débuter l’année en beauté grâce au broyeur et affûteur Julien Delamotte

Eet si, parmi les bonnes résolutions que chacun peut prendre en ces premiers jours d’une nouvelle année, nous décidions de prendre soin de nos lames ? Lors des repas de Noël et du réveillon en famille, avoir des difficultés à découper une volaille – à cause d’un couteau mal aiguisé – est en effet l’un des sujets susceptibles de déclencher le commentaire toujours acerbe d’un convive qu’on a pourtant rangé en bout de table. .

“C’est sûr que tout le monde n’a pas le réflexe de dire qu’un couteau se répare, s’entretient, et qu’il sera meilleur une fois passé entre les mains d’un broyeur”, plaide Julien Delamotte.


Selon le travail à réaliser, la lame d’un couteau est affûtée, pour réaffirmer son tranchant, ou réaffûtée, pour une rénovation plus importante.

Amaury Dollez

Sous le nom d’Azur Sharpe, il exerce cette activité depuis cinq ans, à l’occasion de cinq marchés proposés dans les communes de la côte sud des Landes et d’un rendez-vous hebdomadaire sur le parking d’une boucherie. Commencer 2025 en beauté semble facile, à un prix qui laisse songeur. « Une petite lame coûte 3 euros… Mais trop souvent les gens préfèrent jeter un couteau, générer des déchets et en acheter un autre. »

Maître T35

Avec sa carrosserie rouge, sa bande jaune et son toit blanc surmonté de gyrophares, le Renault Master T35 derrière lequel ce Normand d’origine, aujourd’hui âgé de 37 ans, trimballe ses meules et ses outils ne passe guère inaperçu. « Il a été retiré des pompiers. Nous avons 177 000 kilomètres au compteur, avec un moteur essence », confie son propriétaire.

Cet ancien véhicule de secours, et à peu près tout ce qu’il contient, Julien Delamotte l’a repris à Patrick Lujan, un broyeur de Tercis-les-Bains aujourd’hui à la retraite. « J’ai vu son camion à Magescq. Je suis venu lui aiguiser un petit canif et nous avons commencé à discuter. »


Le grain des bandes de papier de verre dépend du travail effectué.

Amaury Dollez

Julien Delamotte était alors cuisinier, après son arrivée sur les plages landaises en 2010, « pour une quinzaine de vacances qui se sont transformées en saison ». Apprenant que les roues d’un des derniers broyeurs ambulants des Landes allaient cesser de tourner, il se positionne comme successeur. «J’étais déjà en train d’affûter les lames de mes propres couteaux et outils. Cela me vient de mes études : un CAP-BEP dans la filière bois et scierie. »

Les nuances des grains

Le goût de l’acier et la possibilité d’exercer un métier conforme à sa façon de voir la vie avaient fini par convaincre Julien Delamotte de prendre le volant de ce camion à l’intérieur digne d’un atelier.


L’eau, en circuit fermé, s’écoule sur les courroies entraînées par les meules chargées de redonner du tranchant aux lames des couteaux et des outils.

Amaury Dollez

« Rémouleur, ça vient d’émouleur, qui désigne la meule que l’on utilise pour travailler le profil d’un couteau. » A l’arrière du véhicule, l’eau s’écoule « en circuit fermé, pour éviter la consommation » sur des bandes de papier abrasif entraînées par les moteurs des meules. Afin de retrouver les coupes originales des lames qui lui sont proposées, l’artisan s’appuie sur différentes nuances de grain : « Sur celle-ci, il y a des petits morceaux de liège. C’est pour finir. »

Le long du camion et sur l’une de ses portes arrière, des bandes magnétiques suspendent une multitude de lames. Chacun a un nom spécifique. Une histoire. Un propriétaire. Le travail de Julien Delamotte n’est jamais tout à fait le même. « Je dois être à moitié individuel et à moitié professionnel. »

« Trop souvent, les gens préfèrent jeter un couteau, générer des déchets et en acheter un autre »

Si certains métiers sont attendus, « bouchers, charcutiers, restaurateurs », d’autres apparaissent plus surprenants. Les « couturières, coiffeuses » font appel au savoir-faire du broyeur pour entretenir leurs ciseaux. Les adeptes de « tuer les cochons » ou de couper les gros canards en famille comptent parmi ses fidèles hivernaux.

« J’ai aussi des associations de chasseurs qui m’apportent leurs couteaux, et des jardiniers leurs outils : taille-haies, tronçonneuses. » La lame de l’un d’eux a un jour « donné un baiser à (la) main gauche » de Julien Delamotte. La suture vaut pour lui un titre de chevalier.

Le camion Azur Sharpe est un ancien véhicule de secours utilisé par les pompiers.


Le camion Azur Sharpe est un ancien véhicule de secours utilisé par les pompiers.

Amaury Dollez

 
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