Agé de seulement 44 ans, Bassirou Diomaye Faye sera le plus jeune chef d’État que le Sénégal ait jamais connu.
AFP
Alors que la tenue d’un second tour pour la présidentielle au Sénégal était encore espérée il y a quelques heures par ses partisans, le candidat au pouvoir, Amadou Ba, a reconnu lundi la victoire de l’opposant Bassirou Diomaye. “Au vu de l’évolution des résultats de l’élection présidentielle et en attendant la proclamation officielle, je félicite le président Bassirou Diomaye Diakhar Faye pour sa victoire au premier tour”, a déclaré Amadou Ba dans un communiqué. Il a appelé son adversaire politique pour le féliciter en personne, selon un porte-parole.
Le président sénégalais sortant a également félicité lundi le candidat antisystème. Macky Sall, qui ne s’est pas présenté après avoir été élu et réélu en 2012 et 2019, s’est également félicité « du bon déroulement du scrutin », soulignant « la victoire de la démocratie sénégalaise ». Pas moins de dix-neuf candidats se sont présentés au scrutin, mais deux avaient annoncé leur retrait avant le vote.
Le plus jeune président sénégalais
Bassirou Diomaye Faye s’apprête donc à devenir le plus jeune chef de l’Etat sénégalais, lui qui a fêté ce lundi ses 44 ans. Il portait les couleurs et les espoirs du parti d’opposition du charismatique Ousmane Sonko. Ce dernier, arrivé 3e à l’élection présidentielle de 2019, était inéligible en 2024 après trois ans de bras de fer avec le pouvoir. Il a alors désigné son lieutenant pour le remplacer dans la course à la présidentielle.
Il y a dix jours, Sonko et Diomaye étaient toujours détenus, le premier pour « appel à l’insurrection » et le second pour « outrage à magistrat, diffamation et actes susceptibles de compromettre l’ordre public ». Libérés juste avant l’élection présidentielle, ils ont mené une campagne express qui a attiré les foules en liesse.
« Bien sûr, nous aurions préféré que ce soit Ousmane Sonko (le candidat). Mais je fais confiance à Diomaye parce que Sonko lui faisait confiance. Ils partagent le même projet», confie un jeune supporter de 27 ans.
« Raisonné et réfléchi »
L’avènement de Bassirou Diomaye Faye annonce potentiellement une transformation significative de la gouvernance du pays. Bien qu’il n’ait jamais exercé la moindre fonction élective auparavant, il se présente comme quelqu’un « particulièrement raisonné, particulièrement raisonnable, particulièrement sensé, particulièrement réfléchi ». Ses rivaux pensaient au contraire qu’il était à la tête d’« aventuriers » prêts à poursuivre une politique de rupture dangereuse pour un pays réputé pour sa stabilité en Afrique de l’Ouest.
Souvent vêtu d’un boubou blanc traditionnel, il est apparu sur la scène de son dernier meeting électoral en compagnie de ses deux épouses, une première pour un président sénégalais. Ce musulman pratiquant apparaît comme l’incarnation d’une nouvelle génération d’hommes politiques, mettant en avant ses valeurs panafricaines, sa volonté de préserver la souveraineté de son pays, de répartir plus équitablement les richesses et de réformer une justice qu’il juge corrompue.
Changer de devise ?
Il a également promis de renégocier les contrats pétroliers et de pêche et a déclaré qu’il n’avait pas peur de quitter le franc CFA, allant même jusqu’à créer une nouvelle monnaie nationale, ce que son adversaire Amadou Ba avait qualifié de « non-sens » économique.
Après avoir voté dimanche, Bassirou Diomaye Faye a appelé à un « retour définitif à la sérénité » au Sénégal « qui a été gravement perturbée » ces dernières années.
(AFP)
