Mauvais départ. Dans l’opinion publique, la nomination et les premiers pas de François Bayrou à Matignon sont jugés très durement. Le quatrième Premier ministre du deuxième quinquennat d’Emmanuel Macron n’obtient que 20% de jugements favorables selon le baromètre Ipsos – Cesi School of Engineering – Dimanche à la Tribune. C’est 14 points de moins que Michel Barnier après son installation rue de Varenne et 17 de moins que Gabriel Attal. Le maire de Pau est très loin de faire le plein de partisans de Renaissance-MoDem-Horizons avec 52% d’opinions positives. Il n’obtient que 24% parmi les sympathisants LR-UDI.
Son niveau de jugements défavorables (59%) est d’emblée très élevé quand son prédécesseur avait bénéficié d’un accueil plus attentiste (il ne totalisait que 33%). ” Cela signifie que la question de l’opinion ne sera pas centrale pour François Bayrouconclut Brice Teinturier, directeur général adjoint d’Ipsos.Elle ne peut pas être un point d’appui pour lui. Il devra chercher ses points forts ailleurs. Tout reposera sur sa capacité politique, sa capacité à trouver des compromis.»
La composition de son gouvernement est cependant jugée différemment. La création d’un duo de poids lourds pour occuper les postes de ministre de l’Intérieur et de la Justice agit sur l’opinion publique. Pour 35% des Français, Bruno Retailleau est le meilleur ministre de l’équipe Bayrou. Le locataire de la place Beauvau, qui était la seule personnalité notable du gouvernement Barnier, n’a pas souffert de la redistribution des cartes et de l’arrivée d’autres personnalités capables de rivaliser avec lui politiquement et médiatiquement. Désormais garde des Sceaux, Gérald Darmanin arrive en deuxième position derrière lui : 33% des sondés le considèrent comme le meilleur. Si ce dernier arrive en tête parmi les partisans de Renaissance-MoDem-Horizons avec 49%, il est talonné de près par Bruno Retailleau avec 45%.
Chez les partisans de LR-UDI, c’est en revanche l’inverse : 62 % en faveur du ministre de l’Intérieur et 47 % pour Gérald Darmanin. Dans le classement des membres du gouvernement les plus populaires, Rachida Dati et Manuel Valls, le nouveau ministre de l’Outre-mer, arrivent en troisième position avec 18 %. A noter : trois titulaires de la place Beauvau figurent donc dans le trio de tête. Quant à Élisabeth Borne, tout reste à prouver pour elle. Avec 12%, la nouvelle ministre de l’Éducation n’arrive qu’en sixième position, derrière Sébastien Lecornu, son collègue des Armées. “Ce n’est pas une grande surprise. Sa popularité en tant que Premier ministre était faible», recalls Brice Teinturier.
Alors que l’instabilité politique est sans précédent sous la Ve République, Emmanuel Macron n’est en aucun cas vu comme un recours. Avec 21% de jugements favorables, il baisse de deux points en un mois. Son impopularité est considérable auprès des sympathisants du RN (90 %), devenue massive chez ceux de LR (74 %). Au baromètre de ses successeurs potentiels, Marine Le Pen et Jordan Bardella arrivent en tête. Leur censure du gouvernement Barnier n’a eu aucun impact négatif sur le duo RN. Parmi les figures de gauche, c’est désormais François Hollande qui arrive en premier, devant Raphaël Glucksmann qui a reculé de quatre points en un mois.
Ecole d’Ingénieurs Ipsos-Cesi pour La Tribune Dimanche
* Par rapport au baromètre d’octobre. Enquête Ipsos-Cesi pour La Tribune Dimanche réalisée les 8 et 9 janvier 2025 auprès d’un échantillon représentatif de la population française de 1 000 personnes âgées de 18 ans et plus interrogées en ligne selon la méthode des quotas.