Et si un bout d’histoire industrielle nous était conté dans la Cité de Calvin ? – .

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Deux horlogers indépendants remontent le temps à Genève, en marge du rendez-vous annuel de l’horlogerie. Rapport.

Le salon horloger Watches and Wonders devrait attirer plus de 40 000 visiteurs jusqu’à lundi. © Clé de voûte

Le salon horloger Watches and Wonders devrait attirer plus de 40 000 visiteurs jusqu’à lundi. © Clé de voûte

Publié le 14/04/2024

Temps de lecture estimé : 3 minutes

Entre livres anciens, jeux d’échecs et fauteuils tapissés de rayures dorées, les amateurs d’horlogerie défilent par petites grappes. Les murmures brisent le silence habituel de la vénérable bibliothèque de la Société de Lecture de Genève. Les horlogers indépendants Loïc Regolatti et Sébastien Monney manipulent leurs garde-temps avec soin, à l’aide de gants de velours bleu. Ils présentent pour la première fois au public leurs pièces, fruit de deux années de travail.

Jusqu’à lundi se tient à Genève le salon horloger Watches and Wonders. «C’est l’occasion d’élargir notre cercle de collectionneurs», estime Loic Regolatti, co-fondateur de Vector. A quarante ans, il décide de quitter la sécurité de l’emploi pour se consacrer à plein temps à la fabrication de montres haut de gamme. Il est rejoint dans son aventure par Sébastien Argenty. « J’ai rencontré Loïc à l’école en 1996. Lorsqu’il parlait de son projet, les étoiles s’alignaient. Je voulais aussi créer ma propre entreprise », se souvient-il.

Dix-huit mois plus tard, les étoiles sont toujours alignées. «Une montre est avant tout un instrument astronomique, un quantième perpétuel», souligne Loic Regolatti. Ces derniers jours, les deux horlogers courent surtout après le temps. Ils ont peaufiné leur concept jusqu’à la dernière minute. Au programme : précision et souci du détail. Le bleu pastel des murs de la bibliothèque fait écho aux codes couleurs de leurs garde-temps. «Nous avons opté pour le gris des pierres alpines et le bleu du lac», explique Loic Regolatti. Le Valaisan, qui a grandi en Gruyère, est un passionné de sports de montagne. Quant à son acolyte d’origine fribourgeoise, il aime la plongée.

Le plus haut atelier d’horlogerie

« Ces montres ne montreront jamais l’usure du temps. Ils sont intemporels », s’exclame un visiteur qui examine les cadrans à la loupe. Un autre apprécie la rondeur intemporelle du design. Si les deux cofondateurs de Vector avaient pour ambition première de créer un objet intemporel, ils se sont largement inspirés de l’histoire horlogère. Le mouvement choisi remonte à un siècle. Le cadran est gravé à la main, une technique qui n’est plus utilisée depuis les années 40. Et l’agate ligne utilisée dans le cadran de certaines montres se retrouvait déjà dans les boîtes à montres du 18e siècle. C’est son service civil au Musée d’Art et d’Histoire de Genève qui pousse Loïc Regolatti à se passionner pour l’horlogerie ancienne.

Le Valaisan résume : « Nous travaillons comme les horlogers du 19e siècle mais en écoutant Spotify ». Sébastien Monney aime être derrière les machines et son acolyte à l’établi. Le premier a élu domicile à Genève, près d’un jardin japonais, le second à Zinal dans un petit mazot. «Ce doit être la plus haute usine horlogère du monde», estime le quadragénaire.

“Une telle aventure, c’est comme monter sur des montagnes russes”
Loïc Régolatti

Les deux patrons communiquent quotidiennement par téléphone. Cette façon de travailler leur convient bien. « Et puis être deux nous permet de nous serrer les coudes. Nous sommes un peu comme un vieux couple. Une telle aventure, c’est comme monter sur des montagnes russes», raconte celui qui a grandi dans le canton de Fribourg. Rien que pour leur prototype, les deux horlogers, forts de 25 ans d’expérience professionnelle, ont consacré plus de 300 heures.

Moins cher qu’une Porsche

Ils vendent leurs montres selon le modèle de l’abonnement. Six pièces ont déjà trouvé preneur. Comptez 72’000 francs par modèle. «C’est moins cher qu’une Porsche et surtout ça demande moins d’entretien», sourit le Valaisan. Si chaque garde-temps est unique, les deux amis ne sont pas seuls dans leur aventure. De la fabrication du bracelet à la boîte d’emballage, il y a plus d’une dizaine d’artisans dont certains ont dû redécouvrir d’anciennes techniques de fabrication.

A l’heure de ranger les garde-temps dans leur écrin en mélèze, les deux patrons de Vector dressent un bilan positif du salon horloger. L’événement les a motivés à développer leur deuxième série de montres. « Et surtout d’investir dans une quatrième machine », précise Sébastien Monney. A plus court terme, ils comptent prendre quelques jours de repos.

 
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