Olivier Pantaloni confides in the readers of Télégramme [Vidéo]

Les chances de retour en Ligue 1, ses méthodes sur le terrain, les liens entre la Corse et la Bretagne : l’entraîneur du FC Lorient, a répondu aux questions de huit lecteurs du Télégramme à l’espace FCL, ce mercredi 22 janvier 2025.

Martine : Au vu du classement actuel de l’équipe et par rapport à ceux que vous avez montés par le passé, quel est votre niveau de confiance à ce stade de la saison ?

Il y a une grande différence. Ajaccio, que j’ai couru deux fois (2011 et 2022), était une voiture de rallye, tandis que Lorient est presque une voiture de Formule 1 aujourd’hui. L’espoir d’y arriver est donc bien plus grand. C’est la première fois de ma carrière que j’ai un groupe avec autant de talent. A Ajaccio, nous avions moins de marge de manœuvre financièrement, donc nous étions très attachés à l’état d’esprit des joueurs que nous recrutions. Ici, il y a plus de qualité, donc je suis très optimiste sur l’issue de la saison.

Y a-t-il plus de pression ?

La pression est la même. A Lorient, je suis venu avec l’idée de jouer tout de suite en haut de tableau, alors qu’à Ajaccio ce n’était pas le cas. Mais une fois au sommet, la pression est la même qu’à Ajaccio, car il y a forcément plus d’attente de la part des supporters, qui ont tendance à oublier la différence de moyens.

Martine est abonnée à Télégramme et FCL. Elle a taquiné le sélectionneur sur son adaptation au temps pluvieux en Bretagne. (Le Télégramme / Nicolas Créac’h)

Hubert : Quelle est la stratégie pour cette deuxième partie de saison, maintenant que vous êtes en tête et que vous avez déjà rencontré toutes les équipes ?

Il n’y a pas forcément de stratégie. C’est un championnat très compétitif, qui se jouera entre cinq ou six équipes. Il n’y a pas de match facile en Ligue 2. L’important pour nous, c’est de trouver de la régularité dans nos prestations et nos résultats. Cette dernière victoire à Dunkerque (0-2) doit permettre de prendre une nouvelle dimension, en poursuivant cette dynamique à l’extérieur, qui doit être la même qu’à domicile en terme d’engagement des joueurs sur le terrain.

Quel serait votre scénario de rêve pour la fin de saison ?

Si nous pouvions prendre quelques points d’avance pour progresser de manière plus sereine et moins tendue, cela nous relaxerait et nous assurerions la montée avant la fin du championnat.

Quelle équipe a fait la plus forte impression contre Lorient ?

Je pense que c’est Dunkerque qui a posé beaucoup plus de problèmes à toutes les équipes

Hubert a interrogé le coach sur sa stratégie pour la fin de saison. (Le Télégramme / Nicolas Créac’h)

s de ce championnat.

Y aura-t-il des mouvements d’ici la fin du mercato hivernal (lundi 3 février à 23h59) ?

On sait que le club cherche à vendre, mais je n’ai pas de mot de départ à ce stade. Il n’y aura pas d’arrivée, sauf si un joueur important part. Le temps presse désormais, mais on n’est pas à l’abri de voir un joueur partir au dernier moment. J’ai dit à Arnaud Tanguy (directeur général) et Laurent Koscielny (coordinateur sportif) qu’il ne fallait pas s’affaiblir pour aller chercher le maintien. Ils en sont conscients.

Martine : Quelles sont vos ambitions à long terme pour le FC Lorient et vous voyez-vous ici sur le long terme ?

On ne prévoit pas très loin quand on fait un métier comme le mien ! (rires) L’objectif qui m’était fixé était de faire monter le FC Lorient dès la première année. Si je n’y parviens pas, il y aura logiquement des sanctions. Mais si nous y parvenons, continuer avec le club serait pour moi un immense plaisir.

On ne prévoit pas très loin quand on fait un métier comme le mien ! (rires) L’objectif qui m’était fixé, c’est de faire revenir le FC Lorient dès la première année.

Michaël : Comment intégrez-vous les jeunes joueurs qui montent dans le groupe pro ? Les traitez-vous différemment ?

Lorsqu’ils sont issus du centre de formation, ils sont considérés comme des joueurs professionnels. A eux donc de se montrer à la hauteur. Il y a peut-être un peu plus de clémence, mais le niveau d’exigence est le même en formation. Sinon, cela pourrait être critiqué par des joueurs plus expérimentés. Entrer dans un vestiaire professionnel doit rester un privilège. Les mentalités évoluent et les cadres sont un peu plus souples, mais à mon époque les jeunes devaient montrer leurs diplômes, porter les chaussures et les ballons, récupérer le matériel après la séance. C’était bien ! Aujourd’hui, les jeunes joueurs ont tendance à penser qu’ils sont arrivés dès la signature de leur premier contrat professionnel et qu’il n’y a plus rien à leur apprendre. Il faut souvent les ramener un peu sur terre.

L’échange très détendu a duré un peu plus d’une heure. Il était difficile d’arrêter les lecteurs tellement ils avaient de questions ! (Nicolas Créach / Le Télégramm)

Gilbert : Avez-vous rencontré ce problème cette saison ?

Non, pas à mon niveau. Cela dépend aussi de la personnalité et de la relation qu’on entretient avec les joueurs. Pour moi, ils sont tous égaux. J’essaie de faire mes choix en fonction de ce que je vois sur le terrain, pas en fonction de l’âge.

Loïc : Comment travaillez-vous pour remobiliser les joueurs ou les préparer pour le prochain match ?

