en brisant le tabou de la « rigueur », Gabriel Attal prépare-t-il les Français à l’idée d’un nouveau tour de vis budgétaire ? – .

Après avoir longtemps refusé d’utiliser le mot rigueur, le gouvernement, par la voix de son Premier ministre, a remis le terme sur le devant de la scène ce mardi. Dans les couloirs des ministères, certains décryptent cette nouvelle stratégie.

Publié le 27/03/2024 11:34

Mise à jour le 27/03/2024 12:26

Temps de lecture : 2 minutes

type="image/avif">>>>
Le ministre de l’Économie Bruno Le Maire et le Premier ministre Gabriel Attal lors d’une réunion avec de hauts responsables du gouvernement à Paris, le 12 mars 2024. (LUDOVIC MARIN / PISCINE)

Rigueur« . Le mot était jusqu’ici scrupuleusement évité – voire tabou –, pourtant devant l’Assemblée nationale, il a été prononcé à deux reprises par le Premier ministre Gabriel Attal. Cela fait des semaines que le gouvernement, ministre de l’Économie en tête, prépare les esprits à un tour de vis budgétaire sans jamais en prononcer le terme. Il semble donc que Gabriel Attal, qui sera au JT de 20 heures de TF1 mercredi 27 mars, ait décidé de briser un tabou.

Mais dès que le mot a été lâché mardi à l’Assemblée, Matignon s’est empressé de relativiser la puissante charge symbolique d’un terme qui, en politique, ne peut jamais être utilisé à la légère : “Attal, ce n’est pas Mauroy 83”, allusion au changement radical de politique économique deux ans après la première élection de François Mitterrand.

Dire que nous voulons être rigoureux, sérieux, en matière de contrôle des dépenses publiques ne veut pas dire que nous donnons le coup d’envoi d’une politique d’austérité, assure-t-on au sommet de l’exécutif. Dix milliards d’euros de coupes ont déjà été opérés mi-février sur le budget 2024, mais des économies supplémentaires seront trouvées cette année, a toutefois prévenu le ministre de l’Economie Bruno Le Maire : « Au moins 20 milliards« Des économies en € sont déjà prévues pour 2025.

D’ailleurs, en coulisses à Bercy, on parle beaucoup : annoncer 10 milliards d’euros d’économies supplémentaires alors que les dépenses publiques s’élèvent à plus de 1 500 milliards n’est pas rigoureux. C’est la seule décision prise à ce stade. Un communicant gouvernemental décrypte la logique : Gabriel Attal habitue les Français à l’idée des efforts qu’il faudra faire. Prononcer le mot rigueur dans un pays « accro aux dépenses publiques », cela signifie, selon un conseiller, travailler sur l’acceptabilité des mesures futures : nouveau serrage de la vis sur l’assurance chômage, arbitrage sur des coupes budgétaires supplémentaires et d’éventuelles évolutions de la politique fiscale.

Car même si l’exécutif répète qu’il ne veut pas d’augmentation d’impôts, la pression se fait croissante – même au sein de la majorité – pour réexaminer certaines niches, peut-être revoir certaines aides aux entreprises ou introduire un impôt exceptionnel sur les entreprises qui réalisent des super profits. « Nous ne pouvons pas être fétichistes de la fiscalité, demander à chacun des efforts et refuser de regarder comment trouver de nouvelles ressources »murmure un ministre qui parle de la peur de “coup d’avion” préoccupations, y compris des membres du gouvernement, et qui voit à quel point ces questions de déficit et de dette contribuent à alourdir le moral des Français. En faisant un 20 heures, Gabriel Attal s’invite chez les Français. Il a prononcé le mot “rigueur», va désormais devoir rassurer.

 
For Latest Updates Follow us on Google News
 

PREV Les ventes de voitures neuves en baisse de plus de 3% à fin mars (AIVAM)
NEXT circonstances tragiques qui rappellent l’affaire Lucas Tronche