Le ministre de la Justice a estimé lundi 6 janvier que le retour au droit foncier dans l’archipel, demande régulière du Rassemblement national, était « évidemment la bonne voie ».
Près d’un mois après le passage du cyclone Chido à Mayotte, qui a laissé ce département français dévasté et des milliers de personnes sans logement, le gouvernement Bayrou se concentre sur la question migratoire, présentée comme un enjeu central dans la question de la reconstruction de l’archipel.
Ce lundi, au micro de RTL, le garde des Sceaux a estimé que supprimer la question du droit foncier à Mayotte – l’une des voies d’accès à la nationalité française – était “évidemment la bonne manière », parce qu’il « il n’est pas possible que 60 à 70 % de parents non français accouchent à Mayotte ». And Gérald Darmanin continues: “On leur fait croire qu’ils auront un eldorado et puis ils vivent dans les bangas [petites habitations de fortune, ndlr] d’une manière inacceptable et inhumaine.
Une majorité de parents étrangers… mais une majorité d’enfants français
La formulation de Gérald Darmanin n’est pas fausse, même si dans le cadre d’un débat sur le droit foncier, elle peut être comprise de manière trompeuse. Ainsi, si l’on regarde le site de l’Insee, on constate qu’en 2021 (dernière année pour laquelle des chiffres sont disponibles), 75 % des enfants nés à Mayotte avaient une mère étrangère. Et 55 % du total des enfants nés dans l’archipel en 2021 avaient un père étranger. Il est donc exact de dire que les parents des enfants nés cette année-là à Mayotte sont, à 65 %, de nationalité étrangère. Exactement au milieu de la fourchette donnée par le ministre.
Mais cela ne veut pas dire qu’une majorité des enfants nés à Mayotte ont deux parents étrangers. Ainsi, selon le Panorama statistique de la santé à Mayotte publié en mars 2023 par l’Agence régionale de santé (ARS) et l’Observatoire régional de santé de Mayotte, « 53 % des nouveau-nés en 2021 [au nombre de 10 704] ont au moins un parent français et sont donc nés français ».
Dans le détail, 17 % des enfants nés à Mayotte en 2021 sont d’un père et d’une mère de nationalité française, 7,4 % sont nés d’une mère française et d’un père étranger, 29,2 % sont nés d’un père français et d’une mère étrangère. Un peu moins de 47 % des enfants naissent de deux parents étrangers.
Il suffit que l’un des parents soit français pour que la loi du sang s’applique. “Est français l’enfant dont au moins un parent est français au moment de sa naissance. tel que défini par le site France Diplomatie.
Dans le cas où les deux parents sont étrangers, la loi sur le sang ne s’applique pas. L’enfant, né en France de parents étrangers, ne pourra alors acquérir la nationalité française qu’à sa majorité s’il a résidé dans le pays pendant cinq ans depuis l’âge de 11 ans. Condition supplémentaire à Mayotte depuis la loi relative à l’asile et à l’immigration de 2018, entrée en vigueur en avril 2019 : l’un des parents de nationalité étrangère doit avoir résidé en France régulièrement (sous couvert d’un titre de séjour) en France pendant au moins trois mois avant la naissance de l’enfant. Ce traitement particulier est légalisé par l’article 73 de la Constitution, qui permet aux territoires d’outre-mer d’adapter leurs lois en fonction de « caractéristiques et contraintes particulières ».
France