Avec 2,3 % d’inflation en 2024, la France fait partie des bons élèves de la zone euro, où l’inflation se situe en moyenne autour de 2,4 %, selon l’indice des prix à la consommation harmonisé (IPCH). ) publié vendredi 17 janvier.
L’IPCH, calculé à partir des données transmises par l’INSEE, permet d’effectuer des comparaisons entre pays européens. Il diffère un peu de l’indice habituellement utilisé en France. Cet indicateur montre qu’en 2024, la hausse générale des prix des biens et services est la plus marquée en Roumanie (5,8%), voire en Belgique (4,3%) et la plus faible en Lituanie et en Finlande (0,9 et 1,1%).
La première puissance économique européenne, l’Allemagne, a enregistré une inflation de 2,5%, l’Espagne de 2,9% et presque autant que la Grèce (3%).
Contrôle des prix de l’énergie agricole et de l’énergie
Après une année 2022 à 5,9% d’inflation et une année 2023 à 5,2%, selon Eurostat, la forte baisse de l’inflation française en 2024, qui se rapproche de la barre des 2%, s’explique principalement par l’accalmie des prix alimentaires. Ces dernières n’ont en effet augmenté que de 1,4 % en 2024, selon l’Insee. Bien loin de la hausse de 11,8% enregistrée l’année précédente.
Dans ce secteur, la France présente des avantages par rapport aux autres pays européens. En tant que puissance agricole, le pays dépend moins des importations et est moins soumis à la pression internationale sur les prix. D’autre part, « La grande distribution française est plus forte qu’ailleurs, ce qui permet de négocier des prix plus bas » pour les consommateurs, note Anthony Morlet-Lavidalie, économiste pour Rexecode.
Les prix de l’énergie sont une autre composante clé de l’inflation dans la zone euro. Or, dans ce domaine, la France « a fait un usage beaucoup plus important des outils de contrôle des prix de l’énergie, ainsi que des loyers, qui ont pu ralentir la transmission du choc inflationniste », comments Fabien Bossy, chief economist France at Société Générale CIB.
-Le bouclier tarifaire sur le gaz et l’électricité mis en place fin 2021 et prolongé jusqu’en 2024 a permis de contenir la hausse des prix de l’énergie, qui a plus sévèrement pénalisé les pays voisins. Même si la fin de ce bouclier tarifaire est prévue pour le 1er février, la baisse des prix sur les marchés devrait tout de même permettre de faire baisser la facture d’électricité des Français.
Quand certaines « faiblesses » deviennent des forces
Le niveau stable des salaires en France, qui augmentent moins vite que dans les autres pays européens, aurait aussi été un avantage pour ne pas alimenter le moulin de l’inflation selon les analystes. La France sait en effet « une hausse des salaires plus faible que dans le reste de la zone euro »souligne l’économiste Anthony Morlet-Lavidalie. En comparaison, en Allemagne, les salaires « étaient très faibles au cours des dix ou quinze dernières années et sont en train de rattraper leur retard » ce qui fait grimper l’inflation du pays.
Par ailleurs, la France est l’un des pays les plus désindustrialisés d’Europe et aurait donc pu moins répercuter la hausse des prix des matières premières sur les produits manufacturés. “Dans un secteur comme l’automobile par exemple, les prix ont beaucoup plus augmenté en Allemagne, car il s’agit de produits plus haut de gamme”explains Anthony Morlet-Lavidalie. « La France se spécialise dans quelques biens ; l’aéronautique, le luxe, un peu de pharmacie, mais pour le reste, la chimie lourde ou la métallurgie par exemple, on a beaucoup moins de capacité à faire monter les prix”poursuit l’économiste de Rexecode.
Par ailleurs, mais cela concerne tous les pays européens, après deux années à des niveaux élevés, notamment en raison du déclenchement de la guerre en Ukraine, les prix des matières premières (énergie, métaux, etc.) se sont calmés en 2024, ce qui a réduit la les coûts de production des biens manufacturés, et donc leurs prix. Sur un an, en 2024, l’indice des prix à la consommation des produits manufacturés a baissé de 1,4 % en France.