Ce désarmement n’est pas le premier. Cela intervient dans un contexte où l’opposition contre les Méga-Bassins, leur modèle d’accaparement de l’eau et leur promotion de l’agro-industrie, n’a fait que s’intensifier et s’approfondir depuis plus de trois ans. Cette lutte historique a pris un tournant en multipliant et en diversifiant les formes de lutte contre ces projets. À partir de ce moment-là, le mouvement a continué à s’étendre et à montrer les possibilités d’arrêter le désastre en cours.
Nous avons marché à de nombreuses reprises sur ces chantiers, comme le 25 mars 2023 où nous étions plus de 30 000 à Sainte-Soline, dans une journée qui restera à jamais gravée dans nos mémoires et dans notre chair. Nous avons semé des cultures, découvert des Méga-Bassins, fait des éclats de fête, créé un blocus paysan du port de La Rochelle, construit des alliances internationales, etc. Par ces actions, nous avons rendu visible la filière des Méga-Bassins et les accapareurs qui en bénéficient. il. Plus largement, nous avons ouvert une brèche dans la lutte contre l’agro-industrie.
Nous pensons que si le système agro-industriel est un système à multiples tentacules, nous pouvons le combattre dans de nombreux endroits. Les méga-bassins, dernière fuite en avant d’un système moribond, sont des mesures concrètes pour lutter contre l’accaparement d’un bien commun.
La lutte contre l’agriculture extractiviste est une brèche qui permet de se réapproprier notre rapport matériel et politique à l’alimentation, à ses conditions de production et de consommation. Ce système détruit notre territoire, fait disparaître les paysans, spécule sur les fruits de notre exploitation et participe activement au pillage néocolonial.
-Dans cette démarche, le Groupe Charpentier, loin d’être la petite entreprise familiale qu’il prétend être, est l’acteur majeur sur les chantiers. Ce sont ces machines qui ont démoli en Vendée, drainé en Charente-Maritime et creusé dans les Deux-Sèvres. Cet ogre poitevin a bâti son empire sur l’artificialisation des terres et de grands projets inutiles. Avec ses 130 millions d’euros de chiffre d’affaires et ses 19 entreprises, ce groupe néfaste s’est considérablement développé en échange de son rôle dans les chantiers qui détruisent le Marais poitevin et le pays Mellois. Elle en a profité pour se doter de tout l’arsenal nécessaire pour être un acteur clé des métamorphoses de l’agro-industrie dans les décennies à venir.
A travers notre action, nous reconnaissons que la séquence dans laquelle nous nous engageons n’est plus celle de rendre visibles des acteurs déjà connus de tous, maintes fois interrogés, mais d’impacter clairement la suite des projets pour tout simplement les rendre arrêt. Si nous avons connu une répression sans limite ces dernières années, à travers le succès de notre action, nous renouons avec ce qui a fait la force de notre mouvement : un désarmement intelligent. Il est possible d’arrêter les projets de bassin par de nombreux moyens, recours juridiques, mobilisations populaires, réappropriation matérielle, luttes paysannes. C’est cette subtile multiplicité de pratiques qui nous permet aujourd’hui d’enfoncer le clou.
Au cas où notre argument ne serait pas clair pour certains. TP Charpentier a réalisé les travaux sur différents bassins. Tout acteur qui sera associé aux futurs projets de Méga-Bassines, que ce soit à St-Sauvant, La Clouère, Deux-Sèvres, Vienne et partout ailleurs où des projets sont à l’ordre du jour, en subira les conséquences.