contre les déserts médicaux, un début de régulation

contre les déserts médicaux, un début de régulation
contre les déserts médicaux, un début de régulation

C’est une petite révolution qui s’opère dans le monde douillet des chirurgiens-dentistes : pour la première fois à partir du 1est En janvier 2025, des règles limiteront l’installation de professionnels dans certains domaines déjà bien dotés, pour tenter de résoudre les déséquilibres.

Les inégalités sont flagrantes : en , 65 % des communes, souvent en milieu rural, sont « très sous-financé » chez les chirurgiens-dentistes selon Cartosanté, l’outil numérique du ministère de la Santé. A l’inverse, 3% d’entre eux, souvent en zone métropolitaine, sont « très doté »et 0,2%, soit 77 communes, sont même surdotées.

Parmi ces 77 communes figurent les beaux quartiers de l’ouest parisien, le 2e3e et 6e Quartiers de Lyon, ou encore les villes de Strasbourg, Anglet et Neuilly-sur-Seine. Cette liste est amenée à s’allonger, les données de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur et des territoires d’outre-mer n’étant pas encore communiquées.

Une mesure « comprise » par la profession mais qui « agace » les étudiants

Ce sont ces dernières communes qui sont concernées par la mesure : au 1est Janvier 2025, l’Assurance maladie refusera toute nouvelle convention pour un chirurgien-dentiste, sauf en remplacement d’un départ à la retraite ou d’une cessation d’activité.

En clair, un praticien qui ouvrirait un nouveau cabinet à Strasbourg pourrait certes y soigner ses patients, mais ceux-ci ne seraient pas remboursés.

A quelques jours de son entrée en vigueur, cette nouvelle réglementation ne semble pas effrayer les professionnels déjà installés.

« Cela répond à une logique comprise par l’ensemble de la profession »assure David Lafond, vice-président du Conseil régional de l’Ordre des chirurgiens-dentistes du Grand Est, qui exerce lui-même à Strasbourg.

« Et puis ce ne sera pas impossible à installer : cela implique de reprendre un cabinet, sachant qu’il y a un turnover important de praticiens à prévoir. Ici, beaucoup de dentistes prennent leur retraite”assure-t-il.

Mais chez les étudiants et jeunes diplômés, la mesure est moins bien acceptée. « Pour nous, c’est le début d’un système coercitifs’agace Ralitsa Androlova, présidente de l’Union nationale des étudiants en chirurgie dentaire (UNECD). Ce système met fin à la liberté d’installation, alors qu’on s’engage dans ces études pour exercer une profession libérale. »

Aides à l’installation

La mesure résulte d’un accord entre l’Assurance maladie et les deux principaux syndicats dentaires FSDL (Fédérations des syndicats libéraux de dentistes) et CDF (Chirurgiens dentistes de France), qui représentent plus de 95 % de la profession.

« Si nous avions pu éviter ces dispositions, nous aurions été ravisavoue Julien Cardona, secrétaire général adjoint du CDF. Mais chaque année, la question de la contrainte d’installation revient, et on se rend compte qu’il y a un vrai problème d’accès aux soins. Nous avons pensé qu’il valait mieux négocier ces contraintes, avec un impact plus raisonnable, plutôt que de les imposer unilatéralement. »

En contrepartie de la mise en place d’une réglementation dans quelques dizaines de communes françaises, les syndicats ont obtenu un doublement de l’aide forfaitaire à l’installation dans les zones très défavorisées, portée à 50 000 euros.

Et la carte de ces zones a elle-même été étendue pour couvrir un territoire représentant 30 % de la population, contre 7 % auparavant.

« Il était temps »

En fin de compte, ces mesures « sont équilibrés dans le sens où ils favorisent plus les chirurgiens-dentistes qu’ils ne pénalisent »estime Julien Cardona.

Le dispositif est également salué par les élus et les habitants des déserts médicaux, qui espèrent voir les déséquilibres se réduire.

« Il était temps d’agir »soutient Bernard Guy, maire de Saint-Blin (zéro dentiste), et président de l’Association des Maires de Haute-Marne. « Dans notre secteur, c’est très compliqué. Les agendas sont pleins, aucun dentiste n’accepte de nouveaux patients”.

“C’est une très bonne chose”acquiesce Laure Artru, co-présidente de l’Association des citoyens contre les déserts médicaux. « Infirmiers, sages-femmes, kinés, mais aussi pharmaciens : de nombreuses professions de santé sont soumises à des règles pour leur installation. Quand la même chose se produira-t-elle pour les médecins ? »demande-t-elle.

Le 3 décembre, un projet de loi signé par 237 députés de tous bords a été déposé : il propose, comme pour les dentistes, d’autoriser un médecin à s’installer dans une zone où l’offre de soins est déjà suffisante seulement lorsqu’un praticien de la même spécialité cesse son activité là-bas.

 
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