Lors de son ouverture, c’était une première en France. Il en existe aujourd’hui une cinquantaine de ce type. À Bois-d’Arcy (Yvelines), depuis maintenant cinq ans, le Centre de protection des familles a pu entendre la voix des victimes de violences conjugales. En 2024, cette structure de gendarmerie a ouvert 410 dossiers. C’est 35 % de plus qu’en 2023.
Un rapport annuel défendu il y a quelques jours par l’adjudant-chef Virginie Redureau, à la tête de l’établissement, aux côtés d’Aurore Bergé. La ministre de l’Égalité entre les femmes et les hommes souhaite augmenter le nombre d’unités comme celle-ci, pour une présence « dans chaque département ». Actuellement, il y en a 53.
Ce dispositif complète le volet judiciaire, en facilitant la liberté d’expression des plus vulnérables, et en les accompagnant tant psychologiquement que judiciairement. « Nous accueillons tout le monde, y compris les seniors, les personnes handicapées, mais surtout les enfants, à partir de 3 ans », explique le gendarme. Nos missions les plus récurrentes sont les violences sexistes et sexuelles au sein des familles.
«Je suis content du temps et des soins apportés aux victimes»
30 % des dossiers ouverts par le Centre de protection de la famille concernent des mineurs. Depuis fin 2019, les procédures engagées pour violences conjugales ont été multipliées par sept dans les Yvelines, ce qui s’explique par la liberté d’expression. L’adjudant-chef Virginie Redureau est catégorique : « On ne peut plus s’en passer. »
Si la structure ouvre de plus en plus de dossiers, c’est parce qu’il y a une « augmentation des demandes, mais aussi des effectifs, ce qui nous permet d’être plus proactifs », explique l’adjudant-chef. En trois ans, l’unité a embauché trois assistantes sociales, qui travaillent les six gendarmes.
Anne Masquelier est arrivée il y a deux ans : « Je souhaitais me spécialiser dans les dossiers de violences conjugales », explique-t-elle. Je suis contente du temps consacré aux victimes, et des soins qui leur sont apportés, notamment avec tous les projets à domicile. »
Permettre un « véritable travail de reconstruction »
En mars, un institut de beauté a eu lieu au sein de cette structure de gendarmerie. Le lieu permet aux adultes de prendre soin d’eux-mêmes, une fois par mois pendant six mois, dans une démarche de récupération de leur corps. « On s’est rendu compte qu’après la procédure pénale, beaucoup de victimes ne parvenaient pas à s’insérer en raison de leur rapport au corps et à celui des autres », explique le militaire.
Un livre d’or y a été installé pour que les victimes puissent « verbaliser ce qu’elles ressentent » et « leur redonner la parole ». Aurore Bergé tient à préciser : « Ce n’est pas un gadget. Cette salle permet un véritable travail de reconstruction. »
La brigade a encore de nombreux projets de ce type pour l’avenir. Le prochain serait axé « sur les seniors », espère l’adjudant-chef : « Nous aimerions prodiguer d’autres soins, avec d’autres partenaires ». La plupart des idées viennent, selon elle, « des gens qu’elle rencontre et des problèmes auxquels ils sont confrontés ».