Déplacez-vous, il n’y a rien à voir. C’est, en somme, la défense du recteur de la Grande Mosquée de Paris Chems-eddine Hafiz ce vendredi matin sur BFMTV, quatre jours après que le quotidien L’Opinion l’a accusé d’avoir mis en place un système monopolistique de certification Halal très rentable. “Je ne suis pas une entreprise commerciale, je joue un rôle religieux”, a-t-il déclaré, affirmant être “rémunéré pour un service” et niant avoir mis en place un système “fiscal”.
Selon Opinion, la Grande Mosquée de Paris a signé un accord avec l’Algérie rendant obligatoire la certification halal – par la Grande Mosquée de Paris – pour de nombreuses denrées alimentaires exportées de l’Union européenne (UE) vers l’Algérie. « Sans ce label, aucun industriel européen ne peut espérer passer les douanes algériennes », écrit à ce sujet L’Opinion. Toujours selon ce quotidien, cela varie de deux centimes par kg de lait en poudre à dix centimes par kg de gâteaux, biscuits, chocolats, confiseries, etc.
Ces certificats seraient délivrés par une société commerciale, hébergée dans les locaux de la Grande Mosquée de Paris, mais régie par le Code de commerce. Chems-eddine Hafiz est en tête. « C’est l’association qui en est propriétaire, mais une personne physique est tenue de la représenter. Je ne reçois pas d’argent, tout va à la gestion du culte musulman », a-t-il expliqué à Opinion.
Plusieurs millions d’euros de chiffre d’affaires
Lors de la cérémonie de vœux à la Grande Mosquée de Paris ce jeudi soir, Chems-eddine Hafiz a assuré que depuis cinq ans, “librement et en pleine lumière”, les activités de l’institution se sont déroulées, notamment pour la certification Halal “que nous portons”. avec sérieux et expérience, depuis 1939. » “Tous les dividendes servent à financer l’exercice du culte musulman”, a ajouté Chems-eddine Hafiz.
-Selon les chiffres donnés par BFMTV ce vendredi et par Opinion, ce système a rapporté quelque “deux millions d’euros de chiffre d’affaires” en 2023. “Et nous devions atteindre cinq millions d’euros”, a ajouté Chems-eddine Hafiz, confirmant que ce la certification ne concernait pas « uniquement la viande ». “La Grande Mosquée de Paris a commencé cette certification dès sa création, on peut certifier des produits halal”, a également précisé Chems-eddine Hafiz.
Mais selon un producteur de lait interrogé par Opinion, cette certification hala « se paie ». « Il n’y a pas de véritables contrôles – ce qui d’ailleurs peut nous mettre en difficulté avec nos clients religieux en cas de litige. Dans le secteur, on s’est vite rendu compte que toutes ces nouvelles formalités allaient “embêter” les entreprises françaises, ce qui est vraiment un plus pour Alger”, a-t-il déclaré, dénonçant un système “strictement financier”. « .
Ces révélations interviennent en pleine tension entre Paris et Alger, liées au maintien en détention de l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal et aux arrestations en France de sept influenceurs algériens. « Aujourd’hui, comme par hasard, du fait du contexte particulier avec l’Algérie, tout pose problème. Je suis extrêmement calme», a observé Chems-eddine Hafiz à ce sujet ce vendredi.