“A Mayotte, la situation ne s’améliore toujours pas”

“A Mayotte, la situation ne s’améliore toujours pas”
“A Mayotte, la situation ne s’améliore toujours pas”

« La pénurie d’eau plonge l’archipel dans une crise sanitaire. Tout le monde n’a pas d’eau que l’on pourrait qualifier de potable. L’eau qui coule du robinet est de la boue ! Pour éviter diverses infections, les Mahorais le diluent dans de fortes doses d’eau de Javel, provoquant des réactions cutanées, divers problèmes digestifs et des gastro-entérites chez les nourrissons. Le mieux serait d’utiliser des pastilles pour purifier l’eau, mais du jour au lendemain, les prix ont grimpé en flèche tandis que des épidémies de choléra, de salmonellose, de diphtérie, etc. sont à l’affût. Dans ce contexte, il était essentiel pour nous de fournir de l’eau potable à nos collaborateurs. Grâce à l’aide humanitaire mise en place par la profession, nous pourrons remettre trois packs d’eau à chacun des cinquante salariés qui travaillent dans l’une des vingt-sept pharmacies de Mayotte. Les antibiotiques font également cruellement défaut. Je ne peux délivrer que 3 ou 4 boîtes par jour alors que je vois une trentaine d’ordonnances par jour. Les médecins sont obligés d’amputer partout. Les autorités devraient augmenter les quotas et nous devrions pouvoir bénéficier de stocks de sécurité. Sur Augmentin et amoxicilline en priorité.

Les réseaux électriques et internet ne sont pas encore rétablis partout sur l’île. À ce jour, deux pharmacies fonctionnent toujours sans électricité, ou utilisent l’électricité 3 ou 4 heures par jour. Ensuite, ils sont plongés dans l’obscurité. Pas facile dans ces conditions de télétransmettre les droits des patients à l’Assurance Maladie ! Quand ils ont des droits. De nombreux pharmaciens livrent gratuitement pour assurer au mieux la continuité des traitements de nos patients. Mais face au chaos, beaucoup les ont interrompus. Grâce à l’entraide de la profession, des modems de connexion internet par satellite ont été envoyés aux vingt-sept pharmacies et cela nous permettra de travailler dans de meilleures conditions. Il ne faut pas oublier que nous manquons de personnel. Beaucoup de nos collaborateurs n’ont plus de toit et sont contraints de gérer leurs proches. Aujourd’hui, nous sommes toujours sans nouvelles de deux employés de pharmacie. Nous ne savons pas ce qui leur est arrivé ! Notre douleur est immense. La Caisse Nationale d’Assurance Maladie (Cnam) nous a accordé une avance de trésorerie de 50% pendant trois mois. C’est bien, mais c’est insuffisant. Compte tenu des conditions, il est regrettable que l’avance de 80%, comme nous l’avions demandé, ne nous ait pas été accordée.

Que dire de la pré-alerte cyclonique avant le passage de la tempête Dikeledi attendu ce dimanche ! Nous espérons juste que ce cyclone sera moins fort. Certaines pharmacies de Mayotte n’ont plus de toit en dur, mais une simple toile. »

Lundi matin, la rédaction du Moniteur des pharmacies n’a pas pu obtenir d’autres nouvelles de Gérard Eap. Le sud de Mayotte a été une nouvelle fois en proie à des vents extrêmement violents et à des pluies torrentielles.

 
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