Le chancelier allemand Olaf Scholz et le président français Emmanuel Macron se réunissent vendredi 15 mars à Berlin, avec le Premier ministre polonais Donald Tusk, pour une réunion sur l’aide à l’Ukraine. Parmi les nombreux sujets sur la table, la potentielle livraison de missiles Taurus à Kiev par l’Allemagne.
Ces armes puissantes cristallisent l’opposition au sein du Parlement allemand, qui a rejeté jeudi l’autorisation de leur livraison. Selon la chancelière allemande ainsi qu’une partie du Bundestag, l’envoi de Taurus nécessiterait la mobilisation de soldats allemands. “Cela ne doit pas arriver avec des soldats allemands – en tant que chancelier, j’ai la responsabilité d’empêcher l’Allemagne de participer à cette guerre”a réaffirmé Olaf Scholz devant le Parlement.
Une autonomie de 500 km
Ces missiles sol-air à longue portée, demandés par l’Ukraine depuis mai 2023, comptent parmi les plus modernes de l’armée allemande. Grâce à leur portée de 500 km, ils sont capables de frapper loin derrière le front et de détruire bunkers et postes de commandement en profondeur, peut-on lire sur le site du Bundeswher. Ces missiles, qui peuvent atteindre une vitesse de 800 km/h, sont également programmables, c’est-à-dire qu’ils peuvent être déclenchés après avoir pénétré leur cible pour détruire un étage d’un bâtiment.
Là où les drones ukrainiens ne peuvent emporter qu’une dizaine de kilos d’explosifs, le Taurus peut en transporter jusqu’à 400 kg. Sur les 600 unités dont dispose l’armée allemande au total, 150 sont déjà opérationnelles.
Au cœur du scandale des écoutes russes
Début mars, ces missiles se sont retrouvés au centre du scandale des écoutes russes. Au cours d’une conversation confidentielle entre officiers de l’armée allemande, qui a été divulguée dans les médias russes, ces officiers supérieurs ont évoqué la possibilité de frapper le pont de Crimée avec des missiles Taurus.
Ce pont reliant la péninsule annexée au territoire russe est particulièrement stratégique pour la Russie. Elle l’utilise notamment pour faire circuler des marchandises et les acheminer vers les populations civiles vivant en Crimée, ainsi que dans les régions occupées d’Ukraine. L’un des soldats allemands a estimé qu’il faudrait entre 10 et 20 missiles Taurus pour le détruire.
Ces mêmes officiers de haut rang ont également assuré que les soldats ukrainiens pourraient être formés à l’utilisation du Taurus. Et que la mobilisation des forces allemandes était donc facultative, contrairement à ce qu’affirme Olaf Scholz.
