l’avenir de l’ancien couvent de Sutton se retrouve devant les tribunaux

l’avenir de l’ancien couvent de Sutton se retrouve devant les tribunaux
l’avenir de l’ancien couvent de Sutton se retrouve devant les tribunaux

L’avenir de l’ancien couvent de Sutton – et du parc situé derrière – se retrouve devant les tribunaux. La municipalité tente d’obtenir la gestion du bâtiment patrimonial laissé vacant en 2023. Les administrateurs historiques souhaitent plutôt le transformer en hébergement d’aide aux femmes toxicomanes, ce qui est, selon eux, la vocation qui correspond à la mission de les religieuses qui y résidaient autrefois. Le dialogue des sourds pourrait être résolu dans les prochaines semaines.

Les cadavres de coccinelles dans les escaliers démontrent que, même si le bâtiment est bien entretenu, le temps fait des ravages. Le bâtiment passe actuellement son deuxième hiver sans que personne n’y habite. « Ça y est, un immeuble inoccupé », souligne Victor Marchand, qui visite le propriétaire.

Il préside ce qui reste du conseil d’administration des administrations précédentes. « La Villa », comme on l’appelle ici, fut d’abord une résidence de religieuses à partir de 1911. Elles donnèrent toutes sortes de cours aux citoyens du lieu, avant que le lieu ne soit transformé en « Foyer de charité » vers 1971. Sous la Sous l’autorité de l’Église catholique, des retraites spirituelles y furent organisées jusqu’en 2023. Les autorités ecclésiastiques décrétèrent cette année-là qu’elles n’auraient plus l’intention d’utiliser les lieux pour leur foi. « Il n’appartient pas à l’Église de se poser en juge et de choisir […] quel projet est le mieux adapté [à la communauté de Sutton] », écrivait cette année-là le délégué papal dans une lettre officielle. Le débat sur la nouvelle vocation de ce lieu truffé de boiseries, de vitraux et de vieilles cochonneries a depuis tourné au vinaigre.

La Ville de Sutton souhaite que le bâtiment et le terrain adjacent reviennent dans son giron. Le maire, Robert Benoît, rêve de le transformer en « centre communautaire » et revendique un droit de préemption pour empêcher tout transfert ultérieur vers d’autres organismes. Le diocèse de Saint-Hyacinthe, avec l’appui du maire et en contradiction avec le décret papal, poursuit les administrateurs pour les forcer à « liquider » la Villa, prétendant qu’ils n’y ont plus rien à faire depuis le départ du chambreurs du Foyer de la Charité. Cette plainte du diocèse invoque notamment « les statuts canoniques » des lieux et critique à plusieurs reprises la « libre cession » à un futur nouvel occupant.

Victor Marchand voit l’avenir de ce magnifique patrimoine religieux sous un autre jour. «Nous ne voulons pas gagner d’argent avec ça, nous autres», a-t-il déclaré à plusieurs reprises. Il souhaite plutôt qu’une organisation d’aide aux femmes marginalisées, l’organisation « La Passerelle », s’y installe. Son conseil s’est à son tour saisi en justice pour ralentir l’avis d’expropriation et, surtout, forcer la main à la municipalité pour qu’elle délivre un certificat d’occupation, clé de la reconversion.

Les procédures judiciaires continuent d’être reportées. Une prochaine audience est prévue en janvier. «On devrait faire un nœud en avril», prévient M. Marchand, car les compagnies d’assurances viendront frapper à la porte pour savoir comment la maison d’une quarantaine de pièces, les 8 pavillons qui l’entourent et les 9 hectares de terrain pourront survivre à une crise. troisième hiver. vide.

Reconversion proposée

Dans les hauteurs du pré derrière le presbytère, la vue est magnifique. Les citoyens se promènent avec leurs chiens, font de la randonnée ou pratiquent le ski de fond, avec les monts Sutton en toile de fond.

« C’est ce qui est imprenable. C’est ça qui vaut beaucoup», dit Victor Marchand.

Il y a planté des centaines de noyers noirs l’été dernier, une manière pour lui de s’assurer qu’aucun promoteur immobilier ne pourra rêver de condos sur ce terrain. « Ici, c’est du « zoné blanc », du résidentiel. Les graines peuvent arriver demain matin. Nous aimerions le remettre en « zonage vert ». Agricole. »

Sinon, ici, tout est gelé depuis le départ des anciens locataires. Une érablière aux mille entailles, abandonnée depuis deux ans, attend de reprendre du service. Le garage regorge encore d’outils de travail. Dans un coin du lavoir avec lave-linge et sèche-linge en bon état, des bobines de fil multicolore sont prêtes à être utilisées. Que ce lieu redevienne un refuge pour femmes est logique, soutient Josée Barrette, une citoyenne engagée qui a contacté Le Devoir pour ce rapport. « Pouvez-vous imaginer toutes les possibilités d’apprentissage pour qu’ils puissent se sortir de leur malheur ? »

Le maire a exprimé à plusieurs reprises sa volonté de transformer les lieux en centre communautaire. Il a refusé notre demande d’entrevue, affirmant que le débat était devant les tribunaux. Pourtant, une nouvelle salle multifonctionnelle et communautaire vient d’ouvrir dans l’ancienne église de l’Olivet sous le nom de « maison des générations », répond Victor Marchand. Et puis, les pièces spartiates, les cuisines communes et les dépendances semblent peu adaptées à une reconversion différente, selon lui. L’un des pavillons est déjà utilisé par le club de ping-pong, et il pourrait rester ouvert à tous.

Problème de quartier

Deux héritières d’Eugène Dyre, le mécène qui a permis l’érection du couvent, revendiquent également « un droit de veto » sur l’héritage de leur arrière-grand-père. Victor Marchand dit ne pas comprendre ce refus d’accepter une nouvelle vocation « charitable », d’autant que « La Passerelle » répond autant à l’esprit des lieux qu’aux vœux de leur ancêtre.

Ce dernier a souhaité dans son testament que le couvent conserve une vocation éducative. Au fil des années, des prêtres alcooliques ont été soignés dans ses murs, dont les femmes ont toujours été les maîtresses.

L’organisme communautaire qui convoite le couvent constitue la seule ressource d’hébergement de longue durée pour femmes ayant des problèmes de toxicomanie au Québec. Leur immeuble de Saint-Simon, un village de la Montérégie, est devenu exigu alors que les besoins ont augmenté ces dernières années. «La Passerelle compte 113 femmes par année, dont 45 avec un casier judiciaire», calcule sa directrice générale, Amélie Lemieux. « La criminalité des femmes est différente de celle des hommes. Il s’agit des délits de survie, de prostitution, de vol ou encore d’alcool au volant. Il ne s’agit pas de crimes majeurs ni de crimes contre la personne. »

« Nous comprenons que cela peut faire peur. […] La clientèle, lorsqu’elle arrive à la ressource, elle n’est pas en retrait. Le sevrage se vit ailleurs », ajoute-t-elle. « Cela fait 20 ans que nous sommes dans un village entouré de maisons unifamiliales. Aucun incident déplorable ne s’est produit. Ils ne sont pas autorisés à quitter le terrain. Ce n’est pas un environnement ouvert. »

L’organisation dit refuser deux femmes par jour. Ces besoins sont plus proches qu’on pourrait le croire, confie enfin Victor Marchand en partant. « Une mère de Sutton m’a demandé de réserver une place pour sa fille… »

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