le camp Macky Sall à l’heure des comptes

le camp Macky Sall à l’heure des comptes
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Les langues commencent à se délier dans le camp qui a perdu la présidentielle au Sénégal. “Le moment de laver le linge entre nous viendra, cela se fera le plus discrètement possible”, assure Pape Mahawa Diouf, porte-parole de la coalition Benno Bokk Yakaar formée autour du parti présidentiel.

L’apparent triomphe de Bassirou Diomaye Faye à la présidentielle au Sénégal sanctionne aussi le bilan du sortant Macky Sall et les querelles de succession d’un camp puissant et en déclin – dans lequel les langues commencent à se délier.

La défaite a déclenché un mélange d’émotions parmi quelques dizaines de sympathisants réunis lundi 25 mars à Dakar au siège du parti présidentiel APR (Alliance pour la République) pour entendre le candidat du pouvoir, Amadou Ba, féliciter le vainqueur dans une ambiance de fin de règne.

“Amadou Ba était loyal, malheureusement il s’est heurté à l’opposition de certains de nos dirigeants”, a déclaré René-Pierre Yehoume, coordinateur de la coalition Benno Bokk Yakaar (BBY) formée autour du parti présidentiel. La campagne a exigé le silence, mais « nous pouvons le dire aujourd’hui », ajoute-t-il.

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Certains militants, à mots voilés, ont mis en cause l’intouchable Président Macky Sall et son moindre investissement dans la campagne de celui qu’il a désigné pour briguer sa succession.

“Macky Sall a sacrifié ceux qui étaient avec lui depuis 2008”, date de la création de l’APR qui lui a servi d’appareil de conquête et d’exercice du pouvoir, a affirmé mercredi dans le journal Le Quotidien Moustapha Diakhaté. « Macky Sall a torpillé la carrière de milliers de militants qui l’ont accompagné toutes ces années », martèle l’ancien président du groupe parlementaire BBY, en rupture avec l’APR.

Le porte-parole de BBY se veut indulgent. Il évoque le « manque de sérénité » imputable à la défaite. La « nouvelle opposition » doit accepter le résultat et se préparer à jouer son rôle, a déclaré Pape Mahawa Diouf à l’AFP. “Le moment de laver le linge entre nous viendra, cela se fera le plus discrètement possible”, a-t-il déclaré. Mais « nous avons un bilan incontestable en matière de construction du pays ».

Les analystes expliquent la victoire de Bassirou Diomaye Faye par le respect de sa promesse de « rupture » avec l’injustice et la corruption, et par sa personnalité proche des Sénégalais.

L’autre aspect de l’analyse est le rejet des résultats des 12 années de présidence Sall, en particulier des trois dernières années, marquées par les troubles politiques, les retombées de la crise mondiale et le ralentissement de la croissance.

Amadou Ba se présentait comme la continuité de l’action du président Sall, dont le plan de développement ambitieux et les grands travaux ont changé le visage du Sénégal, mais n’ont pas éliminé la pauvreté ni les inégalités.

Amadou Ba, « la dernière grosse erreur »

L’héritage de Macky Sall, c’est aussi ce qu’un analyste appelle le « bilan intangible » : les troubles, des dizaines de morts, des centaines d’arrestations, les violations dénoncées par les défenseurs des droits, le report de l’élection présidentielle.

«Ils ont accumulé tellement d’erreurs», estime El Hadji Mamadou Mbaye, professeur et chercheur en sciences politiques. La défaite était acquise depuis longtemps, selon lui : « les choses (étaient) pliées » depuis la mise en examen judiciaire de l’opposant antisystème Ousmane Sonko, qui a mis le feu aux poudres en 2021.

L’élection a mis en évidence une « bipolarisation » extrême après trois années d’impasse, note-t-il. Mais « la dernière grosse erreur » a consisté dans le choix d’Amadou Ba, dit-il.

Pour la première fois, un président sortant organisait une élection sans se présenter. Au Sénégal, “il y a le leader, qui est le fondateur du parti (…), et puis il y a les autres”, affirme Alassane Ndao, maître de conférences à l’université de Saint-Louis cité dans le quotidien L’Observateur. Avec le retrait du président sortant, les rivalités ont « explosé ».

Les caciques, craignant un fiasco, réclamèrent publiquement un changement de candidat. Face à Amadou Ba, trois dissidents se sont dressés, peu charismatiques, peu politiques.

En janvier, Amadou Ba a connu la défaite d’une alliance entre députés de son camp et de l’opposition pour créer une commission d’enquête sur les accusations de corruption portées contre lui. Le président Sall a invoqué ces accusations pour justifier un report retentissant de l’élection présidentielle.

La campagne d’Amadou Ba a commencé à s’accélérer dans la dernière ligne droite lorsque le chef de l’Etat l’a confirmé comme son candidat, après de nombreuses rumeurs d’abandon de sa part.

Mais ses efforts ont été durement touchés par l’amnistie initiée par le président au nom de l’apaisement des tensions. La sortie de prison d’Ousmane Sonko et du futur président, Bassirou Diomaye Faye, a provoqué un effet d’explosion, s’accordent les analystes.

Parmi eux, Hamidou Anne est un farouche détracteur du duo Faye/Sonko. Leur libération a fait « de gens peu recommandables des héros insubmersibles aux yeux des jeunes », écrit-il dans Le Quotidien. La majorité « a préparé (sa) fin brutale en donnant chaque jour pendant trois ans l’impression qu’elle préparait » leur avènement.

Avec l’AFP

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