Par Hubert Seillan, président de la Fondation France-Maroc, paix et développement durable, avocat au barreau de Paris
La fiabilité d’une probabilité est directement subordonnée à ces deux données qui depuis la nuit des temps se battent en s’enrichissant mutuellement, je veux dire les faits et les idées. Plus les faits sont nombreux et vérifiés, plus le calcul probabiliste est capable de produire des certitudes sur l’avenir. C’est ainsi, on ne peut plus hésiter, avec des projets qui prolongent le le réchauffement climatique. En revanche, lorsque les données factuelles sont sous l’emprise de sentiments ou d’idéologies générales et abstraites, la nature des intentions, généreuses ou criminelles, n’a pas d’importance, le meilleur raisonnement probabiliste ne peut conduire à aucune réalité tangible.
Parce que notre calcul repose essentiellement sur des faits, la probabilité d’une reconnaissance définitive des droits des Maroc sur son territoire méridional, cette année 2025 est formidable. Nous l’avons déjà montré, en termes d’espace et de temps, dans notre livre «Le Sahara marocain (2e éd. Le carrefour). Il n’est pas nécessaire d’y revenir en cette journée du 31 décembre 2024. Ce sont les seuls faits du moment qui doivent retenir notre attention.
Une question de méthode
Mais à l’usage, l’exercice s’avère délicat. En effet, mettre à jour les faits n’est pas aussi simple que mettre à jour les amandes et autres châtaignes. Dans le domaine social et politique, les faits et les idées sont si fortement liés et enracinés que dire ce qui est pertinent pour chacun peut faire l’objet de nombreuses objections. En vérité, les idées et les faits vivent dans une sorte de bataille permanente, les idées s’efforçant soit de réduire, soit de prolonger l’expression des faits. Ainsi l’analyste qui souhaite construire un raisonnement objectif sur des réalités factuelles doit savoir les nettoyer de leurs enveloppes idéologiques. Les avocats, parce qu’ils sont régulièrement confrontés à cet exercice préalable de distinction, savent combien il est parfois très compliqué.
Une méthode qui oblige les Etats et les Institutions internationales
Le différend est porté devant la Quatrième Commission de Les Nations Unies. A l’aube de 2025, 17 territoires sont considérés comme « non autonomes ». 15 sont Îles du Pacifique et l’Atlantique. Le 16, Gibraltarest l’anglais et l’Espagne et le 17ème est le Sahara marocain. Cette analyse géographique nous permet de constater que Sahara est le seul territoire physiquement rattaché à l’État qui l’administre. L’ampleur de ce lien physique, qui fut et reste la source logique et évidente d’autres liens culturels, religieux et économiques, mérite d’être considérée comme déterminante. Cette fonctionnalité est unique. Mais cela n’est pas suffisamment souligné dans les instances internationales.
Un autre regard sur les facteurs nés de la colonisation complétera utilement cette vision cartographique. Il est de notoriété publique que la France a créé des emprises sur les territoires marocains qui profitent aujourd’hui à l’Algérie, notamment avec la région de Tindouf et sans doute la Mauritanie. Toutefois, le Maroc est respectueux des frontières résultant de la colonisation.
Les analyses doivent également porter sur la réalité de ce qu’a été la souveraineté du Royaume au fil des siècles et jusqu’à nos jours. Le pays s’est toujours reconnu dans son Sultan, aujourd’hui dans son Roi, synthèse de sa souveraineté, et peu importe que certaines de ses régions aient été tenues sous contrôle souple (bled Siba) ou administrées de près (bled Makhzen). Par ailleurs, cette indifférence historique à l’égard de la rigidité du concept européen de frontière s’explique par le fait que le Royaume a toujours été internationalement reconnu comme un empire.
Pour conclure sur cet espoir pour 2025, je constate que les faits sont là ! Qu’ils témoignent ! Qu’ils manifestent ! Il est de la responsabilité du monde d’accepter la leçon.