Notre-Dame-des-Landes (Loire-Atlantique), report
« Ils avaient leur invocation : l’État de droit, contre la zone de non-droit. Eh bien, cette règle de droit a été utilisée contre eux »célébrez Nath et Isa dans leur mégaphone, dans leurs tenues colorées et pailletées. Tour à tour, ils invoquent leur propre rite, contre les figures de Manuel Valls, Bruno Retailleau et Gérald Darmanin. Trois ennemis notoires de la zad de Notre-Dame-des-Landes, « spectres » unis au sein du gouvernement actuel.
Le 17 janvier était le « fête du bocage sans avions » sur l’ancienne zad de Notre-Dame-des-Landes. Sur place, cette journée est une « jour férié » depuis 2018. L’ancien Premier ministre Édouard Philippe avait alors annoncé l’abandon du projet d’aéroport du Grand Ouest, après une dizaine d’années d’occupation des terrains par les opposants au projet.
Et pour fêter les sept ans de l’abandon de l’aéroport, l’ancienne zad s’est vu offrir le 16 janvier un joli cadeau : la signature des premiers baux emphytéotiques (contrats immobiliers de longue durée), permettant aux habitants de rester et de vivre pendant au moins vingt ans dans plusieurs bâtiments occupés par le mouvement, concluant plusieurs années de négociations avec le département de Loire-Atlantique.
Des baux ruraux avaient déjà été signés pour le terrain en 2019, mais du côté du logement, « nous sommes restés officiellement squatteurs »décrit Nicolas, résident de l’ex-zad depuis 2012. Aujourd’hui, environ 200 personnes y vivent, réparties dans une quarantaine de lieux collectifs.
« Cela nous permettra de nous projeter »
Alors que le soleil éclatant se couche sur la campagne, Nath et Isa invitent trois groupes à lancer « balles de location »composé de photocopies desdits documents signés enroulées autour d’une feuille de laurier, symbole de victoire et de protection. Les balles devaient ensuite passer par la bouche de masques géants représentant les trois hommes politiques ridiculisés. « On a décidé de leur faire manger de l’état de droit »les deux membres rient.
Benj, 37 ans, habitant de l’ancienne zad depuis dix ans, est rassuré par la signature de ces premiers documents. « Cela nous permet de moins apparaître comme des méchants vivant hors du cadre.» rit-il, tout en gérant la direction de la fête. Cela nous permettra de nous projeter, de nous ouvrir davantage aux structures associatives, scolaires ou autres initiatives. »
Mais il avoue : « Cela n’a pas été facile. » Premièrement, il y a eu des tensions avec ceux qui ne voulaient pas négocier avec les institutions. Deux postes supplémentaires « irréconciliable » aujourd’hui, il regrette : « Nous n’avons jamais voulu entrer en négociation, mais nous avons préféré l’idée de continuer à faire évoluer notre modèle d’existence et de contribuer à définir le cadre qui le dénaturerait le moins possible. »
Tout n’y est pas encore rose. Les autres bâtiments doivent faire l’objet d’une régularisation. Et les maires de Notre-Dame-des-Landes et de Vigneux-de-Bretagne, les deux communes dans lesquelles est implantée l’ex-ZAD, ont protesté contre les négociations avec le département dont ils sont exclus et la présence de logements légers qui ils ne veulent pas reconnaître. Le 17 janvier, un forum réunissant plus de 500 signatures de « membres d’associations, syndicats et organisations agricoles, Amap, parents, habitants·sont issus de communes voisines » a été rendu public, demandant aux deux maires d’envisager « des solutions constructives pour ceux qui soutiennent et cultivent notre territoire ».
250 victoires environnementales
Avant d’aborder ces nouvelles phases de négociation, il était temps de faire la fête. Parmi les près de 400 personnes rassemblées dans le froid glacial de l’hiver, des militants d’autres luttes étaient présents. Comme Julien Le Guet, porte-parole de Bassines non merci, commis contre « mégabassin » in the Poitevin marsh. Or members of La Tête dans le sable, fighting against sand quarry extensions in Saint-Colomban (Loire-Atlantique). Two struggles supported by the Earth Uprising movement, initiated in Notre-Dame-des-Landes.
Et tout le monde est arrivé avec une bonne nouvelle de l’année dernière : l’illégalité confirmée de plusieurs bassins, l’abandon d’un projet d’extension de carrière… « L’histoire et les gouvernements ont souvent tendance à effacer les luttes. Chaque année, nous devons rappeler que c’est par nos actions que nous parvenons à préserver des territoires ou des milieux humides. »» clame Nicolas au mégaphone, sous un barnum surchauffé pour célébrer la victoire de Notre-Dame-des-Landes autant que les 249 autres victoires écologistes récemment enregistrées par l’association Terres de luttes.