Les défenseurs de la langue française dénoncent une iniquité quant au traitement de la plateforme francophone du programme ONlit, par rapport à celle consacrée aux anglophones.
ONlit est un programme financé par le ministère de l’Éducation de l’Ontario et lancé en août 2023, qui rassemble des ressources pédagogiques et des modules d’apprentissage pour soutenir les enseignants.
Grâce à cette initiative, les enseignants devraient être en mesure de concevoir des cours et des activités éducatives parfaitement adaptées aux besoins de leurs élèves, pour faire progresser l’enseignement systématique dans la province.
Cependant, selon une source qui a préféré rester anonyme, les entités chargées de gérer l’initiative n’affectent pas les mêmes ressources au développement du programme en français par rapport à ce qu’elles font pour le côté anglophone.
- a accepté de ne pas nommer cette personne car elle craint des représailles.
Tout d’abord, notre source, que nous appellerons X, a mentionné que les effectifs des équipes francophones et anglophones ont changé depuis le lancement du programme.
Au début, les équipes étaient plutôt égales selon X, mais après quelques démissions, les choses ont commencé à changer
.
X précise qu’actuellement l’équipe responsable du développement du programme francophone est composée de cinq personnes, tandis que l’équipe responsable du côté anglophone en compte plus du double.
Un manque de rigueur pour les entreprises francophones
Les textes publiés sur la plateforme francophone du programme ne sont pas toujours rédigés correctement.
Sur la page française du programme, on remarque immédiatement des erreurs grammaticales et même sémantiques dans le texte d’introduction, qui décrit le programme comme un centre de ressources complet [sic]
et parle aussi de nouveau Programmes-cadres français/langue [sic] en Ontario
.
Michèle Minor-Corriveau, orthophoniste bénévole au sein de l’équipe francophone du programme ONlit, estime que le nombre insuffisant de travailleurs francophones au sein de l’équipe en est la cause.
On peut se corriger, ce n’est pas un problème, [mais] si on avait des francophones à table, il y aurait moins d’erreurs
dit-elle.
Michèle Minor-Corriveau craint que la négligence à l’égard de la qualité des services en français ait un impact majeur sur la croissance de la francophonie ontarienne.
Photo: - / Orphée Moussongo
Dans un communiqué, les responsables du programme ONlit précisent que la disproportion au sein des équipes s’explique par le fait qu’elles reçoivent beaucoup plus de questions en anglais, étant donné qu’environ 94 % des enseignants de l’Ontario travaillent dans des conseils scolaires de langue anglaise
.
Michèle Minor-Corriveau ajoute que certains membres de l’équipe francophone d’ONlit sont des francophones scolarisés en anglais, des francophones en immersion
et c’est eux qui approuve tout
.
Une inéquité en termes de visibilité
Depuis sa création en 2023, l’équipe ONlit a organisé de nombreux événements, et selon X et Mme Minor-Corriveau, la majorité d’entre eux se sont déroulés en anglais, contre seulement une poignée en français.
On remarque la même chose sur les plateformes numériques du programme. Certains articles et outils d’apprentissage sont uniquement disponibles en anglais.
C’est le cas du podcast intitulé Reading Road Trip S3 E10 : La science de l’apprentissage avec le Dr Amanda VanDerHeydenqui est néanmoins censé donner plus d’informations sur la hiérarchie éducative.
-De plus, une recherche rapide du terme en ligne
sur la plateforme anglophone génère six articles, tous rédigés en anglais. Cependant, lorsque l’on cherche les termes en ligne
sur la plateforme francophone, on obtient 11 articles, dont 2 rédigés en anglais.
Ouvrir en mode plein écran
Les résultats de recherche en anglais à gauche contiennent uniquement des articles en anglais, tandis que les résultats de recherche en français à droite contiennent des articles dans les deux langues.
Photo: - / Orphée Moussongo
C’est un peu déséquilibré
s’exclame X.
Les réseaux sociaux du programme font l’objet des mêmes critiques. Lors de son lancement, ONlit ne comportait qu’une seule page où les annonces étaient faites dans les deux langues officielles.
Mais en août 2024, un an après la création des premières pages du programme sur les réseaux sociaux, les responsables décident de créer une page différente pour les services en français, sans faire d’annonce.
Ainsi, la page Facebook du programme anglophone créée en 2023 compte plus de 1 200 abonnés, alors que celle du programme francophone n’en compte que 92.
Rien n’a été dit ou annoncé […] Je suis tombé sur le compte par hasard […] nous avons l’impression d’être exclus
dit X.
Mme Minor-Corriveau craint que ce type de négligence mette en danger l’avenir de la francophonie ontarienne.
Si le ministère laisse faire ce qui se passe, il se lave les mains de l’avenir de la francophonie ontarienne.
Elle a déposé une plainte auprès de l’Ombudsman de l’Ontario, qui examine toujours les faits.
Participation francophone accrue
Malgré tout, le ministère de l’Éducation indique dans un communiqué que Les médias sociaux, canaux et ressources de langue française sont plus utilisés que ceux de langue anglaise.
.
Ce que confirment les responsables du programme.
Ils suggèrent qu’environ 17 % du personnel enseignant travaillant dans les conseils scolaires de langue française en Ontario et 10 % du personnel enseignant travaillant dans les conseils scolaires de langue anglaise se sont inscrits auprès d’ONlit.
Le ministère ajoute que la plateforme fait l’objet de mises à jour et d’améliorations constantes pour ajouter, entre autres, du nouveau contenu et intégrer des options de développement professionnel
.
Il se dit également ouvert à de nouvelles propositions pour mieux peupler la bibliothèque de ressources et oriente les enseignants qui le souhaitent vers d’autres plateformes, comme ÉduSource et Curriculum de ressources, toutes deux financées par le ministère de l’Éducation.