En Indre-et-Loire, le tri des biodéchets loin d’être généralisé un an après la loi

“Ça s’est passé comme des petits pains chauds” » rit encore un observateur qui préfère rester anonyme. Entre fin 2023 et début 2024, il n’était pas rare de voir des files d’attente se former devant des piles de planches ou de bacs en plastique : plusieurs milliers de composteurs individuels ont été distribués par les collectivités, jusqu’à rupture de stock. Il y a tout juste un an, la loi anti-gaspillage imposant le tri à la source des biodéchets est entrée en vigueur, appelant les collectivités à trouver des solutions. Déployés en masse, des composteurs individuels, et quelques centaines de composteurs collectifs, ont lancé une dynamique. Mais ils sont loin d’avoir permis d’absorber les dizaines de milliers de tonnes de biodéchets produits chaque année dans le département.

«On est en pleine montre»

Selon un inventaire de l’Ademe Centre-Val de Loire publié en octobre 2024, la population régionale ayant accès à une solution de tri à la source des biodéchets n’est que de 22 %, avec des variations selon les territoires : en Indre-et-Loire , seule la Communauté de Communes Gâtine-Racan atteint un taux de couverture de plus de la moitié de ses habitants, le Chinonais Smictom oscille entre 30 et 50%, et le reste du département reste en dessous du taux de couverture. 30% de sa population. Dans les zones les plus densément peuplées, notamment dans l’habitat collectif, les objectifs de « généralisation » du tri prévus par la loi sont loin d’être atteints. «On est en pleine montre»note Luc Favia, vice-président chargé des déchets de la Communauté de Communes du Val d’Amboise.

Dans la Métropole de Tours, les composteurs individuels distribués et les 213 sites de compostage mutualisés sont loin de pouvoir absorber les plus de 10 000 tonnes de biodéchets produits chaque année.
© Photo NR, Julien Pruvost

A Tours Métropole Val de Loire, l’installation de 213 sites de compostage mutualisés ne profite, avec un maximum de 20 utilisateurs par site, qu’à peine 1,4% de la population de la Métropole, a calculé l’association Zéro. Déchets Touraine, l’un des prestataires accompagnant ce déploiement. Les près de 300 tonnes de biodéchets ainsi collectées et recyclées chaque année sont loin d’être les mêmes. « 10 000 tonnes de biodéchets à collecter »acquiesce Martin Cohen, vice-président adjoint aux déchets de la Métropole et président de Touraine propre.

-

Pour compléter son arsenal, la Métropole déploiera donc, dès septembre 2025, une collecte basée sur 500 points de dépôt volontaire. « Les biodéchets collectés seront déconditionnés et hygiénisés pour préparer ce que l’on appelle « une soupe », qui sera envoyée dans l’un des digesteurs de méthane du département »explique Martin Cohen.

Solutions complémentaires

Ces solutions « mixtes », combinant compostage localisé et collecte, ont été choisies par seulement 35 % des territoires du Centre-Val de Loire, selon l’Ademe, tandis que 47 % jugent le compostage suffisant. C’est le cas des trois territoires de l’ouest du département, tandis que ceux de l’est, comme Loches Sud Touraine, ont complété leur dispositif avec des points de dépôt volontaire. Ainsi, tout en favorisant le compostage individuel « pour les résidents disposant d’un jardin de plus de 100 m2 »la communauté de communes propose des solutions “complémentaire” pour ceux qui n’ont pas d’extérieur, ou qui sont trop petits pour installer un composteur individuel.

“Nous défendons l’idée de complémentarité des solutions”, soutient Sébastien Moreau, secrétaire adjoint de l’association Zero Waste Touraine. Car si la collecte peut offrir une solution de tri à une plus grande partie de la population, les points de compostage collectifs ont une dimension pédagogique et de lien social. L’association s’est également positionnée pour mener des activités de sensibilisation auprès des ménages dans le cadre de la mise en place de la collecte des biodéchets dans la métropole. « Les biodéchets ne sont pas n’importe quels déchetsargues Sébastien Moreau. C’est le vivant, qui nous permet de prendre soin du vivant. »

 
For Latest Updates Follow us on Google News
 

-

PREV Atle Lie McGrath pour un triplé norvégien, premier top 10 pour Paco Rassat
NEXT Un nouveau plan pour l’accessibilité des services dans les Hautes-Alpes