Traduit par
Cécile Herrero
Publié le
22 janvier 2025
L’une des principales raisons de venir à la Fashion Week de Paris est de découvrir des marques indépendantes qui imaginent des vêtements résolument originaux et ne font aucun compromis sur leur vision. Les trois marques et défilés qui ont le mieux exprimé ce dynamisme sont 3. Paradis, Auralee et Egonlab.
3. Paradis : des vêtements d’hiver pour les rock stars
La dernière collection de 3. Paradis, mise en scène sur un podium de fausse neige, au son du vent qui souffle, montre à quel point l’hiver aide à nous calmer.
Tout comme les bruits de fond, toutes les fourrures sont artificielles et enduites de cire et de silicone, donnant aux modèles un aspect mouillé, comme s’ils avaient échappé de peu à une tempête de neige au Québec, d’où est originaire la fourrure. 3. Paradis.
Manteaux, pulls, sweat-shirts et capes impériales géantes sont utilisés pour créer une ambiance funky et très cool.
Une autre astuce stylistique consistait à utiliser des boîtiers de cassettes vidéo comme sacs pour hommes. Sur leurs couvertures, des affiches de films de Bruce Lee, comme celles que le fondateur et directeur créatif Emeric Tchatchoua regardait à Montréal durant son enfance. Bruce est même apparu sur une superbe chemise de chirurgien, bien que confectionnée en fausse fourrure de Yéti.
Emeric aime couper un jean large, pour mieux laisser apparaître cinq ceintures, du ventre presque jusqu’au genou. Des vêtements de travail nobles, comme une veste de facteur constellée de cristaux, – une série de doudounes confectionnées à partir de faux oreillers, à l’image de l’invitation à ce défilé.
« Je voulais donner l’impression que la neige crée un moment de calme. Loin du téléphone. Et que les oreillers apportent du confort, comme la mode », explique le créateur au look imposant.
L’un des créateurs de mode les plus charmants, Emeric Tchatchoua, est aussi l’un des plus innovants.
Egonlab : Une coupe impeccable, une ambiance sexy
Egonlab fait partie des marques qui abordent les problématiques sociales et politiques. Ses coupes extrêmes mais habiles, ses tissus inattendus et son esthétique sexy étaient comme un moment de libération de la mode lors d’un mercredi misérablement humide à Paris.
Le look est sexy, arty et fort, et exprime le désir de ne jamais avoir peur d’être différent. Le duo de créateurs Florentin Glémarec et Kevin Nompeix a coupé avec beaucoup de goût – comme un pantalon remarquable qui se prolongeait d’un côté en une large écharpe de deux mètres de long qui s’enroulait et drapait autour du corps.
Ils ont sorti les manteaux les plus imposants, noués haut dans le cou, à la fois subversifs et sophistiqués. Ajoutez à cela des tuniques avec des méga œillets et des lacets en cuir sans fin, des pantalons huard brillamment coupés, des jeans trop longs avec des brides aux chevilles et des manteaux en fausse fourrure de la légende du rock Yeti, et cette collection a commencé la fête comme elle devrait l’être.
“Nous avons réfléchi à l’importance du respect des minorités et des personnes différentes du reste de la population”, a déclaré Florentin Glémarec. Et Kevin Nompeix d’ajouter : « Nos vêtements peuvent avoir l’air mouillés ou donner l’impression que quelque chose bouge. C’est un peu comme dans le Monde d’aujourd’hui, où les hommes politiques les plus extrémistes tentent de créer des divisions.»
Organisé dans la pénombre à l’intérieur de l’Institut du Monde Arabe, sous une pluie battante à l’extérieur et une circulation rappelant une scène de « Bladerunner », ce défilé d’Egonlab était une puissante déclaration stylistique et sociale.
Auralee : De Séoul à la Seine
Il aurait été facile de croire que cette collection a été conçue par un Français tant elle respire le cool gaulois et la nonchalance saint-germaine.
Au lieu de cela, Auralee a été conçue par Ryota Iwai, d’origine coréenne, qui serait née dans le marais dans une autre vie. Le quartier où l’on pouvait porter avec plaisir leur look d’ouverture – un élégant pardessus en gabardine et un pantalon assorti porté avec une veste en cuir style Perfecto. Ou le parfait sweat-shirt/doudoune en daim rose poussiéreux ou un cardigan David Byrne oversize porté avec un jean japonais oversize.
Dans ce défilé mixte, il a également présenté des manteaux cocon qui ne demandaient qu’à être portés par Simone de Beauvoir, ou encore des vestes motardes et des bandeaux masculins idéaux pour Juliette Greco.
Présenté dans un espace blanc et sobre face au grand magasin Printemps, ce défilé était une expression de Séoul sur la Seine.