Ce sont encore de grands enfants ! (sourire). Et comme un enfant, lorsqu’un joueur a commis une erreur et que vous lui faites remarquer, il arrive généralement à la comprendre et à la corriger. Avec la vidéo et les données, il est difficile de le nier aujourd’hui. Tous les joueurs sont équipés de balises GPS, tout est enregistré, aussi bien en match qu’à l’entraînement. Cela nous permet de calculer des charges de travail très précises afin qu’ils puissent donner le meilleur d’eux-mêmes le jour souhaité. Les statistiques de chaque match leur montrent quand ils doivent en faire plus.

Quelles sont vos recettes pour maintenir la cohésion de groupe ?

C’est toujours plus facile d’avoir de la cohésion quand les résultats sont là. Mais ce qui est important c’est de poser un cadre et de définir des règles de vie. J’ai entendu parler de certains excès la saison dernière, avec des arrivées de joueurs en retard et des imprudences qui perturbent forcément la vie du groupe. Certains joueurs ont tenté de sortir du rang en début de saison et ont été sanctionnés. La cohésion du personnel est également très importante. Il ne doit y avoir aucune faille, sinon des joueurs moins utilisés peuvent se précipiter pour trouver une oreille attentive et discuter des choix de l’entraîneur.

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C’est toujours plus facile d’avoir de la cohésion quand les résultats sont là. Mais ce qui est important c’est de poser un cadre et de définir des règles de vie.

Gilbert : Comment a évolué votre métier de coach ?

Cela a beaucoup changé pour les préparateurs physiques avec les outils qui mesurent toutes les données, on utilise aussi la vidéo pour analyser nos matchs et ceux de nos futurs adversaires. Nous avons deux analystes dédiés à ces tâches à temps plein. Dans l’ensemble, les effectifs sont beaucoup plus nombreux. Quand j’ai débuté comme coach, je préparais et dirigeais la séance de A à Z. Aujourd’hui, j’ai deux assistants (Erwan Le Postec et Yannick Cahuzac), qui me permettent de rester davantage en retrait lors des séances. et concentrez-vous sur l’observation des joueurs. Mais il y a beaucoup de discussions autour. On commence à 8h par une réunion avec le staff médical et on reste jusqu’à 19h le soir pour préparer la séance du lendemain et le match à venir.

Lionel : Comment s’est passée ton acclimatation en Bretagne ?

Je ne connaissais pas du tout la Bretagne. Il y a moins de soleil qu’en Corse, mais par rapport à mon travail, cela ne m’impacte pas. L’accueil au club a été excellent et les Bretons en général sont très agréables. Il y a une grande différence avec le Sud, ici, les gens sont moins familiers. Dans le Sud, vous êtes coach, vous êtes leur ami, ici il y a plus de retenue. En Bretagne, l’ambiance générale et la beauté des paysages font du bien. Je me demandais comment réagirait ma femme, qui a rarement quitté la Corse et qui est très proche de sa famille. Eh bien, elle est ravie d’être là et s’amuse.

Il y a une grande différence avec le Sud, ici, les gens sont moins familiers. Dans le Sud, vous êtes coach, vous êtes leur ami, ici il y a plus de retenue.

Avez-vous goûté à la gastronomie bretonne, qu’est-ce qui vous plaît ?

Bonne cuisine avec du beurre !

Qu’est-ce qui te manque le plus ?

Ma famille, mon père a 85 ans et il est un peu fatigué et mon fils étudie à Aix. Donc c’est un peu difficile.

Lionel a demandé à Olivier Pantaloni comment les Bretons l'avaient accueilli.
Lionel a demandé à Olivier Pantaloni comment les Bretons l’avaient accueilli. (Nicolas Créach / Le Télégramm)

Vous ne chassez pas ?

Oh non. Je ne suis pas un chasseur du week-end. Simplement, lorsque je suis dans mon village de Bastelica (à 40 km d’Ajaccio), j’aime me promener dans la nature et éventuellement attraper un pigeon pour cuisiner avec.

Françoise : Quel accueil avez-vous reçu de la part du public breton à Lorient et du public breton en général également ? Et seriez-vous prêt à chanter l’hymne breton ?

Oui, volontiers, pour l’hymne. Et pour l’accueil, je suis ravi, mais on a de bons résultats. Ici, le public respecte davantage les joueurs, les adversaires et les entraîneurs que dans le sud. Il y a quelques sifflements mais c’est rare. L’atmosphère est calme et cela apporte de la sérénité.

Comment avez-vous vécu les épisodes du début de saison avec les dérives des supporters ?

Je me mets à leur place. Leurs revendications portaient sur le fait de ne pas pouvoir suivre les matchs, notamment les matchs à l’extérieur le vendredi soir, en raison de changements d’horaire imposés à la dernière minute. Laissez-les manifester une fois, ok. Après ça devenait un peu embêtant de voir les matchs interrompus. A ce niveau-là, c’est toujours très difficile de partir.

Martine : Que pensez-vous du football féminin, au FCL et au niveau national ?

Je vais être honnête, je ne suis pas une grande fan du football féminin. Sur le plan technique et au niveau du rythme, ça va plus lentement. Mais je regarde cela avec un œil professionnel, pas celui du public.

Il y a de plus en plus de femmes abonnées au FCL, qu’en pensez-vous ?

Est-ce grâce à moi ? (rires). Qu’il y ait de plus en plus de femmes qui viennent au Moustoir et de plus en plus d’abonnés, c’est une bonne chose. En Espagne et en Italie, c’est une tradition d’aller au stade en famille. Jusqu’il y a peu, en , le public était exclusivement masculin dans les tribunes. Les choses évoluent positivement.

 
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