Enquête
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En deux ans, porté par une frénésie de rachats, le tout-puissant armateur marseillais s’est imposé médiatiquement. De ses liens dans l’appareil d’État à sa proximité avec Emmanuel Macron, « Libération » a enquêté sur sa garde rapprochée, ses ambitions et ses méthodes musclées.
C’est sa formule préférée. «Le ciel est la limite», insiste Rodolphe Saadé dans l’empire, le CMA CGM, qu’il gouverne depuis Marseille et qu’il agrandit sans cesse, de expédition – le cœur historique, porté par 650 bateaux à travers le monde – à la logistique et aux médias depuis l’acquisition, en 2022, de Provencele Tribune, puis BFM-RMC. Le Covid, qui a fait flamber les prix de ses porte-conteneurs, a décuplé sa puissance : troisième armateur mondial, 160 000 salariés, cinquième fortune de France. A 54 ans, il est maître absolu d’un groupe non coté, PDG et actionnaire à 73%, avec son frère et sa sœur. Personne n’ignore désormais ce nom, Saadé. Il transporte tout un monde, le monde secret des armateurs, les parfums fantastiques de l’Orient, l’histoire d’une famille orthodoxe de Lattaquié, en Syrie, marchands de pétrole et de tabac prospères, victimes de la nationalisation de
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