Arôme menthe, pomme, pastèque ou cola : la gamme de cigarettes électroniques à usage uniqueaussi appelé «bouffées», ne manque pas de saveurs.
Dans Belgiqueils seront interdit à la vente à partir du 1er janvier afin de protéger les jeunes.
La mesure s’inscrit dans le cadre d’un plan national antitabac et fait également partie de l’objectif fixé par l’UE d’atteindre une génération sans tabac en 2040, où moins de 5 % de la population consommerait encore du tabac.
Certains pays envisagent également d’avancer la date limite. Car sous son extérieur « fun », avec son packaging coloré et la promesse de bouffées au goût de bonbon ou de soda, la « bouffée » est accusée d’être un tremplin potentiel vers des produits du tabac plus traditionnels.
Facilement dissimulable, il protège également des mauvaises odeurs sur les doigts. « Le problème c’est que les jeunes commencent à consommer du puff sans toujours connaître sa teneur en nicotine, mais la nicotine rend accro“explique à l’AFP Nora Mélard, porte-parole de l’Alliance pour une société sans tabac, en Belgique.
“On a des témoignages de jeunes qui se réveillent la nuit pour pouvoir enfiler leur bouffée”poursuit cet expert. “C’est très inquiétant”.
La Belgique se targue d’avoir réagi rapidement lorsque les cigarettes électroniques jetables sont arrivées sur le marché il y a cinq ans. Le gouvernement fédéral a soumis un premier règlement d’interdiction à la Commission européenne en 2021.
L’approbation de l’exécutif européen est requise pour une interdiction de commercialisation. Ce feu vert a été donné en mars 2024, ouvrant la voie à l’entrée en vigueur d’une loi nationale.
Le Francede son côté, a obtenu le même feu vert pour une législation similaire en septembre. Un texte de loi adopté début 2024 par le Parlement doit être très vite promulgué. Elle envisage d’interdire la fabrication, la vente ou l’offre gratuite de “bouffées”, sous peine d’une amende de 100 000 euros.
“Ils commencent sans penser aux conséquences”
En France comme en Belgique, les autorités sanitaires ont souligné que la consommation chronique de nicotine est particulièrement nocive pour le cerveau à l’adolescence et “risque de faire connaître d’autres drogues”.
Une étude réalisée dans toute l’UE en 2023 a montré que la majorité des utilisateurs de cigarettes électroniques optaient pour un modèle rechargeable, mais que les « jetables » connaissaient leur plus grand succès dans la tranche d’âge des 15-24 ans.
Outre la simplicité d’utilisation et les publicités qui inondent les réseaux sociaux, le prix est un autre facteur attractif. A 5 ou 6 euros le premier prix, la « bouffée » coûte deux fois plus cher qu’un paquet de vingt cigarettes, alors que le nombre de bouffées proposées peut aller jusqu’à 9 000 sur certaines, l’équivalent de plus de 300 cigarettes, selon les experts.
Dans les rayons des bureaux de tabac bruxellois, la cigarette électronique à usage unique vit donc ses derniers jours. Certains commerçants préviennent déjà leurs clients en leur indiquant que, faute de renouvellement, leur stock est épuisé.
“Je ne comprends pas pourquoi interdire les bouffées et pas le tabac, qui est aussi dangereux“argumente un jeune consommateur, Ilias Ratbi, interrogé par l’AFP.
“Je pense que c’est bien d’arrêter de vendre”affirme au contraire Yona Bujniak, également rencontrée dans le secteur piétonnier du centre de Bruxelles. “Il y a beaucoup de jeunes qui se lancent sans forcément penser aux conséquences.”
Un autre argument des détracteurs est le “catastrophe écologique“ ce qui constitue ce produit jetable. Le « puff » avec sa pile en plastique et lithium se retrouve généralement à la poubelle “après un à cinq jours” après l’achat, où le modèle rechargeable peut facilement contenir « six à sept mois », a souligné la Belgique dans son argumentation devant la Commission.