Par
Matthieu Van Bellinghen
Publié le
26 janvier 2025 à 9h38
Nous pourrions croiser Pierre à L’Aigle (Orne) des dizaines de fois sans s’en apercevoir. A 61 ans, aux cheveux blancs comme neige, il arbore un sourire bon enfant. D’ailleurs, il est très fier de dire qu’il a enfilé le costume du Père Noël cette année pour la première fois. C’était un honneur d’être quelqu’un d’autre aux yeux des enfants. Dans son appartement HLM de 40m carré il a accepté de nous recevoir. Il a allumé le radiateur électrique pour réchauffer les choses. Mais c’est une dépense qu’il ne se permet généralement pas.
“On ne voit personne ici, on vit entre les murs”
L’Orne est le département normand les plus touchés par la pauvreté. Précarité, Problèmes de santé et isolement vont souvent de pair. Le taux de pauvreté est 15,6 % alors que ce n’est que 13,7 % en Normandie et 14,4 % au niveau national. L’Orne vit une situation particulière.
La pauvreté vit cachée
Les chiffres sont connus, mais la réalité de ce que vivent les personnes touchées par leurs difficultés de vie reste cachée. Les personnes rencontrées ne parlent que modestement de leur situation. Ils veulent rester dignes. Il y a une certaine honte à admettre qu’on a besoin d’aide.
Beaucoup de personnes âgées pauvres ne demandent rien. Parfois par manque de savoir à qui s’adresser, selon une étude d’octobre des Petits Frères des Pauvres.
Précarité énergétique
Nous avons tous déjà rencontré Pierre ou d’autres personnes comme lui. Pierre porte deux pulls dans son appartement. Il s’y est habitué pour lutter contre le froid. La précarité énergétique est l’un des problèmes les plus graves cette année.
76 % les personnes âgées pauvres de la région estiment que leurs conditions de vie se sont dégradées. 49 % ont le sentiment d’être abandonnés au sein de la société. Et 69 % d’entre eux ont connu des privations en matière de nourriture, de chauffage ou de santé. Pierre vit du RSA en attendant sa retraite.
Le chauffage au gaz coûte 80 € par mois, je ne peux pas me le permettre
Avec son allocation adulte handicapéIl reçoit 592 € par mois. « Le matin, je ne mange pas », après une vie de petits boulots, de précarité et de périodes de chômage.
Les bénévoles des Petits Frères des Pauvres viennent en aide à 22 personnes âgées isolées du secteur de L’Aigle. Un chiffre en augmentation. 7 personnes doivent être vues prochainement pour savoir si elles peuvent bénéficier de leurs visites.
-Nous avons vu une personne qui éteignait son réfrigérateur en été pour économiser de l’électricité en prévision de l’hiver.
L’association des Petits Frères des Pauvres propose avant tout une aide morale. De la bénévoles donner de leur temps pour écouter les personnes isolées et les aider dans leurs démarches. Parfois des excursions ou des séjours de vacances sont proposés.
Quand on les écoute, 80% des problèmes sont résolus
Les Petits Frères des Pauvres ne se contentent pas d’écouter. Ils connectent aussi, ils mettent les gens en contact avec services d’aide. Le revenu moyen des personnes suivies varie de 1 000 € à 500 € par mois. En France, le seuil de pauvreté est de 1 216 € par mois pour une personne seule.
Les difficultés s’accumulent souvent
« Nous sommes souvent confrontés à des difficultés d’accès aux services de santé. Parfois, les médecins refusent de délivrer des titres de transport sanitaire.» L’association prend parfois en charge le transport des personnes nécessitant des soins.
Nous visitons un dame Homme de 83 ans qui vit seul dans un appartement. Elle ne veut surtout pas être reconnue. Elle ne veut pas non plus attirer des regards de pitié.
Cours avec accidents
Elle parle de son parcours. Son mari est mort, ses enfants sont partis, la ferme donnée à l’un de ses enfants. Elle perçoit une pension de survie. Elle n’a pas droit aux HLM. Elle vit dans un appartement humide pour lequel elle paie plus de 600 € par mois. Il a encore de quoi vivre en faisant attention à tout. « Le soir, je mange trois biscottes. »
Faire bouger les choses
L’association Les Petits Frères des Pauvres n’aide pas seulement et soutient les personnes âgées. Elle soldat également pour améliorer l’efficacité des politiques de maintien dans l’emploi des seniors. Pour une aide aux travaux d’adaptation et d’amélioration de l’habitat. Pour la mise en place du « service Bus France », un système permettant aux personnes âgées moins mobiles d’accéder aux services publics.
En début d’année, l’association compte toujours un peu plus de bénévoles qu’en fin d’année. Aider les personnes âgées isolées est moralement dur. Même s’il y a souvent des sourires et une sincère gratitude, être attentif entendre, sans juger, demande de l’énergie.
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