Six grandes banques américaines ont quitté la Net-Zero Banking Alliance (NZBA) des Nations Unies, l’alliance bancaire neutre en carbone, une coalition qui vise à atteindre la neutralité carbone grâce à des outils financiers. Les banques canadiennes mettent en doute leur participation à ce regroupement cofondé par l’ancien gouverneur de la Banque du Canada, Mark Carney.
Depuis début décembre, Goldman Sachs, Wells Fargo, Citigroup, Bank of America, Morgan Stanley et JPMorgan Chase se sont retirés à tour de rôle du BANZ. Cette dernière a été fondée en 2021 pour inciter les banques à publier leurs émissions et harmoniser leurs investissements avec un objectif de neutralité carbone d’ici 2050.
Le groupe américain Roche noire a pour sa part quitté une coalition similaire regroupant les sociétés de gestion actions, la Initiative des gestionnaires d’actifs Net Zero.
Départs politiques
Selon le directeur de la recherche àInstitut pour la finance durable, de l’Université Queen’s, Ryan Riordan, ces départs sont politiques dans la foulée de l’élection de Donald Trump. Le président élu a nié à plusieurs reprises le changement climatique et fait la promotion des combustibles fossiles.
Selon plusieurs médias américains, des États auraient également menacé certaines institutions financières de ne plus faire affaire avec eux si elles maintenaient des discours environnementaux.
L’opposition du président élu Donald Trump aux engagements climatiques influence les institutions financières, selon un professeur.
Photo : Getty Images / Andrew Harnik
Ryan Riordan doute cependant que ces départs changent la manière d’agir de ces banques et gestionnaires de portefeuille, puisque l’alliance ne semble pas avoir d’effet concret sur les investissements.
La symbolique est pourtant forte, ajoute-t-il.
Bien sûr, ces grandes institutions financières ne disent pas que la neutralité carbone n’est pas importante, mais en retirant [de cette] organisation, c’est une manière très publique pour eux de dire que cet objectif est moins prioritaire.
Cette vague de départs déçoit ainsi le directeur des finances climat à l’organisation environnementale Stand.terreRichard Brooks.
Los Angeles lutte contre les pires incendies de son histoire, nous avons connu l’année la plus chaude. Tout mouvement qui tourne le dos à l’action climatique est déconnecté de la réalité
dit-il.
Il estime également que le BANZ manque de mordant et a accepté trop de membres sans s’assurer que ces banques prennent des mesures concrètes pour réduire leur financement des industries polluantes.
Des oscillations du côté canadien ?
Ryan Riordan craint cependant un effet domino.
-Les banques sont si importantes [dans la lutte contre les changements climatiques]. Ils contrôlent les capitaux nécessaires pour accélérer le déploiement des énergies renouvelables et s’éloigner plus rapidement des énergies fossiles.
il explique.
Aucune des huit institutions canadiennes membres du BANZ ne s’est pas encore retiré de cette dernière. Commentaires récents de plusieurs PDG ont cependant mis en doute leur engagement à long terme dans le groupe.
Lors d’une conférence organisée par la banque RBC Mardi, le PDG de BMODarryl White, a indiqué que la situation de l’alliance au Canada était mobile
. Nous sommes membre de l’alliance, du moins à partir d’aujourd’hui
dit-il.
Il a également déclaré que le BANZ n’était qu’un mécanisme
et un chemin
entre autres vers l’objectif inchangé de la transition climatique.
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Dave McKay, PDG de RBC, a également fait valoir que la NZBA n’était qu’un mécanisme d’engagement parmi d’autres, mais qu’il n’était pas nécessairement le meilleur.
Photo : La Presse Canadienne / Frank Gunn
Le PDG de RBCDave McKay a également parlé d’une situation mobile
. Se retirer hypothétiquement du BANZ n’élimine pas l’engagement de neutralité carbone.
Dans une réponse par courriel, la première vice-présidente aux communications de la Banque Nationale, Debby Cordeiro, a déclaré : À la lumière des exigences de divulgation auxquelles nous sommes soumis, nous réfléchissons continuellement aux mécanismes les plus appropriés pour communiquer nos progrès.
L’Alberta et le secteur énergétique, notamment pétrolier et gazier, peuvent compter sur le soutien de la Banque Nationale. Nous restons engagés dans une approche pragmatique de la transition énergétique et de la lutte contre le changement climatique
elle a écrit.
Les autres grandes banques canadiennes nous ont référé à l’Association des banquiers canadiens. Elle a répondu que la participation à toute initiative relevait de la responsabilité de chaque institution.
L’organisation environnementale Récupérer le financement a enjoint les autres membres, et en particulier les membres européens, à ne pas affaiblir leurs engagements climatiques.
Avec les informations de l’AFP