mouetteC’est un discours innovant sur la forme. Cela rend son message plus concret
Innovant dans la forme, mais plutôt traditionnel dans le fond. Conflits mondiaux, jeunesse, responsabilités, empathie, avancer ensemble, climat : « on retrouve les thèmes habituels et chers au roi Philippe » analyse l’historien.
La « marque » Philippe est également toujours très présente : « Il évoque des difficultés, des défis. Ils sont ensuite immédiatement suivis de la mise en évidence des réalisations positives ou des solutions possibles.
Un roi engagé auprès de la jeunesse… et des enjeux internationaux
Pourquoi une place si importante pour les enfants et les jeunes dans son discours ? « La jeunesse est une préoccupation profonde et récurrente dans les discours de Philippe, souligne Vincent Dujardin. « Au cours de l’année, il mène de nombreuses initiatives, des visites de terrain, pour encourager les plus jeunes, comme les projets qu’il soutient en faveur de l’alternance, mais aussi des jeunes plus précaires.
mouetteLa jeunesse est une préoccupation profonde et récurrente dans les discours de Philippe
Notre souverain regarde aussi la géopolitique mondiale avec un œil attentif et une voix plutôt engagée ! «Ses propos me font penser au discours qu’il a prononcé sur l’Ukraine, lorsqu’il est allé rendre visite aux troupes belges opérant dans le cadre de l’OTAN. De même lors de son voyage au Congo en 2022. Il avait dénoncé les abus dont sont victimes les enfants, et notamment les jeunes filles. Il avait aussi des propos très forts», compare le professeur de l’UCLouvain.
Formation gouvernementale en arrière-plan
Le roi laisse très peu de place à l’actualité politique dans son discours. Vincent Dujardin se souvient : « A Noël, Philippe s’adresse à la nation belge, derrière le petit écran, dans le cadre des fêtes de famille. Il s’agit donc par nature d’un discours moins politique, sauf lorsque les circonstances l’imposent, comme lors de la crise politique de 2007.»
Pour l’expert de la monarchie belge, il ne serait pas de bon ton que le roi use désormais de son droit pour avertir la classe politique, alors que le processus de formation du gouvernement fédéral s’accompagne de signes plutôt positifs. “D’autant que dans un mois, il aura l’occasion, devant les autorités du pays, de s’exprimer plus longuement sur le sujet si nécessaire.”
Un discours 25% plus court que celui de son père
Ce discours de Noël est également relativement court. Une habitude sous son règne. « Ses discours sont en moyenne 25 % plus courts que ceux de son père, et 30 % plus courts que ceux du roi Baudouin. Il veut aller « à l’essentiel », une différence par rapport à ses prédécesseurs. A l’ère du zapping, mieux vaut avoir un format qui permet d’avoir un message plus efficace, s’il n’est pas trop long”, analyse enfin Vincent Dujardin.
mouetteSes discours sont en moyenne 25% plus courts que ceux de son père, et 30% plus courts que ceux du roi Baudouin.
Le discours royal dans son intégralité
Il y a quelques semaines, des élèves de première secondaire de l’école Sancta Maria de Louvain m’ont envoyé une lettre, accompagnée d’une vidéo poignante.
Confrontés chaque jour aux images d’enfants victimes des violences de guerre, ils expriment leur incompréhension face à ces drames.
Leur message contient des questions profondes. Certaines s’adressent directement à moi, en tant que Roi et en tant que père.
L’approche de ces étudiants est à la fois bouleversante et pleine d’espoir. Ils se mettent à la place des autres enfants, qui vivent loin d’eux, dans un monde où les rêves se brisent avant même d’avoir éclos.
Leurs questions me touchent profondément. Je comprends leur désarroi, leur sentiment d’impuissance.
Que pouvons-nous, que devons-nous, nous adultes, leur dire ?
Leur appel nous met devant nos responsabilités. Leur empathie doit réveiller nos consciences parfois endormies. Ne restons pas indifférents devant tant de violations du droit international.
Ces jeunes nous demandent de leur donner des raisons d’espérer.
Ces raisons d’espérer existent. Toujours. L’espoir n’est pas l’attente passive d’un avenir meilleur. C’est un engagement à construire, à avancer ensemble vers un monde plus juste, plus respectueux, où chaque enfant est accueilli comme la plus précieuse des promesses.
Un monde sans guerres ni souffrances est bien sûr illusoire. Mais cela ne doit pas nous empêcher de continuer à y travailler. Cela implique pour les chefs d’État et les autorités politiques un engagement constant à sauvegarder un ordre mondial fondé sur le droit international, en faveur de la paix et pour la protection de tous, à commencer par les plus vulnérables, les enfants.
Chacun de nous est appelé à contribuer à un monde plus équitable, où n’existe pas la domination du plus fort, mais le respect des droits et de la dignité de chacun.
Aidons les jeunes à envisager l’avenir avec confiance. Les défis de notre époque – bouleversements géopolitiques, changement climatique, économie fragile, révolution technologique – peuvent sembler insurmontables. Mais c’est à nous d’écrire ensemble notre avenir, en nous concentrant sur ce qui nous unit et ce qui fait la force de notre pays.
De nombreux acteurs de la société civile nous donnent l’exemple. En travaillant sans relâche pour le dialogue entre les communautés, la cohésion sociale, la santé, l’éducation et la justice.
En cette fin d’année, la Reine et moi souhaitons les remercier et les encourager à poursuivre sur cette voie.
Mesdames et Messieurs,
L’année à venir devrait enfin voir tous nos gouvernements à l’œuvre.
Nous comptons sur eux pour que notre pays, ses institutions, ses entreprises et ses citoyens puissent envisager l’avenir avec confiance.
Que cette période de Noël et du Nouvel An soit une source d’inspiration, de renouveau et d’espoir pour chacun de nous.
Avec la Reine et toute notre famille, je vous souhaite un Joyeux Noël et une Bonne Année.