un écosystème, pas des chapelles

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La culture : un écosystème, pas des chapelles

Olivier Gurtner, conseiller communal Ville de Genève PS

Publié aujourd’hui à 12h22

Acteur majeur du paysage culturel, la Ville de Genève est amenée à faire des choix et à arbitrer entre patrimoine et création, entre indépendants et institutions. Une manière biaisée d’encadrer le débat, opposant les protagonistes culturels les uns aux autres à coups de fausses nouvelles, de raccourcis et de ressentiments. Chacun fait partie d’un écosystème et y participe, de manière créative et complémentaire, et non dans sa propre chapelle. Le but est ici de proposer les conditions d’un débat serein, vrai et nécessaire.

Genève est un terreau culturel fertile, doté d’équipements de pointe, comme le Pavillon de la Danse, le Musée d’Ethnographie ou des cinémas indépendants et offrant de bonnes conditions-cadres. Des réalisations à prendre en compte du mandat de Sami Kanaan.

Dans le débat culturel, certaines voix aiment opposer les institutions et les indépendants, comme si les premières cherchaient à vivre sur le dos des seconds. Les artistes génèrent une activité de qualité et reconnue en Suisse et ailleurs. Genève a vu de nombreux talents reconnus, comme Inès Lamunière (prix Meret Oppenheim), Cindy Van Acker (Anneau H. Reinhardt), La Ribot, récompensée d’un Lion d’or à Venise. Mais les institutions aussi, comme le Grand Théâtre avec le prix du Meilleur Opéra 2020 décerné par le magazine de référence « Opernwelt », ou « Jusqu’à la mesure de l’impossible », un spectacle genevois salué par la critique européenne. Au-delà de ces trophées, les rôles sont complémentaires. : à petite échelle, il faut pouvoir tester des formes, prendre des risques créatifs. De son côté, une institution nous invite à voir grand, en offrant aux artistes du temps, de l’espace et du réseau, également pour la prochaine génération. Cette dynamique est absolument vitale dans l’écosystème culturel genevois.

L’autre sujet qui revient dans les débats culturels est la prétendue lutte entre patrimoine et création, par exemple en musique. Faut-il rappeler que la composition contemporaine est la discipline phare du Concours de Genève tous les deux ans ? Que dire de l’exposition « Marcher sur l’eau » au MAH, où le commissaire Jakob Lena Henkl revisitait la légendaire « Pêche miraculeuse » de Konrad Witz ? Plus largement, le patrimoine est tout simplement une création dans le temps. Une pièce qui tourne pendant dix ans devient répertoire, une sculpture qui entre dans l’espace public devient patrimoine.

Ces éléments énoncés ne portent en rien atteinte aux besoins fondamentaux de renforcer certains aspects de la politique culturelle tels que la durabilité, l’égalité, une rémunération équitable et les conditions de travail. Le tout à travers des projets fédérateurs plutôt que des initiatives aux allures de règlements de comptes. Ces enjeux concernent tous les acteurs culturels, qu’ils soient indépendants ou institutionnels, du patrimoine ou de la création. À ces problèmes systémiques, nous devons penser les réponses comme un écosystème plutôt que comme chaque personne dans sa propre chapelle.

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