En 2024, Gaza est devenue la région la plus dangereuse au monde pour les journalistes, « où le journalisme lui-même est menacé de disparition », déplore Reporters sans frontières dans son dernier rapport annuel. Passer le micro Informations midiVendredi, le directeur général de l’ONG qui milite pour la défense de la liberté de la presse dans le monde a tiré la sonnette d’alarme.
On voit des pratiques de l’armée israélienne qui consistent à cibler les journalistes
déplore Thibaut Bruttin.
On est vraiment entré dans une logique de propagande où le but est de liquider les journalistes pour qu’on ne sache pas ce qui se passe dans ce conflit.
ajoute-t-il.
Dans son rapport 2024, Reporters sans frontières évalue à 54 le nombre de journalistes tués cette année dans l’exercice ou à cause de leur fonction.
Les recensements de RSF n’inclure que les journalistes dont la mort ou l’emprisonnement a été constaté par l’organisme. Il est donc possible que ce chiffre soit en réalité plus élevé.
Parmi eux, 18 ont été tués par les forces armées israéliennes, selon le rapport de RSF publié le 1er décembre. Ce chiffre n’inclut donc pas notamment le journaliste de la chaîne qatarie Al Jazeera, Ahmed Al-Louh, tué le 1er décembre. Le 15 décembre lors d’une frappe qui a visé le camp de réfugiés de Nousseirat, au centre du territoire assiégé. Il n’inclut pas non plus les cinq journalistes tués jeudi dernier lors d’une frappe dans le même camp.
À la suite de cette frappe, l’armée israélienne a nié avoir pris pour cible des journalistes, affirmant au contraire avoir ciblé des « terroristes » du Jihad islamique, un groupe militant allié du Hamas, dont l’attaque du 7 octobre 2023 dans le sud d’Israël a déclenché la guerre.
Depuis cette date, plus de 155 journalistes ont été tués par l’armée israélienne à Gaza et au Liban
précise le rapport de RSF, qui mentionne un massacre sans précédent
.
La chaîne Al-Quds Today a annoncé jeudi la mort de cinq de ses journalistes, tués par une frappe israélienne dans le camp de réfugiés de Nusseirat, au cœur de la bande de Gaza.
Photo : Reuters / Ramadan Abed
Après la bande de Gaza, le Pakistan arrive au deuxième rang des pays les plus dangereux pour les journalistes, où sept décès ont été recensés en 2024. Il est talonné de près par le Bangladesh, secoué cet été par des manifestations violemment réprimées qui ont causé la mort de cinq journalistes. Le même nombre de professionnels des médias tués dans l’exercice de leurs fonctions a été enregistré au Mexique, où les cartels font fréquemment taire les critiques par le biais d’assassinats.
Selon le patron de RSF, Thibaut Bruttin, les conflits sont de plus en plus « meurtriers pour les journalistes ».
Ces dernières années, la proportion est passée à un tiers des journalistes tués. Ils ont généralement été tués par des trafiquants de drogue et par le crime organisé, mais [cette année]pour près de 60 % d’entre eux, ils ont été tués dans le cadre de conflits.
En 2024, cette proportion a effectivement atteint un sommet, à 57,4%, alors qu’elle était au plus bas, à 19,6%, en 2020, indique le rapport.
Les emprisonnements en hausse
RSF constate également une augmentation de 7% du nombre de journalistes emprisonnés depuis l’année dernière, un phénomène qui ne ralentit pas, selon M. Bruttin.
Le régime répressif, qui constitue la norme dans de nombreux pays, s’étend. Il y a des pays comme la Chine où l’on constate une pratique qui est claire : c’est celle d’incarcérer toutes les personnes qui dérangent, et les journalistes en font partie.
il maintient.
Sur les 550 journalistes actuellement détenus dans le monde en raison de leur travail, 124 sont incarcérés en Chine, selon l’organisation.
RSF rapporte également que plusieurs journalistes pris en otage, principalement en Syrie, sont toujours portés disparus.