Un premier restaurant sénégalais à Sherbrooke

Un premier restaurant sénégalais à Sherbrooke
Un premier restaurant sénégalais à Sherbrooke

Depuis plusieurs années maintenant, elle lorgnait sur le coin des rues Sara et Belvédère Sud, imaginant que ce serait l’endroit idéal pour réaliser son rêve. Lorsque l’espace fut libéré de ses derniers locataires, Rokhaya Cissé en profita pour installer La Sénégalaise, son tout premier restaurant.

Dès la porte franchie, une odeur d’épices emplit l’air et Rokhaya, Kya de son surnom qui personnifie son entreprise, teinte de sa couleur le lieu conçu pour accueillir une trentaine de personnes.

Centres de table scintillants, boules disco au plafond et couleurs vives, tout est là pour refléter sa personnalité tout aussi pétillante.

Rokhaya Cissé est titulaire d’un baccalauréat en marketing et communication. Arrivée au Québec en 2016, elle vit à Sherbrooke depuis huit ans. D’abord employée d’une garderie, elle se fait connaître comme traiteur pour des festivals, mariages et activités interculturelles. Depuis le 4 décembre, elle exploite La Sénégalaise, avec l’aide de deux salariés.

Dans son pays d’origine, le Sénégal, le partage des repas fait partie intégrante de la culture. « J’ai toujours eu une passion pour la cuisine. Le Sénégal est le pays de l’hospitalité. Dans chaque maison où vous allez, vous mangez. Nous avons donc commencé à cuisiner dès notre plus jeune âge et j’ai gardé cet amour de donner à manger, d’offrir aux gens.

Le restaurant La Sénégalaise, situé à Sherbrooke, propose une cuisine traditionnelle africaine aux influences multiculturelles. (Ariane Aubert Bonn/La Tribune)

La cuisine sénégalaise est selon elle particulièrement multiculturelle. « C’est vaste. C’est de la cuisine africaine basique, mais elle copie un peu la cuisine française. On a aussi des influences du Mali, de l’Espagne, du Maroc… Chez nous, le plat principal est Thiébou Dieunequi est un riz au poisson. Il est reconnu par l’UNESCO.

Ce qui fait la signature toute particulière de sa culture, ce sont les épices. Selon elle, il est difficile de tous les trouver localement. «Il y a des épices qu’il faut apporter […] C’est épicé, mais pas épicé. J’ai des piments très forts, mais je les mets de côté », précise-t-elle, pour que ses plats soient accessibles à tous. Pour cette même raison, ses viandes sont également halal.

Elle concocte des jus maison à base d’hibiscus, de bouye (fruit du baobab), de gingembre et de tamarin.

« Le secret d’un restaurant, c’est la cohérence. Je cuisine moi-même pour enseigner aux filles avec qui je suis, afin qu’elles puissent cuisiner quelque chose qui a le même goût. Je n’ai pas de recette écrite. J’y vais à l’aveugle», affirme le restaurateur qui honore ainsi la tradition de transmission orale des spécialités culinaires.

Sa cuisine multiculturelle reflète son quartier, Ascot, note-t-elle. C’est pourquoi elle l’a choisi pour ouvrir son restaurant, niché entre un lycée et un quartier résidentiel regroupant une population de tous horizons. “C’est vraiment là que se trouve ma clientèle.”

Divers clients

C’est toujours un plaisir de voir les étudiants entrer, souligne Rokhaya Cissé. « Ils sont curieux de voir la carte, ils posent des questions », raconte-t-elle, précisant qu’elle leur réserve une réduction. Mais ils ne sont pas les seuls à s’intéresser à son nouveau restaurant.

« Il y a beaucoup de Québécois qui sont allés au Sénégal ou en Afrique et ils sont heureux que ce soit là. Nous sommes aussi une forte communauté sénégalaise à Sherbrooke, ils viennent beaucoup [au restaurant] et d’autres Africains aussi. Tout le monde aime le riz.

Comme ses services s’étendent au-delà des murs de son activité, elle touche également ceux qui fréquentent moins les restaurants grâce à sa présence lors de festivals et d’événements.

Rokhaya Cissé a choisi un quartier multiculturel, Ascot, à l’image de sa cuisine aux influences multiples. (Ariane Aubert Bonn/La Tribune)

Accompagnement familial et entrepreneurial

La famille de Rokhaya Cissé soutient son projet depuis le début. Mère de six enfants âgés de neuf mois à neuf ans, elle affirme n’avoir jamais eu à demander leur accord. « Mon mari me soutient tout au long du projet. Et j’ai une fille qui m’a encouragé quand j’étais encore au stade du rêve, qui m’a dit que nous trouverions notre restaurant et qu’elle voulait travailler avec moi. Mes enfants sont très jeunes, mais ils s’intéressent beaucoup à la cuisine. Toute ma famille me soutient dans le projet.

“Elle ajoute que pendant leur temps libre, les enfants aiment s’impliquer, en mettant des étiquettes et des petits liens sur les emballages.”

Entreprendre Sherbrooke l’accompagne également dans le démarrage de son restaurant. « Quand j’ai rencontré Entreprendre Sherbrooke, j’ai vu que ça allait prendre forme. Nous avons tout au même endroit : une personne qui parle de réglementation, une qui parle de permis, une autre qui parle de ressources dont vous pouvez disposer, une qui vous parle de contacts… et elle vous accompagne sur le chemin du financement si nécessaire.

 
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