«Je ne sais pas ce qui s’est passé. J’avais activé le régulateur de vitesse à 80 km, je me souviens avoir regardé le radar, puis avoir trouvé ma tête dans le volant. » Lundi 20 janvier, un réparateur agricole de 38 ans a comparu devant le tribunal judiciaire de Périgueux pour homicide involontaire, après le décès de sa compagne dans un accident de la route survenu le 21 octobre 2023, en Dordogne. La consommation de cannabis a ensuite été détectée lors de la prise de sang réalisée auprès du conducteur. Lequel a été hospitalisé pendant trois semaines après les événements, dont quinze jours en réanimation.
Ligne droite
L’accident s’est produit vers 15 heures, sur la route départementale de Saint-Romain-Saint-Clément, une « route propre, en ligne droite, sans autre véhicule », selon les mots du président du tribunal. La maman, pour consoler leur bébé, alors âgé de 6 mois, était à l’arrière, côté conducteur, le ceinmal attaché. Sa petite-fille de 8 ans, née d’une précédente union, était sur un rehausseur à l’avant. Le bébé s’en est sorti sans blessure, et l’enfant a souffert de contusions à l’aine, selon son père qui s’est porté partie civile « pour l’euro symbolique ».
Que sait-on de ce road trip fatidique ? La voiture a traversé la route, heurté un arbre dans le sens de la circulation, en direction de Brantôme, et éraflé le garde-corps de sécurité situé à gauche de la route. Sans pouvoir vérifier s’il y a eu endormissement ou perte de conscience. L’usage de stupéfiants, en l’occurrence le THC, a donc occupé les débats à la barre.
“Ça va être important pour votre enfant : si vous n’y arrivez pas, faites-le pour lui”
Interrogé, le prévenu, qui affirme avoir complètement arrêté sa consommation, n’y croit pas. “Je n’avais pas fumé ce jour-là, ni la veille”, a-t-il précisé, sans cacher qu’il consommait alors du cannabis “deux à trois fois par semaine”. Et de partager son sentiment de culpabilité. « Je me sens énormément coupable, j’ai perdu ma femme, j’en ai privé son fils et sa fille, je m’en reprocherai toute ma vie. Si je pouvais y retourner et si je pouvais être à sa place, je le ferais. »
-Suivi psychologique
« Un dossier lourd et des investigations concises », a souligné son avocat, après l’intervention des parties civiles. Le père de la petite fille et la demi-soeur de la victime ont évoqué l’impact psychologique du drame. « J’aurais aimé un mot de regret pour moi et pour celui de ma mère, de ma grand-mère, de mes enfants », confie la demi-sœur, la voix hésitante.
Aujourd’hui, le prévenu, toujours en arrêt maladie, élève seul son fils. Bénéficie-t-il d’un suivi psychologique ? « Je n’y arrive pas, mon moral est à zéro, j’ai peur de ne rien dire », témoigne-t-il. « Ce sera important pour votre enfant : si vous n’y parvenez pas, faites-le pour lui », propose un évaluateur.
L’examen juridique n’obscurcit pas l’humanité. Le tribunal a condamné le prévenu à deux ans de prison avec sursis total et a ordonné le retrait obligatoire de son permis, avec interdiction de le reprendre dans un délai de six mois. Une décision en deçà des exigences du procureur qui souhaitait également que cette peine ait un « caractère symbolique ».