Par
Baptiste Ringeval
Publié le
7 janvier 2025 à 19h00
Fin mai, un appel à l’aide de Salima, le 17, déclenche l’envoi d’une patrouille au domicile d’Ameur à Torcy (Seine-et-Marne). Lorsque les policiers sont arrivés vers 10h30, un homme très agité leur a ouvert la porte. Dès leur entrée, ils aperçurent une femme en pleurs, assise sur l’une des premières marches de l’escalier. Elle a présenté marques rouges sur la joue droite et se plaignait de douleurs dans un bras. A leur grande surprise, ils découvrent que deux enfants se trouvent dans leur chambre et viennent d’assister à la scène.
“Je vais t’écraser !” Je vais t’éclater la tête ! »
Le temps que Salima reprenne son calme, ils interrogent Ameur qui se contente de reconnaître une dispute de la veille et une simple gifle. Mais elle était beaucoup plus bavarde. Elle a raconté comment l’altercation s’était produite la veille au soir. une simple vitre de voiture laissée entrouverte par oubli. Puis elle a également décrit les événements survenus ce matin-là, d’où son appel téléphonique. La raison était toujours aussi vaine : un problème avec du dentifrice non réapprovisionné. Ameur s’est mis en colère et a complètement dérapé. Un couteau de cuisine à la mainil a menacé sa femme : “Je vais te baiser !” Je vais t’éclater la tête ! Tu ne me réponds pas, tu me traites comme un chien ! »
Elle affirme avoir subi des violences à de nombreuses reprises depuis son mariage mais s’être longtemps abstenue de toute action à cause des enfants. En 2010, ne supportant plus la colère incontrôlée de son mari, les propos dégradants et les insultes proférées devant les enfants, elle a déposé une plainte ce qui valut la condamnation d’Ameur. Malgré cela, la situation a continué et les mains courantes se sont multipliées, la dernière datant d’une semaine, sans y mettre un terme.
Ameur a été interpellé et placé en garde à vue dès son arrivée au commissariat en fin de matinée. Quelques heures plus tard, Salima pénétrait dans les locaux pour déposer sa plainte. Après sa détention, il est ressorti libre et est rentré chez lui sur simple convocation. Entre-temps, Salima a consulté le médecin de l’Unité médico-judiciaire (UMJ). Il lui a accordé trois jours d’incapacité totale de travail (ITT) pour une blessure au visage et une anxiété très sévère.
“Il a besoin de se faire soigner.”
Aux commandes, Salima ne se sentait pas capable de maintenir son poste en présence d’Ameur et du public. Elle a remis un document écrit au procureur de la République qui a accepté d’en prendre connaissance : « Monsieur consomme du cannabis quotidiennement depuis l’âge de 20 ans. C’est pour cela qu’il est toujours très nerveux. J’ai été surpris et déçu de le voir rentrer tranquillement chez lui après son arrestation et y rester. Il a pris confiance et ça m’a fait mal au cœur ! Il fait des choses et demande ensuite pardon. Nous ne pouvons pas toujours pardonner. Il a besoin de se faire soigner. »
-Ensuite, elle a précisé qu’elle ne souhaitait pas divorcer à cause des enfants tout en précisant qu’ils ne couraient aucun risque avec leur père.
Ameur a tenté de fournir des explications sur son comportement. « Quand je suis en colère, je dis des choses que je ne pense pas ! » Mais mes affaires sont à moi personnellement. Vous ne devez pas y toucher. Le couteau est mon couteau de pêche. Je l’ai pris pour le ranger car il ne servait à rien en cuisine. Je l’avais sur mon corps, elle pensait que c’était pour elle. » Puis il se montre très conciliant envers Salima : « JeJe ne lui reproche pas d’avoir appelé la police. J’aurais fait pareil ! Mais je ne veux pas me séparer d’elle ! »
8 mois de prison avec sursis
La représentante du ministère public a commencé ses réquisitions en prenant acte de la reprise de la vie commune. Cependant, elle a a jugé le dossier préoccupant au vu du nombre de plaintes et de plaintes déposées par Salima. Elle a également fustigé le comportement d’Ameur, qu’elle a qualifié d'”adolescent”. « Se mettre dans de tels états de colère pour des raisons aussi futiles est impensable. Si monsieur a autant de difficulté à vivre avec la dame parce qu’elle n’a pas acheté de dentifrice, nous avons des solutions. La première s’appelle Meaux-Chauconin. »
Le juge a suivi le procureur et a infligé à Ameur huit mois de prison avec sursis probatoire renforcé de trois ans. Il doit se soumettre à une série d’obligations : prise en charge psychiatrique – psychologique – addictologique, cours de responsabilisation sur les violences au sein du couple, cours sur l’égalité femmes-hommes. Il doit également respecter l’interdiction de porter ou de détenir des armes.
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