L’hypothèse de 50 millions de quintaux est-elle plausible ?

L’hypothèse de 50 millions de quintaux est-elle plausible ?
L’hypothèse de 50 millions de quintaux est-elle plausible ?

LLa campagne agricole actuelle ressemble beaucoup à celles des dernières années, marquées par l’irrégularité des précipitations dans l’espace et dans le temps. Le mois d’octobre a bien démarré, mais depuis, les pluies manquent. Les quelques précipitations enregistrées ici et là avaient généré une réserve d’eau très faible, incapable d’assurer un bon déroulement de la saison.

Lors de son dernier Conseil, Bank Al-Maghrib a avancé l’hypothèse d’une récolte céréalière de 50 millions de quintaux, soit une baisse de 31% par rapport aux prévisions de la loi de finances 2025. Généralement, la Banque Centrale attend le mois de mars pour faire une projection définitive. Actuellement, les conditions ne sont pas favorables pour assurer une bonne récolte. Le manque de pluie a dissuadé de nombreux agriculteurs de commencer à travailler leurs terres, qui représentent, pour une année normale, plus de 5,3 millions d’hectares.

« La saison des pluies a été reportée. Ce phénomène n’est pas isolé et ne concerne pas uniquement le Maroc. Elle touche également d’autres régions du monde, notamment le pourtour méditerranéen. Au lieu de commencer au milieu de l’automne et de s’étendre jusqu’au printemps, il commence début octobre et s’étend entre novembre et janvier, pour reprendre en février. Ce n’est que bénéfique pour les cultures de printemps et les semis tardifs ; même les parcours naturels n’en profitent pas suffisamment pour enrichir les pâturages. En raison de la sécheresse de ces dernières années, le sol dans les zones de fraises devient dur et ne parvient plus à retenir l’humidité. Les opérations de semis deviennent compliquées et l’eau de pluie ne pénètre pas assez profondément pour favoriser la croissance des plantes et toucher les racines », explique Abdelmoumen Guennouni, agronome.

Même pour les zones irriguées, la situation ne s’annonce pas bonne. Les réserves des barrages sont à un niveau inquiétant et la nappe phréatique est fortement impactée. « De manière générale, toutes les cultures sont impactées par le manque de pluie. Mais les secteurs les plus touchés sont les céréales, les légumineuses, les cultures fourragères et particulièrement l’élevage. L’actuelle campagne nationale de recensement du cheptel donnera une idée de son évolution, du nombre d’animaux, des races existantes, de l’âge et du sexe… Ce qui permettra au gouvernement de prendre les mesures qui s’imposent. Il ne faut pas oublier que l’Aïd Al-Adha arrive dans six mois et qu’avec l’environnement restrictif actuel du secteur, le risque est grand que l’offre ne couvre pas la demande. L’opération d’importation de moutons n’a pas résolu le problème et la filière viande rouge affiche des prix record. Reste à espérer que la pluie soit au rendez-vous pour le mois en cours et février afin de redresser quelque peu la situation. Ce qui est sûr, c’est que les 50 millions de quintaux de récoltes évoqués par BAM ne sont pas durables. Mamda, une compagnie d’assurance agricole, n’a pas encore commencé ses souscriptions, même si l’opération ferme normalement le 15 décembre de l’année. Elle attend d’avoir plus de visibilité et aussi le réconfort d’une organisation internationale», affirme Guennouni.

Les réserves d’eau des barrages inquiètent

Le taux de remplissage des barrages ne dépasse pas 24 %. Certains grands barrages atteignent un point très critique. C’est le cas du barrage d’Al Massira, le deuxième du pays qui alimente le périmètre irrigué des Doukkala, asséché. Bin El Ouidane, la troisième structure du pays, est à moins de 10 %. Heureusement, certains bassins hydrauliques desservant d’importantes régions agricoles affichent des niveaux soit stables, soit en excès par rapport à l’année dernière. Ainsi, au 3 janvier 2025, les réserves en eau du bassin Souss-Massa affichent un taux de 47,35%, celles du Loukkous 38,83% (668 millions de m3). Quant à Sebou, elle dispose d’une réserve de plus de 2 milliards de m3, soit un taux de 36,37%.

 
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