Des milliers de pochettes en plastique ont été abandonnées par l’Office National des Forêts (ONF) sur plusieurs parcelles forestières des Yvelines. Les preuves de cette pollution ont été recueillies par trois associations de protection de l’environnement, sur huit parcelles des forêts de Saint-Germain-en-Laye, Beynes et Fausses-Reposes, et jointes à une plainte déposée le 22 janvier auprès du procureur. de Versailles, que Reporterre a pu consulter. Elle vise àONF pour non-respect du Code de l’Environnement qui interdit l’abandon des déchets.
Reporterre a pu observer dans la forêt de Saint-Germain-en-Laye la présence de nombreux restes de protections en plastique semi-rigide noir, installées à l’origine autour des jeunes pousses pour qu’elles ne soient pas endommagées par les cerfs.
Certains sont enfouis dans le sol par le passage des tracteurs, d’autres sont encore positionnés le long du tronc d’un arbre de plusieurs mètres de haut. Des photos prises par les associations montrent également des manches déchiquetées par des engins de défrichement. L’analyse des archives d’images satellite de ces parcelles montre que les plantations datent de 15 à 20 ans pour quatre d’entre elles. Les autres semblent avoir été plantés il y a six ans ou ne sont pas lisibles par image satellite.
Cette pollution à grande échelle est reconnue par le directeur de l’agence ONF from Île-de-France West, Pierre-Emmanuel Savatte, contacted by Reporterre. Il minimise néanmoins : « Il y a eu des accidents et des pratiques qui, dans le passé, n’étaient pas très vertueuses. Nous allons cartographier les parcelles présentant une pollution plastique et faire un travail de rattrapage. Nous devons corriger la situation, mais cela ne se fera pas d’un coup de baguette magique. »
Il assure que la collecte des manchons de protection sera désormais systématique, « après plus ou moins dix ans selon les espèces et la fertilité du sol ». C’est le temps nécessaire à la végétation pour pousser suffisamment pour retirer les ronces du sol, facilitant ainsi les travaux de ramassage.
Le directeur régional, nommé il y a un peu plus d’un an, reconnaît également qu’une opération de broyage de végétation a déchiqueté des manches dans la forêt de Beynes. « Un accident »a-t-il déclaré, ajoutant qu’il a donné instruction aux entreprises d’élagage d’arrêter les travaux lorsque la présence de plastique est détectée.
412 à 782 kg par hectare
Jean-François Bron, de l’association Sauvons les Yvelines, a fait ses calculs. Il estime que la pollution représente 412 à 782 kg de plastique par hectare, selon le type de manchons et la densité de plantation. Ces manchons abandonnés représentent donc une masse totale de plusieurs tonnes dans les huit parcelles où ils ont été observés.
« Tout porte à croire que d’autres forêts d’Île-de-France présentent le même problème. »are concerned by the associations L’Appel des Forêts d’Île-de-France, Jade, and Sauvons les Yvelines, signatories to the complaint. « Une partie du plastique sera ingérée par la faune […] et l’autre partie rejoindra la nappe phréatique et l’eau potable qui en est extraite »écrivent-ils, soulignant que « plusieurs captages d’eau potable existent » dans la forêt de Saint-Germain-en-Laye.
Les risques du plastique pour la santé humaine sont de mieux en mieux documentés : plusieurs études notent des corrélations entre la présence de plastique dans l’air, le sol ou l’eau et une altération de certains organes (poumons, intestins…). , ce qui peut conduire à diverses pathologies.
De la “ investigations complémentaires »
La pollution plastique constatée dans les Yvelines n’a pas empêché leONF bénéficier d’une certification PEFC (Programme de reconnaissance des certifications forestières) sur l’ensemble de ses forêts d’Île-de-France. Le cahier des charges associé à ce label « gestion durable des forêts » est considérée comme permissive. Elle laisse ouverte la possibilité de procéder à des coupes à blanc à grande échelle (jusqu’à 10 hectares), une pratique qui dégrade les écosystèmes et nuit aux sols. Toutefois, cette certification prévoit que le propriétaire doit « respecter le territoire forestier en préservant […] le soleil ».
L’ONF obtient le renouvellement de sa certification régionale chaque année, après un audit ciblant quatre forêts choisies au hasard. En octobre 2023, les auditeurs ont conclu que « l’adéquation totale de la gestion appliquée par les agences ONF Les régions franciliennes dotées d’indicateurs de gestion durable »accueille leONF sur son site.
Interrogé par Reporterrel’organisme de certification PEFC Ouest prétend avoir, par l’intermédiaire de son conseil d’administration — dont leONF —, « a demandé que des enquêtes complémentaires soient menées sur le terrain ». De la « mesures adaptées » sera pris si « non-respect des exigences de certification PEFC est confirmé ».
« Arrêtez de raser les forêts »
Ce type de pollution a déjà été observé par le passé, comme en 2022 dans la forêt domaniale de Châtellerault (Vienne). Le responsable local duONF puis indiqué à La Nouvelle République être « conscient qu’il y a une perte, à un niveau que nous ne pouvons pas quantifier ».
Le risque que cette pollution existe à grande échelle est donc difficile à évaluer, notamment sur les parcelles privées qui représentent les trois quarts des forêts françaises. Une étude récente de l’Agence de la transition écologique (Ademe) révèle que les trois quarts des sols français examinés sont contaminés par des microplastiques. Cependant, seul 1 des 4 échantillons prélevés en forêt présentait des traces de microplastiques.
Comment prévenir les risques de pollution en forêt ? Plusieurs alternatives aux manchons plastiques sont à l’étude (clôtures de terrain, manchons en bois, laine de mouton ou carton), mais aucune n’est encore établie. Une solution serait de limiter au maximum les plantations. « Nous devrions commencer par arrêter de raser les forêts pour replanter des arbres. »dit Sylvain Angerand, de l’association Canopée, mobilisé contre le plan gouvernemental « 1 milliard d’arbres » qui offre des primes pour les coupes à blanc. La régénération naturelle ne nécessite en effet pas de planter de jeunes pousses, observe le militant.
« Normalement, on laisse la nature faire son travailassures Pierre-Emmanuel Savatte, mais des travaux de régénération artificielle sont parfois nécessaires, notamment lorsqu’il existe des agents pathogènes qui risquent de provoquer des chutes d’arbres. Il s’agit d’un problème de sécurité pour les marcheurs. Et ces réductions représentent pour nous un sacrifice. »
-La plainte déposée le 22 janvier s’inscrit dans le bras de fer engagé par les trois associations avec leONF. Ils lui reprochent d’avoir abattu des arbres et détruit des sols dans le bois de Beynes, dans le cadre de travaux forestiers démarrés le 16 décembre, à proximité d’un étang abritant des espèces protégées. Une première plainte a été déposée le 16 janvier pour destruction d’une espèce protégée.
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