Déjà réputé pour l’excellence de son service ophtalmologique ou de sa maternité, l’hôpital de Mantes-la-Jolie (Yvelines) devrait se distinguer dans une nouvelle spécialité. L’établissement s’apprête à ouvrir un service qui devrait sérieusement améliorer le traitement des accidents vasculaires cérébraux : baptisée « thrombectomie mécanique », cette unité permettra aux victimes d’un AVC de gagner de précieuses minutes.
Dans la majorité des cas, les accidents sont provoqués par des caillots qui, en migrant vers le cerveau, y bloquent un vaisseau sanguin. Plus cette artère est obstruée longtemps, plus le risque de séquelles est grand. L’urgence est alors mesurée en minutes.
Bien souvent, l’acte médical de base consiste en l’injection d’un produit anticoagulant destiné à détruire ce blocage. « Mais ce type de substance présente un risque hémorragique qui n’est pas négligeable. De plus, les plus gros caillots peuvent résister », confie Christophe Lenclud, médecin réanimateur à l’hôpital de Mantes.
Un fil équipé d’une… pince
C’est là qu’intervient la technique de la thrombectomie, qui, par certains aspects, s’apparente à de la « plomberie médicale » : le médecin utilise un cathéter extrêmement fin qu’il introduit dans l’artère fémorale. Ce « fil » va remonter jusqu’au cerveau pour retirer le caillot, comme une pince ordinaire. L’opération ne dure que quelques minutes et est réalisée à l’aide d’un appareil d’imagerie médicale permettant de suivre, en direct, le « parcours » du cathéter.
Jusqu’à présent, ce geste n’était pas pratiqué dans les Yvelines. Un patient ayant composé le 15 pour la survenue d’un accident vasculaire cérébral a été orienté vers la Normandie – Rouen et Caen – ou vers les hôpitaux parisiens. Un parcours qui pourrait statistiquement augmenter le risque de séquelles.
C’est aussi une question d’égalité territoriale
« En général, il est admis que l’idéal est d’intervenir dans les 90 minutes suivant les premiers signes. Grâce à l’ouverture de ce nouveau service à Mantes-la-Jolie, ce délai sera considérablement réduit », constate Diane Petter, directrice générale du groupement hospitalier régional qui regroupe les établissements de Mantes-la-Jolie, Poissy–Saint – Germain et Les Mureaux.
L’agence régionale de santé, qui a décidé de cette mise en place, y voit aussi une forme de rééquilibrage territorial. Trop éloignée de Paris, pas assez proche des grands centres normands, Mantes-la-Jolie souffre d’une position excentrique qui l’exclut de certaines spécialités. « Le sujet est d’éviter l’isolement sanitaire d’une partie de la population », explique Simon Kieffer, directeur de la délégation départementale de l’agence régionale de santé. Plusieurs établissements étaient candidats, mais nous avons retenu Mantes-la-Jolie pour ces questions. »
Estimé à près d’un million d’euros, ce service lié à la neurologie a été en partie financé par le conseil départemental. Elle devrait réaliser à terme une centaine d’interventions par an.