Les relations entre la France et l’Algérie ne devraient pas bénéficier de la trêve des confiseurs. Le président algérien Abdelmadjid Tebboune est entré dans l’histoire en évoquant pour la première fois l’arrestation mi-novembre à Alger de l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal, le qualifiant d'”imposteur envoyé” par la France, selon le site d’information algérien TSA.
“Vous envoyez un imposteur qui ne connaît pas son identité, ne connaît pas son père et vient dire que la moitié de l’Algérie appartient à un autre Etat”, a déclaré le chef de l’Etat algérien, dans un extrait d’un discours officiel, rapporté par TSA.
Détracteur du pouvoir algérien, Boualem Sansal, 80 ans, né d’un père marocain et d’une mère algérienne, est incarcéré depuis la mi-novembre pour atteinte à la sûreté de l’État et en unité de soins depuis la mi-décembre. Selon le quotidien français Le Monde, les autorités d’Alger auraient mal pris les déclarations de l’écrivain au média français Frontières, réputé d’extrême droite, reprenant la position du Maroc selon laquelle le territoire du pays aurait été tronqué sous la colonisation française. au profit de l’Algérie.
L’auteur de « 2084 : la fin du monde », naturalisé français en 2024, est poursuivi en vertu de l’article 87 bis du Code pénal algérien, qui sanctionne « comme acte terroriste ou subversif, tout acte visant la sécurité de l’Etat, du territoire ». l’intégrité, la stabilité et le fonctionnement normal des institutions. Selon son avocat français François Zimeray, Boualem Sansal, détenu à la prison de Koléa, a été transféré au pavillon pénitentiaire de l’hôpital Mustapha-Bacha d’Alger en raison de son état de santé et de son âge (75 ans).
« La colonisation a laissé l’Algérie en ruines »
Dans un « discours à la nation » prononcé devant les deux chambres du Parlement, Tebboune, réélu pour un second mandat début septembre, s’en est vivement pris à la France, selon des extraits en arabe publiés sur le site officiel de la présidence. ” Ceux (En France) qui disent que nous avons laissé un paradis à l’Algérie doivent savoir que 90% du peuple algérien était analphabète au moment de l’indépendance”, a souligné le président, estimant que “la colonisation (1830-1962) ont laissé l’Algérie en ruine (…) ils doivent admettre qu’ils ont tué et massacré des Algériens.
Sur la question du Sahara occidental, ancienne colonie espagnole dont le Maroc contrôle 80 % du territoire mais qui est revendiquée par les séparatistes du Front Polisario soutenus par l’Algérie, Abdelmadjid Tebboune a estimé qu’il s’agissait « d’une question de décolonisation et d’autodétermination ». .
Selon lui, le plan d’autonomie « sous souveraineté marocaine » défendu par Rabat est « une idée française, pas marocaine ».
Alger a retiré son ambassadeur de Paris fin juillet lorsque le président français Emmanuel Macron a apporté un fort soutien aux propositions marocaines sur le Sahara occidental, avant de se rendre à Rabat fin octobre.