Distortion, une radio 100% rock et gersoise créée par un groupe d’amis sur la même longueur d’onde

Du rock et un animateur à l’accent chantant, voilà ce que vous pouvez écouter en vous branchant sur la fréquence 96.0. Certains Gersois connaissent bien cette radio unique, unique dans le département, voire dans toute la région : Radio Distorsion. Sa particularité ? Elle ne diffuse que du rock et quelques dérivés, allant du métal au blues ou au punk. Un mix audacieux qui explore toute la diversité du rock 7j/7, 24h/24, sans publicité.

De quoi ravir les amateurs de riffs lors de leur balade à travers Auch. Qui se cache derrière le micro et la diffusion ? Comment est née cette radio communautaire ? La Dépêche du Midi s’est rendue dans les coulisses du studio Auscitain pour en savoir plus sur cette station rock.

En passant par la rue Victor-Hugo, impossible de rater cette antenne d’une trentaine de mètres, au pied de laquelle un immeuble abrite trois radios associatives : Gascogne FM, Atomic et Distortion. Dans une petite pièce, derrière son ordinateur, Pierre orchestre la programmation musicale et les diffusions. Il réalise des interviews et reçoit les nouveautés sur CD ou PC. Il est le seul salarié et a vu la création de la radio, mais aussi celle de l’association.

Une histoire d’amitié avant tout

Avant d’être diffusé sur les ondes, Distortion, c’est avant tout un groupe d’amis qui partagent une passion : la musique et plus particulièrement le rock.

Dans les années 90, le groupe se réunit lors de concerts organisés en partenariat avec le comité des fêtes de L’Isle-Bouzon. « Le groupe voulait aussi faire des concerts en salle en hiver. C’est un défi qu’ils ont relevé en fondant l’association Distorsion », raconte Pierre. Ils débutent ainsi dans l’événementiel avec près de cinq concerts par an.

« A l’époque, il y avait une émission sur une radio qui s’appelait RDM, à Plieux. Ils passaient leurs soirées à jouer des disques, à ouvrir des bières et à rire », se souvient Pierre. L’un d’eux, Thierry Malf, l’actuel président de l’association, se lance alors un défi : créer sa propre radio rock en 2008. Pour cela, il a fallu monter un dossier auprès du CSA (actuellement l’ARCOM) . “C’est comme ça qu’on a eu la fréquence à Auch.”

En tant que « radio découverte musicale », Distortion doit naturellement respecter quelques exigences, dont une éthique rigoureuse, 1h15 de flash info et la diffusion de 1 000 nouveaux titres par mois. « Je reçois beaucoup d’emails par jour, je dois trier ce que l’on reçoit pour que cela corresponde à notre identité. »

Un rythme qui n’effraie pas Pierre, qui tient un carnet soigneusement rempli de toutes les nouveautés musicales, pour la plupart issues d’artistes émergents qu’il fait découvrir au public des amateurs de rock.

Les radios communautaires menacées ?

Et pour que tout cela fonctionne, il faut des fonds. Récemment, l’actualité nous l’a rappelé, avec ce pavé dans la mare : les radios communautaires étaient menacées. Dans un projet de loi, le gouvernement a voulu prélever 29% de leurs subventions sur le Fonds de soutien à l’expression des radios locales (FSER).

Un coup dur pour les associations de radio. Finalement, après avoir fait marche arrière, ils respirent à nouveau, mais ne sont pas tirés d’affaire. « Il faut payer les charges, le loyer, l’électricité, les abonnements, le matériel et les salariés. Sans le fonds de soutien, c’est simple, il faut licencier, et là c’est plus compliqué de faire tourner une association radio. Il n’en reste pas moins que le gouvernement peut imposer le 49.3 en force… on ne l’espère pas, mais on verra», s’inquiète Pierre.

En attendant, l’esprit rock n’est pas près de faire chavirer le vaisseau Distortion qui continue d’émettre.