Des Bee Gees à Francis Lalanne, les airs de jeunesse de Natalie Dessay – .

Passionnée de cirque et de danse classique lorsqu’elle était enfant, la chanteuse revient sur les musiques qui ont bercé son enfance et son adolescence.

Où avez-vous passé votre enfance et dans quel environnement ?
J’ai grandi à Saint-Médard-en-Jalles, dans la banlieue bordelaise. Mon père était ingénieur, ma mère s’occupait de mon frère et de moi. J’étais une petite fille extravertie, très bonne élève et passionnée par le cirque. Avec ma petite voisine, que j’ai rencontrée à 5 ans et que je vois encore, nous passions des heures à inventer des numéros sur la balançoire du jardin. Comme je faisais aussi de la danse classique, ma spécialité était le trapèze. Après mon bac, j’ai fait une année d’allemand à l’université, tout en étudiant le théâtre au conservatoire de Bordeaux.

Est-ce que tes parents écoutaient de la musique ?

Mes parents avaient une importante collection de disques d’opéra et de musique classique instrumentale. Je me souviens que mon père écoutait en boucle les symphonies de Beethoven dans la voiture. Ma mère adorait Maria Callas. Ils avaient aussi quelques albums de chansons françaises, dont celles de Georges Brassens, Jacques Brel, Barbara et Jean Ferrat. Le samedi soir, nous regardions en famille les spectacles de Maritie et Gilbert Carpentier. Les chanteurs invités, souvent costumés, partageaient et échangeaient des chansons. J’aimais le côté festif du programme, qui ressemblait à une comédie musicale française.

Quelle est votre chanson ou musique préférée de votre enfance ?

J’ai découvert Le lac des cygnes et La belle au bois dormant, de Tchaïkovski, tout en faisant de la danse classique. Encore aujourd’hui, il est l’un de mes compositeurs préférés. La musique russe, romantique, passionnée et très inventive, m’a toujours profondément touchée. Adolescente, j’écoutais la radio en boucle dans ma chambre. Je faisais des compilations sur cassettes audio de titres qui me plaisaient. J’adorais Supertramp et les Bee Gees, que j’entendais dans le film Fièvre du samedi soir. J’avais 12 ans quand il est sorti. Les voix des chanteurs et la chorégraphie de John Travolta m’ont totalement captivé.

Quel a été le premier concert auquel vous avez assisté ?

Quand j’étais enfant, mes parents m’emmenaient souvent voir des ballets. Je me souviens Shéhérazade, de Rimski-Korsakov, au Grand Théâtre de Bordeaux, avec Francesca Zumbo. Passionnée de danse, je l’ai apprise en lisant ou en regardant des ballets à la télévision. J’ai adoré Noëlla Pontois, Dominique Khalfouni, Ghislaine Thesmar et Maïa Mikhaïlovna Plissetskaïa, mon idole absolue. A 15 ans, je suis allé voir un concert de Francis Lalanne, dont j’étais fan ! Avec une incroyable générosité sur scène, son show a duré quatre heures. Il est revenu sans ses musiciens pour terminer le concert seul à la guitare et au chant. En parallèle, j’ai aussi vu un concert du chanteur Lucid Beausonge, que j’ai trouvé génial.

Avez-vous appris la musique étant enfant ?
J’ai pris des cours de piano à l’âge de 7 ans, sans grand enthousiasme. Je suis devenue chanteuse un peu par hasard. Alors que je jouais le rôle d’une marquise amatrice d’opéra dans une pièce avec mes amis du conservatoire, j’ai chanté un air de Pamina de La flûte magique. Surpris par ma voix, tout le monde m’a conseillé de prendre des cours de chant. C’est ainsi que je me suis retrouvé élève en classe de chant au conservatoire, puis en cours particuliers. J’ai compris que l’opéra serait pour moi le meilleur moyen d’interpréter un personnage sur scène. Après avoir intégré le Chœur du Capitole de Toulouse puis celui de l’Opéra de Bordeaux, j’ai participé à des concours, dont celui des Voix Nouvelles, qui m’a ouvert la porte de l’École de l’Opéra de Paris. À 25 ans, je me sentais prêt à entamer une carrière de soliste.