nous devons « parler directement à nos alliés » aux États-Unis, dit Poilievre

Lors de sa première conférence de presse depuis l’annonce de la démission de Justin Trudeau, le chef conservateur Pierre Poilievre a dévoilé jeudi son plan pour faire face aux menaces économiques de Donald Trump, écorchant au passage les libéraux.

Nous devons avoir la force de parler directement à nos alliés sur le front économique aux États-Unis.a déclaré M. Poilievre, en référence à l’intention du président élu américain d’imposer des tarifs douaniers de 25 % sur les produits canadiens.

Nous devons parler aux dirigeants syndicaux et aux chefs d’entreprise du Midwest des États-Unis qui achètent notre énergieil a donné comme exemple.

En réponse – si la nouvelle administration Trump met ses menaces à exécution –, nous devons identifier les droits de douane que nous imposerons sur les secteurs stratégiques des États-Unis, si nécessaire, afin de dissuader une attaque contre notre économiea ajouté le chef conservateur.

Ottawa peaufine également sa liste de produits américains sur lesquels il pourrait imposer des tarifs douaniers si Donald Trump met à exécution sa menace tarifaire, a appris - mercredi. Ces produits comprennent l’acier, le plastique et le jus d’orange.

Les fanatiques anti-énergie ont fait un cadeau à Trump

Lorsqu’on lui a demandé s’il utiliserait l’énergie canadienne comme levier dans les négociations avec les États-Unis, par exemple en menaçant de fermer le robinet du pétrole, M. Poilievre a écarté cette possibilité.

Le secteur de l’énergie est au cœur de l’économie canadienne, a-t-il insisté : 100 % de notre excédent commercial avec les Américains vient de l’énergie.

En 2023, le Canada a exporté vers les États-Unis pour 166 milliards de dollars canadiens de produits énergétiques, principalement du pétrole. En fait, 81 % de la production pétrolière canadienne est exportée, et 97 % est exportée vers les États-Unis.

M. Poilievre en a profité pour lancer une flèche au président élu, arguant qu’imposer des tarifs sur l’énergie canadienne n’est pas dans l’intérêt américain.

Nos amis américains bénéficient de notre énergie fiable et bon marché. L’alternative est l’Iran, le Venezuela et d’autres dictatures. Pourquoi ne pas avoir un marché nord-américain qui nous enrichisse des deux côtés de la frontière ?

Il a également rappelé que le déficit commercial des États-Unis est causé par l’importation de pétrole et de gaz en provenance du Canada.

En même temps, il a blâmé les libéraux de Justin Trudeau pour la dépendance du Canada à l’égard du marché américain pour ses exportations énergétiques.

Les fanatiques anti-énergie ont fait un cadeau à Trump» a-t-il affirmé, visant notamment le ministre de l’Environnement, Steven Guilbeault, qu’il accuse d’avoir bloqué des projets d’oléoducs.

Un gouvernement conservateur augmenterait les exportations de pétrole canadien vers l’Europe afin de réduire la dépendance d’Ottawa à l’égard du marché américain, a-t-il déclaré.

Éloge d’Elon Musk

Par ailleurs, interrogé sur le soutien qu’il a reçu d’Elon Musk, M. Poilievre a répondu qu’il aimerait parler avec le milliardaire afin de lui proposer d’ouvrir des usines Tesla au Canada.

Comment pouvons-nous attirer ces investissements au Canada? Que devrions-nous faire pour amener cette production au Canada? […] Je vais baisser les impôts des entreprises […] Quand je serai Premier ministre, nous verrons une économie librea-t-il assuré.

M. Poilievre n’a pas tari d’éloges à l’égard du milliardaire et bras droit de Donald Trump, qui a récemment annoncé qu’il aimerait le voir devenir premier ministre du Canada.

Mon fils de 3 ans vient d’annoncer à notre famille qu’il souhaite visiter la planète Mars. Alors évidemment, M. Musk, c’est un bon contact à avoir dans ce cas.

Mi-décembre, le fondateur de Tesla et SpaceX, nommé par Donald Trump à la tête d’une commission chargée de efficacité du gouvernementavait commenté avec un emoji 100 % dans le cadre d’une publication sur extrêmement impressionnant et qu’il devrait être le prochain leader du Canada.

Nous devons donner la priorité au Canada

Le chef conservateur a également de nouveau appelé jeudi Justin Trudeau à déclencher des élections anticipées. Les libéraux passent en premier. Nous devons donner la priorité au Canadaafin de protéger les intérêts économiques du pays, a-t-il déclaré.

Les Canadiens n’auront pas de véritable premier ministre avant des mois. Aucun leader au Canada aujourd’hui n’a un mandat fort pour négocier avec les Américains.a-t-il dénoncé, se disant inquiet du fait que les règles entourant la course à la direction du pays API attendent toujours.

Il en a également profité pour attaquer les candidats potentiels à la direction, endommageant par exemple le bilan catastrophique de Christy Clark en tant qu’ancienne première ministre de la Colombie-Britannique.

La taxe carbone doit rester l’enjeu des urnes

Malgré les menaces économiques de Trump, la tarification du carbone, qui, selon lui, affaiblit l’économie canadienne, doit rester l’enjeu des urnes, a soutenu le chef conservateur.

Nous aimerions avoir des élections basées sur la taxe carbone. [Les conservateurs ont] Nous avons besoin d’un mandat populaire pour donner la priorité au Canada et faire valoir nos arguments auprès des Américains.

Quadrupler la taxe sur l’essence et le diesel favorisera les Américains, car nos entreprises, nos agriculteurs ne pourront pas rivaliser avec les Américains qui ne paient pas de taxe carbone. […] M. Trump téléphonera à nos entreprises pour les inviter à venir aux États-Unis.

Avec les informations de La Presse Canadienne