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Le gouvernement envisage d’augmenter la taxe sur les paris hippiques. A Cahors, les buralistes ne sont pas convaincus et les parieurs ne sont pas dissuadés.
Il s’agit d’un tournant dramatique dans le secteur des courses hippiques qui est pourtant passé inaperçu auprès des PMU. Début novembre, un amendement déposé par le gouvernement au projet de budget de la Sécurité sociale a mis le feu aux poudres. Ce projet de loi prévoit notamment d’augmenter l’impôt sur le produit brut des jeux de paris hippiques. Une taxe actuellement de 6,9% qui passerait à 7,5% dans le réseau physique (PMU, hippodromes) et qui pourrait même atteindre 15% pour les paris en ligne. L’amendement a depuis été retiré mais les professionnels du secteur ne relâchent pas leur vigilance, craignant un retour du débat sur la table du Sénat. A Cahors, peu de buralistes avaient entendu parler de cette mesure. « C’est vrai que les clients n’ont rien dit. Mais en réalité, cela ne change pas grand chose. Les vrais parieurs continueront à jouer car la majorité de nos clients qui parient sur les courses hippiques ont une addiction au jeu. Ils ne changeront pas leur comportement », affirme une vendeuse du PMU du centre-ville qui préfère garder l’anonymat dans ce milieu déjà calme.
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Les habitués des courses de chevaux, dans l’industrie, sont appelés coureurs. « Les parieurs sont comme les acheteurs de cigarettes. Ils ne s’arrêteront pas malgré la hausse », constate un autre vendeur du PMU du centre de Cahors. Et il sait de quoi il parle : la semaine dernière, certains paquets de cigarettes sont passés de 12 à 13 euros, loin de décourager les fumeurs. « On connaît déjà régulièrement des augmentations du prix du tabac, donc une taxe supplémentaire… », poursuit-il, évasivement. « De toute façon, nous ne sommes jamais vraiment informés de la hausse. Pour les cigarettes par exemple, on le découvre le jour même, devant le client, en scannant son paquet », observe-t-il.
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“Moi qui n’étais pas bon en maths, je me suis tourné vers les probabilités.”
Dans le tabac presse où il travaille, les parieurs affluent en début de mois et disparaissent dès le milieu du mois. Ce samedi 16 novembre déjà, sa borne dédiée aux paris hippiques n’est plus vraiment convoitée. Le billet coûte deux euros. “Mais les parieurs sont indépendants sur les bornes, on ne sait pas combien ils parient et combien ils gagnent”, souligne-t-il. Une intimité qui a parfois ses effets pervers et incite le joueur à parier à volonté. C’est parfois le cas de Joss, un parieur régulier. « Je suis un cas exceptionnel. Peut-être que tous les joueurs ont été dupés comme ça mais moi en tout cas, j’ai débuté en 2014 alors que je n’avais jamais joué de ma vie. Ce jour-là, mes cinq enfants ont choisi chacun un numéro, j’ai misé 4 euros et j’ai gagné le quinté, 524 euros”, raconte-t-il.
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Depuis, il joue par intermittence : parfois rien pendant cinq mois, parfois plusieurs fois par semaine. En fait, cela dépend de la fin du mois. « Moi qui n’étais pas bon en mathématiques, j’ai commencé à faire des calculs, des probabilités, j’ai observé les joueurs de Tiercé qui prennent en compte tout un tas de facteurs dont le terrain », explique-t-il encore. Si le ticket venait à augmenter, il continuerait à parier mais ne se considère pas accro. A côté, son ami souligne : « Les clients jouent parce qu’ils n’ont pas d’argent. Pour moi, par exemple, c’est pour payer le repas du soir.» « Le gouvernement veut dissuader les joueurs mais la majorité se trouve dans une situation précaire. Quand on a une addiction, on va voir un vrai médecin», résume Joss, ticket en main. Aujourd’hui, il n’a misé que deux euros.
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