un héritage vieux de plusieurs siècles

Chaque ville du Maroc, chaque petite commune mérite un livre comme celui consacré à la ville de Bejaâd, pour raconter son histoire, célébrer son patrimoine et honorer ses hommes et ses femmes. Et c’est de la plus belle des manières que « Bejaâd. Terroir du mysticisme » rend hommage à cette ville fondée sans murs, qui porte en elle les vestiges d’un passé où la foi soufie rayonnait dans tout le pays.

Considérée comme la capitale de l’islam soufi, Bejaâd a enrichi le Royaume d’un patrimoine scientifique et religieux sans précédent. Les précieux manuscrits conservés à la bibliothèque nationale du royaume témoignent de l’étendue des connaissances enseignées dans cette ville. De la science du Coran au soufisme en passant par la médecine et la philosophie, Bejaâd était un foyer d’apprentissage et de contemplation, où les esprits curieux pouvaient plonger dans les profondeurs du savoir.

Culture, patrimoine et arts vivants au cœur de notre identité collective (Azoulay)

La zaouïa Cherkaouia

Au cœur de cette terre d’Islam, la zaouïa Cherkaouia a vu le jour au XVIe siècle sous l’égide d’Abou Oubaid Allah Sidi Mohamed Cherki, dit Bouabid Cherki. Depuis, cette institution soufie rayonne de savoir et de spiritualité, attirant étudiants et universitaires de tout le Maroc. Compte tenu du charisme, de l’érudition et de la droiture notoire de Sisi Bouabid Cherki, la zaouïa a attiré des milliers d’étudiants jeunes et moins jeunes, ainsi que de simples visiteurs, en quête de savoir, de sagesse et de dévouement. Elle servait également de refuge aux intellectuels et aux chercheurs, comme pourrait l’être une université moderne. Sous Cheikh Sidi Mohamed Al-Salih et ses successeurs, la zaouïa de Cherkaouia abritait un grand nombre de cercles d’études et de séminaires où étaient enseignées diverses disciplines. Par ailleurs, la zaouïa encourageait la publication d’ouvrages et de traités religieux et scientifiques. Son influence s’est étendue au-delà de Bejaâd, laissant un héritage durable dans l’histoire intellectuelle du Maroc.

Les Juifs de Bejaâd

Un chapitre important du livre relate la présence juive dans la ville de Bouabid Cherki. Enracinée depuis des générations sur ses terres, la communauté juive de Bejaâd a laissé une marque indélébile dans l’histoire de cette ville. Évoluant dans une osmose singulière, musulmans et juifs formaient un tissu social et culturel d’une richesse incomparable. Les anciennes synagogues témoignent encore de cette période florissante, où la vie religieuse et communautaire était intense et vibrante.

Mais l’exode brutal qui suivit l’indépendance marqua la fin de cette époque. Des centaines de milliers de Juifs marocains ont quitté leurs foyers centenaires pour s’installer en Israël ou ailleurs. Cependant, malgré cette séparation, le lien indéfectible avec Bejaâd persiste dans le cœur des Juifs ayant quitté la ville. Le retour des pèlerins juifs n’est pas rare sur la terre de leur enfance, où ils sont accueillis comme à la maison.

Musique locale

Dans le chapitre consacré à l’art et au patrimoine, on découvre le riche patrimoine musical de Bejaâd. Parmi les genres les plus emblématiques figurent, sans surprise, les chants soufis, empreints de spiritualité et de mysticisme. Parallèlement, la musique populaire de Bejaâd, également florissante, s’enrichit de genres comme l’Aïta et l’Abidat Rma, caractérisés par des rythmes accrocheurs et des paroles souvent humoristiques.

Quant à la musique juive de Bejaâd, elle mélange les influences sépharades et locales pour créer un style unique et distinctif. Si nous apprécions tous le Chgouri qui anime encore aujourd’hui les fêtes et célébrations, les hymnes et psaumes religieux sont, quant à eux, interprétés lors des célébrations de la communauté juive.

 
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