 % à 61,3 % de la population entre 2022 et 2023.
On compte aujourd'hui 297 millions de personnes de plus de 60 ans, contre 126 millions en 2000. Une étude de l'Académie chinoise des sciences sociales soulignait en 2019 le risque de voir les fonds de pension se tarir d'ici 2035.
Préparer l'avis
Le parti unique l'avait déjà fait savoir en juillet, lors de sa réunion donnant les grandes orientations économiques pour les années à venir – le troisième plénum du 20eet Congrès du Comité central du PCC – qu’une réforme des retraites était à l’étude. La presse officielle a préparé l’opinion publique ces derniers jours. « L’augmentation de l’âge de la retraite est une réforme majeure qui s’impose en raison du vieillissement de la population et qui permet une meilleure utilisation des ressources humaines chinoises »a expliqué le directeur de l'Académie chinoise du travail de sécurité sociale, Mo Rong, à l'agence de presse Xinhua mardi 10 septembre.
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