Après l’annonce vendredi de la fermeture de la prison pour femmes par le ministère de la Sécurité publique (MSP), les détenues ont des craintes quant à leur sort si elles sont transférées au centre de détention Leclerc, à Laval.
“Je veux que chacun soit conscient des répercussions et des bouleversements que la fermeture du Centre de détention pour femmes (CDF) va apporter dans la vie de nombreuses femmes qui ne souhaitent qu’une chose : s’en sortir”, écrit une détenue du centre. qui se dit « prête à se battre » pour que le CDF reste ouvert.
Une cinquantaine de femmes devront être relocalisées du centre de détention de Québec, surnommé Orsainville, au centre de détention Leclerc, juste au nord de Montréal, une décision qui n’est pas accueillie chaleureusement par tout le monde. L’avocate des détenus, Me Adèle Juster, explique que le transfert de ces femmes à Laval compliquera le processus judiciaire et engendrera des coûts, notamment de transport, pour les détenus, les avocats de la défense et les familles des détenus.
“Je trouve ça fou […] de nous transférer à la prison de Laval où les liens avec nos proches seront coupés ainsi que les relations avec nos avocats», a déclaré l’auteur de la lettre, qui a souhaité garder l’anonymat afin d’éviter tout risque de représailles.
Un processus déstabilisant
«Cela peut créer des problèmes, par exemple, sur la question des contacts avec la famille et des contacts avec l’avocat. Mais cela peut aussi avoir un impact important sur la réinsertion sociale. Si la personne est engagée dans un programme de travail, de formation ou de cours, cela peut interrompre le processus entamé et avoir des répercussions sur une éventuelle libération conditionnelle », indique Jean-Claude Bernheim, expert en criminologie.
Selon Me Juster, c’est le cas de sa cliente qui participe actuellement à un programme d’ateliers lui permettant de travailler et de gagner un peu d’argent et donc d’autonomie.
Des liens sont également créés avec les agents correctionnels du Québec. « Il y a un an, je suis entré dans cette prison totalement perdu et effrayé […]mais les agents correctionnels du CDF ont su m’aider, changer ma façon de voir la vie et faire de moi une nouvelle personne », écrit le détenu.
Une détenue du Centre de détention pour femmes de Québec a écrit une lettre pour manifester son mécontentement face à la fermeture du centre.
“C’est quelqu’un qui est en procédure judiciaire sans antécédent, donc c’est sûr que pour une personne qui est en détention pour la première fois, il faut un peu de soutien pour s’en sortir”, mentionne Me Juster en parlant. de son client.
Déplacer le problème ailleurs
La décision du MSP a été prise afin d’alléger la tâche des agents, notamment, qui doivent effectuer un nombre élevé d’heures supplémentaires obligatoires. Cependant, déplacer les détenus vers le centre de détention de Leclerc pourrait simplement déplacer le problème ailleurs, a déclaré Bernheim.
« Il est de notoriété publique que les conditions de détention à Laval sont exécrables et, par conséquent, accueillir de nouveaux détenus n’améliorera pas la situation », rapporte-t-il. «On peut penser que le personnel correctionnel qui est déjà en place est probablement surchargé, donc on va le surcharger encore plus.»
Celui-ci précise que le MSP a tendance à agir uniquement lorsqu’il y a une crise plutôt que d’examiner le fonctionnement global des institutions : « Quand il y a une crise, ils tentent de répondre temporairement à un problème qui peut être récurrent ».
De son côté, le ministère répond : « La situation dans les établissements de détention du Québec fait partie des priorités du ministre. Il a demandé aux équipes du ministère de travailler à des solutions pour aider les agents correctionnels sur le terrain.