FVeiller à ce que la météo soit optimale le jour J fait partie du travail. Mais qui aurait pu prédire que le littoral charentais se couvrirait de purée de petits pois ce mardi 13 mars ? Les soldats du 1euh Le Régiment d’infanterie de marine d’Angoulême (RIMa) a en tout cas profité de cet épais brouillard, idéal pour un exercice d’infiltration en territoire ennemi.
Après deux jours de mouvements à terre, entre Mansle (Charente) et Angoulins (Charente-Maritime), la soixantaine d’hommes engagés dans des véhicules blindés légers (VBL) se sont approchés des côtes mardi soir. Ce mercredi matin, avant le lever du soleil (invisible de toute façon), une dizaine d’entre eux ont enfilé des combinaisons et sont montés à bord de canoës peints en noir sur la plage d’Aytré, abandonnés dans une « boîte aux lettres morte ». » (BLM) – nom donné à une cachette – par des « partisans amis ». Direction Port-Neuf, sans aucun repère visuel. Un « niveau de complexité » bienvenu dans le contexte de l’apprentissage.
« On imagine des opérations amphibies comme Overlord en juin 1944, avec de gros bâtiments, de gros moyens, mais il faut aussi penser par le petit bout de l’objectif », explique le colonel Philippe Bignon, commandant de corps du 1euh RIMa. C’est, déjà, comprendre les marées, la météo, les vagues, le vent, la navigation. Le brouillard apporte plusieurs éléments qui permettent de construire la culture amphibie de nos soldats avant de passer au « deep dive », c’est-à-dire aux opérations interarmées de grande envergure. »
Incursion en territoire « ennemi »
C’est donc dans la petite baie de Port-Neuf, à La Rochelle, plus modeste que les longues plages normandes, que les soldats ont débarqué peu avant l’heure estimée (entre 8 et 9 heures). Après le physique, l’aspect tactique. Pour mémoire, il s’agissait pour le camp « ami » de procéder à une incursion en territoire « ennemi » pour prendre et transmettre en temps réel des informations sur un système de protection anti-aérienne. Par coïncidence, il se positionnait au niveau de… l’ancienne Société de construction aéronavale (SCAN), aujourd’hui occupée par Fountaine-Pajot.
Avec le soutien d’une équipe d’observation du 11e Régiment d’artillerie de marine venu de Saint-Aubin-du-Cormier (Ille-et-Vilaine), les hommes du peloton se sont changés dans les fourrés pour enfiler leur tenue de camouflage et s’équiper de leurs armes, sous le regard indifférent des joggeurs et des étudiants de l’école de voile des Plates.
Un « changement d’environnement » rapide, précédant le cœur de l’opération, à savoir la collecte d’informations, si nécessaire à l’aide de drones, désormais indispensables dans un conflit moderne. Le tout sans se faire remarquer par la force « ennemie » jouée par les autres soldats du régiment. En milieu de journée, le jeu du chat et de la souris se poursuivait jusqu’à la Tour Carrée, symboliquement « prise » par un binôme. Mission accomplie, au terme d’un exercice d’une « dimension assez nouvelle » selon le colonel Bignon, « dans la dynamique du 1euh RIMa ».
« Pour plusieurs raisons, nous essayons depuis plusieurs mois de nous rapprocher des côtes. Tout d’abord faire connaître notre régiment dans le département voisin de la Charente-Maritime, car nous recrutons des jeunes, et accroître la culture maritime et nautique de mes soldats. Vous nous verrez plus souvent. »